Le phosphore présent dans les cours d'eau bretons vient essentiellement des activités humaines (agriculture, eaux usées et industrie). Si ces activités ont réduit leurs rejets depuis les années 2000, seulement 46 % des stations de mesure sont en bon état vis-à-vis de la concentration en phosphore.
Le phosphore est présent à l'état naturel dans les roches, le sol, les déjections d'origine animale et les matières végétales. Mais l’essentiel du phosphore que l’on trouve dans les eaux superficielles ou souterraines vient des activités humaines. Il est utilisé comme engrais chimique sous forme de phosphate, dans l'alimentation animale, dans les détergents domestiques et dans l'industrie chimique. En Bretagne, les eaux usées urbaines mais surtout l'agriculture sont les principales sources de phosphore.
Dans les milieux naturels, le phosphore prend différentes formes. Il peut être lié à des particules minérales ou organiques, être incorporé dans les organismes vivants, être dissous dans l’eau (les phosphates sont solubles dans l’eau). Seuls les ions phosphates et orthophosphates sont assimilables par les plantes.
Comment le phosphore arrive-t-il dans l’eau ?
Le phosphore d’origine humaine atteint l'eau de deux manières. Dans le cas des eaux usées urbaines, il est rejeté directement dans les cours d’eau après traitement des eaux par les systèmes d’assainissement collectifs et non-collectifs. Dans le cas des activités agricoles, le phosphore est apporté indirectement par le biais des sols suite à l'épandage de déjections animales, de boues résiduaires des stations d'épuration ou d’engrais phosphatés sur les cultures. En l’absence de gestion raisonnée de ces amendements, le phosphore peut s’accumuler dans le sol et dépasser les besoins des plantes. Le ruissellement de l’eau et l’érosion des sols transfèrent alors le phosphore vers les eaux. Ce transfert est d’autant plus important pour les sols sensibles à l’érosion et à la battance. L’intensité de ces phénomènes dépend de la richesse en matière organique et de la texture des sols, mais aussi des pratiques agricoles (couverture des sols en hiver) et de l’occupation des sols (présence ou non de prairies, bocage).
On l’a vu, le phosphore s’accumule dans les sols en Bretagne mais aussi dans les sédiments des cours d’eau, des retenues d’eau et des estuaires qui jouent un rôle de stockage (puits) et de relargage (source) en fonction du brassage de l'eau, des variations du pH et de la teneur en oxygène des eaux. Le phosphore est ainsi transféré par « bonds » successifs jusqu'aux estuaires où il s'accumule.
Des proliférations d’algues
Sous les formes habituellement rencontrées dans l'environnement, le phosphore n'est pas toxique. En fait, c'est sa présence excessive qui entraîne des effets néfastes sur l'environnement et indirectement sur l'homme. De fortes concentrations dans l’eau s’accompagnent d’un déséquilibre des milieux aquatiques continentaux et littoraux (phénomène d’eutrophisation) et de proliférations d’algues microscopiques ou non (cyanobactéries, algues vertes, phytoplancton toxique).
Accéder aux données
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Tableau de bord sur l'évolution depuis 1995 des mesures de concentrations en matières phosphorées réalisées dans les cours d'eau en Bretagne. Une analyse est proposée aux différentes échelles administratives et géographiques, sur l'historique des données disponibles.
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Jeu de données présentant la concentration du phosphore total et la concentration des orthophosphates, mesurées dans les cours d'eau bretons (exprimées en percentile 90).