Données : BRGM, AELB, AFB, Dreal Bretagne, base de données Eider
Pour répondre à leurs besoins, les Bretons et les Bretonnes prélèvent 3 % de la ressource en eau disponible dans les milieux naturels de leur territoire. Ils doivent composer avec une ressource qui fluctue parfois grandement au fil des saisons ou d’une année sur l’autre.
Quelle quantité d'eau reçoit le territoire breton chaque année ?
Il tombe chaque année en moyenne 26 milliards de mètres cubes d’eau sur le territoire breton. Mais plus de la moitié se transforme rapidement en vapeur d’eau, par évaporation depuis le sol et les surfaces liquides, ou par la transpiration des végétaux. Combinés, ces phénomènes constituent l’évapotranspiration. Réduite en hiver, elle est plus intense en été car il fait plus chaud, les plantes poussent et l’activité biologique des sols ainsi que le couvert végétal sont à leur maximum.
On parle ici "d'eau brute" c'est-à-dire telles qu'elles se présentent dans le milieu naturel avant d'avoir été traitée en vue d'un usage.
Qu'appelle-t-on "pluie efficace" ?
Ce sont des pluies qui alimentent les cours d’eau et rechargent les nappes souterraines après évapotranspiration. Elles s’élèvent à près de 10 milliards de mètres cubes d’eau par an. Nous en prélevons 3 % pour répondre à nos besoins en eau potable (l’usage le plus important) et pour les activités industrielles et agricoles.
« Plus de la moitié des pluies se transforme rapidement en vapeur d’eau et ne reste pas au sol » (Franck Baraer, météorologue à Météo France)
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Où trouve-t-on le plus de pluies efficaces ?
Les précipitations et l’intensité de l’évapotranspiration varient sur le territoire breton et en fonction des saisons. Ces phénomènes dépendent du relief, de l’épaisseur des sols et de la nature de la végétation. Si bien que la pluviométrie efficace moyenne est plus importante à l’ouest de la Bretagne et à l’intérieur des terres, que sur le bassin rennais.
Que devient l'eau de pluie, une fois arrivée sur le sol ?
Depuis la bruine légère et continue jusqu’à l’orage violent et ponctuel, en passant par la grêle et même la neige, les précipitations en Bretagne sont très variées. Si certaines précipitations sont plus que d’autres associées à des saisons (comme la neige en hiver), il n’en reste pas moins que les différents types alternent le plus souvent de manière rapprochée, en raison de la forte variabilité du climat breton.
L’eau arrivée sur le sol se répartit en trois catégories : celle qui ruisselle en surface pour alimenter les cours d’eau et les plans d’eau (on parle de ruissellement), celle stockée dans le sol et disponible pour les plantes appelée pour cette raison la réserve en eau utile du sol (utile pour les plantes), et enfin celle qui s’infiltre plus profondément dans le sous-sol (on parle d’infiltration).
Le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) a évalué qu’en Bretagne entre 10 et 40 % de l’eau de pluie s’infiltre dans des nappes souterraines. Alors que l’eau superficielle circule rapidement pour rejoindre la mer en quelques heures, il faut parfois de 10 à 30 ans pour que l’eau d’une nappe souterraine se renouvelle.
Pourquoi la période hivernale est-elle cruciale en Bretagne ?
La ressource en eau varie de manière cyclique au fil des saisons, sans que cette variation soit aussi marquée que sous un climat continental. La répartition inégale des pluies efficaces sur le territoire breton et leurs fluctuations saisonnières jouent sur la distribution de cette ressource et sa capacité à répondre aux besoins - par exemple en eau potable - aux moments où ils sont les plus forts. Le plus souvent, la période d’octobre à mars permet de recharger les nappes souterraines, les rivières et les retenues d’eau. À ce moment de l’année, l’évapotranspiration est moindre car la végétation fonctionne au ralenti.
La capacité du sous-sol breton à absorber les précipitations est assez variable. Elle est par exemple assez faible, localement, quand se conjuguent une nappe souterraine affleurant au niveau du sol et une formation géologique transférant très lentement l’eau infiltrée. Il y a donc un lien fort entre la pluviométrie et les débits des rivières qui explique l’apparition récurrente d’inondations en hiver, lorsque se succèdent des précipitations sur des sols et un sous-sol déjà gorgés d’eau. Au contraire, en été, l’évapotranspiration est à son niveau maximum et les prélèvements d’eau sont plus importants (irrigation, demande plus importante en eau potable). Lorsque les précipitations se font plus rares, les débits des cours d’eau baissent (on atteint alors l’étiage, c’est-à-dire leur plus bas niveau), tout comme la réserve utile en eau des sols. Les nappes d’eau souterraine et les zones humides deviennent alors les principales ressources pour alimenter les rivières.
La ressource en eau ne se contente pas de varier au cours des mois ; elle change aussi d’une année sur l’autre. « Certaines années, le volume d’eau écoulé qui atteint la mer passe du simple au double ou se réduit de moitié par rapport à la moyenne interannuelle. » (Franck Baraer, météorologue à Météo France)
Quelle est la capacité d'infiltration de l'eau de pluie dans le sous-sol breton ?
Pour caractériser la capacité du sous-sol à laisser l’eau s’infiltrer en profondeur, le BRGM utilise l’indice de développement et de persistance des réseaux, initialement créé pour évaluer la vulnérabilité des nappes aux pollutions diffuses. À l’échelle de la France, la Bretagne apparaît comme une région où cette capacité d’infiltration est très contrastée même si elle peut atteindre localement des niveaux élevés.
Que retenir ?
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Plus de la moitié de l’eau de pluie qui tombe chaque année sur le territoire breton retourne à l’atmosphère du fait de l’évaporation ou de la transpiration végétale.
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Finalement, la Bretagne reçoit près de 10 milliards de mètres cubes d’eau par an (pluies efficaces) et en prélève 3 % pour les besoins en eau potable et ses activités économiques.
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Globalement, en raison du relief, de l’épaisseur des sols et de la nature de la végétation dans la région, il y a plus de pluies efficaces à l’ouest et à l’intérieur des terres que sur le bassin rennais.
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Le plus souvent en Bretagne, la période d’octobre à mars permet de recharger les nappes souterraines, les rivières et les retenues d’eau.
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10 à 40 % de l’eau de pluie s’infiltre dans des nappes souterraines, le reste ruisselle en surface ou est stocké dans les sols (réserve en eau utile du sol).
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Cette variabilité de la capacité d’infiltration de l’eau dans le sous-sol de la région explique le lien fort entre la pluviométrie et le débit des rivières. Lui-même se traduit dans les cas extrêmes par des inondations ou encore de très bas débits d’eau en période de sécheresse.