On vous explique

Quels sont les bénéfices du bocage pour l'environnement en Bretagne ?

Par Emmanuèle Savelli (OEB)
en collaboration avec Valérie Viaud et Jacques Baudry (Inra Rennes)
Mise à jour : 11 décembre 2023
Temps de lecture : 3 minute(s)
Niveau de lecture
2
paysages
eau
sol et sous-sol
Sommaire de l'article
Photo Paysage bocager près de Rosnoën

Haies, murets et maillage bocager interviennent comme des éléments de paysage qui contribuent à répartir la ressource en eau, améliorer sa qualité, mais aussi celle des sols, stocker du carbone et réduire l'effet îlot de chaleur lors de fortes températures.

Pourquoi la végétation est un facteur clef qui contrôle le cycle de l'eau ?

Les plantes contribuent à l’évapotranspiration qui restitue à l’atmosphère de l’eau à l’état gazeux par le biais de l’évaporation au niveau du sol et par celui de la transpiration des plantes. L’activité biologique étant plus intense du printemps à l’automne, l’évapotranspiration s’en trouve logiquement renforcée à cette période. Les sols végétalisés agissent comme une surface rugueuse qui ralentit l’écoulement de l’eau. Les racines favorisent aussi l'infiltration de l'eau et guident son cheminement à l’intérieur du sol, ce qui diminue le ruissellement en surface et donc l’érosion des sols.

Comment le réseau bocager aide-t-il à redistribuer l'eau de pluie dans le bassin versant ?

Lors d’épisodes pluvieux intenses, le réseau bocager contribue à répartir le trop plein d’eau dès l’amont et évite ainsi que l’eau se concentre en aval. En Bretagne, on constate que le bocage est surtout efficace pour atténuer l’impact hydrologique des petites crues, les plus fréquentes. Son rôle reste cependant minime, voire négligeable pour des crues importantes. En jouant sur la répartition de l’eau au sein du bassin versant, le bocage aide à recharger les nappes d’eau souterraines et à alimenter la ressource en eau. Il contribue au bon fonctionnement des zones humides, favorisant ainsi la biodiversité qui leur est associée. Enfin, il influe sur la répartition des alluvions lors des crues, alluvions qui fertilisent naturellement les sols.

 

photo de zone humide inondée

Crédit photo : Pogona 22 | Zone humide inondée pendant une crue

Pourquoi les sols sont-ils plus épais et riches en matière organique à proximité des haies ?

La présence de haies ou de murets bocagers joue sur la qualité des sols au sein des paysages. En amont et sous la haie, les sols sont plus épais et plus riches en matière organique. Les haies sont comme des obstacles retenant les particules de sols emportées par l’eau de pluie qui ruisselle. Elles atténuent l’érosion qui est un phénomène naturel et qui fait perdre au sol de manière irréversible sa fertilité.

photo de profil de sol

Crédit photo : Agrocampus Ouest | La matière organique du sol est reconnaissable à sa couleur sombre

Pourquoi les haies bocagères contribuent-elles à améliorer la qualité de l'eau ?

Le bocage est aussi une puissante source d’évapotranspiration. Telles des pompes, les haies consomment l’eau des nappes souterraines. Ce faisant, elles prélèvent des éléments nutritifs (azote, phosphore) pour satisfaire aux besoins des végétaux et microorganismes qui y vivent. Par ce mécanisme, en Bretagne, le bocage vient réduire le transfert vers les rivières de ces éléments nutritifs, issus de la fertilisation minérale et organique des sols cultivés. En baissant la teneur en nitrates dans l’eau, le maillage bocager contribue à l’échelle du bassin versant à améliorer la qualité de l’eau en surface et dans le sous-sol. À ce titre, c’est un élément important de la reconquête de la qualité de l’eau en Bretagne.

Pourquoi les haies contribuent-elles à lutter contre le réchauffement du climat ?

Les haies bocagères interviennent à double titre dans le contexte de changement du climat. Elles stockent du carbone dans la matière organique du sol et par le biais de la croissance des arbres. De plus, les arbres des haies mais également les arbres épars au sein des parcelles contribuent à réduire l’effet îlot de chaleur dont on entend souvent parler en milieu urbain, mais qui existe aussi en milieu rural.

 

Que retenir ?

  • Les haies participent au cycle de l’eau en restituant de l’eau gazeuse à l’atmosphère (mécanisme d’évapotranspiration des végétaux) et en facilitant l’infiltration de l’eau dans le sol.

  • Non seulement, elles limitent l'érosion des sols mais, en plus, elles améliorent leur qualité (plus grandes épaisseurs et teneurs en matière organique).

  • Elles contribuent à lutter contre le réchauffement climatique en stockant du carbone (dans le sol et les végétaux) et en réduisant l’effet îlot de chaleur, en milieu rural, lors de fortes températures.

  • En filtrant une partie de l’azote et du phosphore pour répondre aux besoins nutritifs pour les végétaux et les micro-organismes du sol, elles aident ainsi à améliorer la qualité de l’eau.

  • Grâce à son maillage de haies ou de murets, le bocage contribue à recharger les nappes souterraines et à atténuer les effets des petites crues.

photo Emmanuele Savelli
Emmanuèle Savelli
Cheffe du pôle Communication
Pôle communication
02 99 35 45 83
photo Timothee
Timothée Besse
Chef de projet Eau
Pôle nature & paysages
02 99 35 96 97

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