Le rôle du maillage bocager sur la ressource en eau et les sols en Bretagne

Au regard du climat ou de la géologie, le bocage intervient comme un élément régulateur qui contribue à lutter contre les accidents climatiques et les pollutions.
La végétation est l’un des facteurs clefs contrôlant le cycle de l’eau. Les plantes contribuent à l’évapotranspiration qui restitue à l’atmosphère de l’eau à l’état gazeux par le biais de l’évaporation au niveau du sol et par celui de la transpiration des plantes. L’activité biologique étant plus intense du printemps à l’automne, l’évapotranspiration s’en trouve logiquement renforcée à cette période.
Les sols végétalisés agissent comme une surface rugueuse qui ralentit l’écoulement de l’eau. Les racines favorisent son infiltration et guident son cheminement à l’intérieur du sol, ce qui diminue le ruissellement en surface et donc l’érosion des sols.
Répartition de l’eau
Lors d’épisodes pluvieux intenses, le réseau bocager contribue à répartir le trop plein d’eau dès l’amont et évite ainsi que l’eau se concentre en aval. En Bretagne, on constate que le bocage est surtout efficace pour atténuer l’impact hydrologique des petites crues, les plus fréquentes. Son rôle reste cependant minime, voire négligeable pour des crues importantes.
En jouant sur la répartition de l’eau au sein du bassin versant, le bocage aide à recharger les nappes d’eau souterraines et à alimenter la ressource en eau. Il contribue au bon fonctionnement des zones humides, favorisant ainsi la biodiversité qui leur est associée. Enfin, il influe sur la répartition des alluvions lors des crues, alluvions qui fertilisent naturellement les sols.

© Pogona 22 | Zone humide inondée pendant une crue
Conservation et qualité des sols
La présence de haies ou de murets bocagers joue sur la qualité des sols au sein des paysages. En amont et sous la haie, les sols sont plus épais et plus riches en matière organique. Les haies sont comme des obstacles retenant les particules de sols emportées par l’eau de pluie qui ruisselle. Elles atténuent l’érosion qui est un phénomène naturel et qui fait perdre au sol de manière irréversible sa fertilité.
Des pompes à éléments nutritifs
Le bocage est aussi une puissante source d’évapotranspiration. Telles des pompes, les haies consomment l’eau des nappes souterraines. Ce faisant, elles prélèvent des éléments nutritifs (azote, phosphore) pour satisfaire aux besoins des végétaux et microorganismes qui y vivent. Par ce mécanisme, en Bretagne, le bocage vient réduire le transfert vers les rivières de ces éléments nutritifs, issus de la fertilisation minérale et organique des sols cultivés. En baissant la teneur en nitrates dans l’eau, le maillage bocager contribue à l’échelle du bassin versant à améliorer la qualité de l’eau en surface et dans le sous-sol. À ce titre, c’est un élément important de la reconquête de la qualité de l’eau en Bretagne.

© Agrocampus Ouest | La matière organique du sol est reconnaissable à sa couleur sombre
Le bocage est un élément important de la reconquête de la qualité de l'eau en Bretagne.
Bocage et changement climatique
Les haies bocagères interviennent à double titre dans le contexte de changement du climat. Elles stockent du carbone dans la matière organique du sol et par le biais de la croissance des arbres. De plus, les arbres des haies mais également les arbres épars au sein des parcelles contribuent à réduire l’effet îlot de chaleur dont on entend souvent parler en milieu urbain, mais qui existe aussi en milieu rural.