Dernière mise à jour le : 27 juin 2022

142 sites bretons touchés au moins une fois par des proliférations d'algues vertes depuis 2002

Depuis leurs premières manifestations sporadiques dans les années 1960, les marées vertes sont devenues des invitées estivales indésirables dans plusieurs baies bretonnes. Chaque année, elles reviennent. La question est de savoir où et en quelles quantités ?

Historique des marées vertes en Bretagne

Les marées vertes sont des proliférations massives d’algues vertes touchant certaines portions du littoral. Ce phénomène a été décrit pour la première fois en 1911 dans l’anse de Belfast [1]. Aujourd’hui, des dizaines de sites sont concernés dans le monde. Il est apparu en Bretagne, dans les années 1960. D’abord restreintes à quelques lieux en Côtes-d’Armor, ces proliférations se sont peu à peu amplifiées et multipliées. Elles sont devenues plus intenses et plus longues, gagnant une part croissante du littoral breton. Selon les années, entre 75 et 115 sites sont touchés, et 40 à 50 communes ramassent des algues échouées. Sur les 10 dernières années, le volume total ramassé est en moyenne de 50 000 m3 [2].

[1] Bilan des connaissances scientifiques sur les causes de prolifération de macroalgues vertes. Application à la situation de la Bretagne et propositions. (2012) CGEDD/CGAAER

[2] Source : le Centre d’étude et de valorisation des algues

 

Des échouages sur des sites sableux et sur des vasières

En Bretagne, c’est le Centre d’étude et de valorisation des algues (Ceva) qui surveille les proliférations d’algues vertes. Depuis 2002, il a recensé 142 sites côtiers touchés au moins une fois par une marée verte, pour deux-tiers des sites sableux (baies et plages sableuses) et pour un-tiers des vasières. Pour suivre l’intensité des marées vertes, le Ceva mesure la surface couverte par les algues échouées sur le littoral.

Les échouages sur sites sableux se concentrent plutôt au nord de la région. La surface moyenne d’algues échouées fluctue fortement selon les années.

 

infographie algues vertes 1

 

Les vasières touchées au moins une fois par une marée verte sont davantage réparties sur l’ensemble du littoral breton. Les mesures des surfaces maximales d’algues échouées depuis 2008 semblent indiquer une hausse mais sans tendance marquée.

 

Aller plus loin : Surfaces couvertes par les ulves

Consulter la carte du Ceva des surfaces couvertes par les ulves cumulées lors des 3 inventaires de surveillance de la saison 2020.
 

Cliquez sur la carte pour l'agrandir et accéder à la ressource.

cartes des surfaces couvertes par les algues vertes en 2020

 

 

infographie algues vertes 2

 

8 baies concentrent 86 % des algues échouées

Il n’y a pas des marées vertes partout, en Bretagne, mais le phénomène est récurrent dans certaines baies. Huit d’entre elles concentrent 86 % de l’ensemble des échouages régionaux [3]. Ces baies bénéficient aujourd’hui du plan de lutte contre les proliférations d’algues vertes en Bretagne. Les baies de Saint-Michel-en-Grève et de Saint-Brieuc sont les plus anciennement touchées. Cette dernière, très vaste, cumule également les plus grandes surfaces d’algues échouées.

[3] En considérant l’ensemble des surfaces sur plage sur 2007 – 2020

 

Aller plus loin : fouiller les données sur les échouages d’ulves sur le littoral breton

Découvrez la datavisualisation interactive "Échouages d'algues vertes sur le littoral breton : analyse de l'évolution annuelle depuis 2002". Elle propose une analyse détaillée par site sableux et par vasière.

 

Cliquez sur l'image ci-dessous pour accéder à la datavisualisation.

Datavisualisation algues vertes

 

 

 

Les proliférations suivent le cycle des saisons...

Les algues qui prolifèrent sont opportunistes et annuelles. Elles naissent de la réponse du milieu marin vivant à un apport élevé d’azote qui est un des éléments nutritifs nécessaires à leur développement (avec le phosphore, le potassium et le carbone, déjà présents dans les eaux littorales). Cet azote est déversé en mer principalement par l’intermédiaire des fleuves. Il agit comme une « pollution chimique chronique ».

À partir d’avril-mai avec l’augmentation de l’éclairement dans les eaux littorales et la présence de ces éléments nutritifs, la photosynthèse permet la production de biomasse (matière végétale), en particulier pour les algues vertes, très photophiles [5]. En quelques mois, dans des sites naturellement confinés, cette biomasse devient si importante qu’elle se dépose en « marées vertes » sur la côte, avec un pic d’échouages en moyenne en juin-juillet.

Le phénomène perdure jusqu’en milieu d’automne, puis régresse en hiver en raison de la baisse de l’éclairement, de la dispersion et de la fragmentation des algues lors des tempêtes.

 

... et elles ont une « mémoire »

Bien qu’une grande partie des algues vertes disparaisse en hiver, il reste un reliquat, plus ou moins important, qui agit comme une « mémoire » des marées vertes de l’année précédente. Ce stock résiduel influence la précocité du retour du phénomène dès que les conditions du milieu marin redeviennent favorables à la production de biomasse. Le reliquat hivernal d’algues est plus important si les proliférations ont été soutenues en fin de saison et s’il y a peu de tempêtes hivernales.

[5] Photophile : organisme vivant qui exige ou supporte un éclairement important.

 

Mieux comprendre

 

 

Auteurs : Emmanuèle Savelli (OEB)
Collaborateurs : Sylvain Ballu (Ceva), Alain Ménesguen (Ifremer)
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Le développement et l’échouage de quantités importantes de macro-algues sur le littoral dépendent de plusieurs facteurs qui doivent être simultanément réunis pour que le phénomène advienne. De façon globale et qualitative, on peut distinguer 1/ les facteurs chimiques (apport d’éléments nutritifs – azote, phosphore – par les eaux continentales), 2/les facteurs physiques (température, ensoleillement et faible turbidité, un confinement hydrodynamique des eaux (faible dilution des nutriments et confinement des algues dans la zone favorable à leur croissance), 3/la présence de type biologique répondant à ces conditions de croissances en particulier « Ulva armoricana » et « Ulva rotundata ».

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