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Où trouve-t-on des espèces de phytoplancton toxique en Bretagne ?

Par Emilie Novince (OEB)
en collaboration avec Nadine Neaud-Masson (Ifremer)
Mise à jour : 04 janvier 2022
Temps de lecture : 3 minute(s)
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santé-environnement
mer et littoral
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Phytoplancton toxique

Alors qu’il y a environ 5 000 espèces d’algues microscopiques en mer, une quarantaine sont toxiques pour la faune marine ou pour les humains. Et parmi celles-ci, 3 sont particulièrement présentes dans les eaux littorales bretonnes. Où ont-elles été observées et quel risque pour la santé représentent-elles ? 

Quelles sont les espèces de microalgues toxiques présentes dans la région ?

Les eaux littorales bretonnes connaissent régulièrement des épisodes de prolifération de trois genres de phytoplancton toxique : Dinophysis, Alexandrium et Pseudo-nitzschia. Dinophysis provoque des diarrhées, Alexandrium des amnésies et Pseudo-nitzschia des paralysies. Grâce au réseau de surveillance des phycotoxines dans les organismes marins (Rephytox) de l’Ifremer, on sait que c’est l’espèce Dinophysis qui a engendré la durée de toxicité cumulée la plus longue dans les coquillages depuis 2011.  La plupart de ces proliférations ont lieu le long des côtes du Finistère et du Morbihan. La rade de Brest est d'ailleurs le secteur le plus longtemps touché par des proliférations de microalgues, y compris par celles avec des toxines paralysantes.

Phycotoxines, ou toxines d’algues, produites par des espèces phytoplanctoniques. Toxiques pour la faune, la flore marine et les consommateurs de produits de la mer. Dans ce dernier cas, il s’agit souvent d’une accumulation dans les coquillages de toxines produites par le phytoplancton dont se nourrissent les coquillages. Ifremer

Chaque semaine, l'Ifremer émet des bulletins d'information et d'alerte sur les phytoplanctons toxiques par département qui permettent d'être informé en temps réel.

Que se passe-t-il en cas de prolifération d’une espèce toxique ?

Certaines phycotoxines, qui restent à l’intérieur des cellules algales, s’accumulent dans les animaux marins comme les coquillages, se nourrissant de phytoplancton. Alors qu’ils ne sont en rien affectés, ils deviennent toxiques pour leurs consommateurs et présentent un risque sanitaire pour les humains. Du fait de ces risques sanitaires, ces proliférations s’accompagnent d’interdictions temporaires d’exploitation, de vente et de ramassage. Des interdictions qui nuisent aux activités conchylicoles et de pêche à pied, particulièrement développées en Bretagne.

D’autres espèces émettent des phycotoxines qui, une fois libérées dans l’eau, sont nocives aussi pour les animaux marins. C’est le cas de Karenia mikimotoi qui produit des substances toxiques pour les cellules et détruit les globules rouges. En 1995, lors de proliférations de grande ampleur, ces microalgues ont été à l’origine d’importantes mortalités de poissons, coquillages, oursins et divers invertébrés sur l’ensemble du littoral atlantique.

Pourquoi y-a-t-il des proliférations de phytoplancton dans les eaux littorales bretonnes ?

Sous certaines conditions, des microalgues peuvent proliférer ce qui donne à l’eau un aspect inhabituel (eau colorée, présence de mousse). Ces proliférations interviennent suite à un changement de la température de l’eau ou de l’air, de la salinité, de la richesse en éléments nutritifs (azote, phosphore, etc.) ou encore des courants marins. En Bretagne, de nombreuses masses d’eau littorales sont trop riches en azote.


Bien que l’on ait en mémoire des proliférations de microalgues, surtout celles qui contiennent des espèces toxiques pour la faune marine, ces proliférations ne sont pas toutes nuisibles.

Que retenir ?

  • La grande majorité des espèces de phytoplanton n’est pas toxique.

  • Le réseau de surveillance des phycotoxines dans les organismes marins (Rephytox) de l’Ifremer surveille la présence de microalgues toxiques dans les eaux littorales bretonnes.

  • Celles du Finistère et du Morbihan connaissent régulièrement des épisodes de prolifération de trois genres de phytoplancton toxique : Dinophysis, Alexandrium et Pseudo-nitzschia pouvant provoquer des diarrhées, des amnésies ou des paralysies.

  • Entre 2011 et 2020, l’espèce présente le plus longtemps est Dinophysis (365 mois cumulés de phycotoxicité mesurée). La rade de Brest est le secteur le plus longtemps touché par des proliférations de phytoplancton toxique, y compris celles émettant des toxines paralysantes.
     

phot emilie novince
Émilie Novince
Webmestre éditorial
Pôle communication
02 99 35 45 85

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