On vous explique

Pourquoi le moustique tigre, récemment arrivé en Bretagne, va continuer de s'étendre dans la région

Par Adeline Louvigny (OEB), modifié par Emmanuèle Savelli (OEB)
en collaboration avec Béatrice Gautier-Grall (ARS) Anne Serre (ARS)
Mise à jour : 04 juin 2025
Temps de lecture : 9 minute(s)
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Présent depuis 2022 dans la région, le moustique tigre fait partie des espèces surveillées chaque année par l’Agence régionale de santé de Bretagne à cause de sa capacité à transmettre des maladies comme la dengue, le chikungunya et Zika. En Bretagne, trois communes sont désormais colonisées et 53 sites sont surveillés. Seule la dengue a été signalée et 100 % des cas sont importés. Mais le risque est bien réel puisque des cas autochtones ont été déclarés dans d’autres régions de France.

D’où vient le moustique tigre et comment est-il arrivé en France ?

Originaire d’Asie du Sud-Est, le moustique tigre colonise peu à peu la France, et l’Europe, depuis le début des années 2000. Même s’il est originaire de contrées tropicales, cet insecte s’adapte facilement à notre climat tempéré grâce à la capacité des œufs à se mettre en diapause (ponte d’œufs programmés pour résister à l’hiver et éclore au printemps suivant). Ils résistent ainsi aux périodes de froid et de gel de nos régions.

Il serait arrivé sur le continent européen via le commerce de pneus usagés, qui constituent des lieux privilégiés de ponte. Sa dispersion est ensuite liée aux déplacements humains, particulièrement via le transport routier. Ainsi, depuis le sud de la France où il est arrivé dans les Alpes-Maritimes en 2004 (dans la commune de Menton), Aedes albopictus est remonté jusque dans l’Aisne (Hauts-de-France). Il se développe surtout dans les environnements péri-urbains ainsi que dans des zones urbaines très denses.

Chaque année, le 1er mai marque le début de la période renforcée de surveillance de la dengue, du chikungunya et du Zika, en France métropolitaine, et de la mise en œuvre des mesures de lutte anti vectorielle par les autorités sanitaires. Lire le communiqué de presse du 15/05/2025

Comment les autorités surveillent-elles sa progression en Bretagne ?

Les Agences régionales de santé (ARS) sont, depuis 2020, chargées de la surveillance et de la lutte anti-vectorielle. Conformément à la réglementation, elles peuvent confier ces missions à un opérateur privé ou public. L’ARS Bretagne a choisi de les confier à la société Altopictus. 

La surveillance du moustique tigre s’opère de manière active et passive. Des pièges pondoirs sont installés sur des sites jugés à risque d’introduction du moustique tigre. Ils attirent la femelle en gestation recherchant un site pour pondre ses œufs. En 2025, 53 sites sont surveillés, du 1er mai au 31 octobre. Ces sites dits « à risque » sont des unités urbaines de plus de 10 000 habitant.e.s, des sites d’entreposage de pneus, des sites touristiques, des établissements de santé ainsi que des ports et aéroports, surveillés au titre du règlement sanitaire international.

La surveillance passive se réalise grâce aux signalements des citoyens, via le portail de signalement du moustique tigre. Chaque citoyen est invité à signaler la présence du moustique tigre, à l’aide de photos, voire si possible, en envoyant le spécimen par La Poste. Si la présence du moustique est détectée dans une commune, Altopictus est chargé de mener des opérations de lutte de primo-infestation, afin d’éliminer l’insecte, ou au moins entraver son installation, via un traitement larvicide.

Suivi sanitaire du moustique tigre : les sites à risques surveillés en Bretagne

Quelles sont les communes colonisées et celles surveillées ?

Le moustique tigre est arrivé en Bretagne en 2022, en colonisant la commune de Domagné, en Ille-et-Vilaine, à peine à une vingtaine de kilomètres de Rennes. Une commune est considérée comme « colonisée » par Aedes albopictus si au moins un de ces trois critères est rempli :

  • Des œufs sont observés sur trois relevés successifs d’un même piège pondoir ;
  • Des larves et/ou des adultes ont été observés, par prospection entomologique, à plus de 150 m autour d’un signalement ou d’un piège positif ;
  • La distance entre deux pièges positifs ou deux signalements positifs est supérieure à 500 m.

Ces critères permettent de considérer que le moustique tigre n’est pas présent ponctuellement, et que la population s’est installée durablement dans la commune. Le moustique tigre est aujourd’hui installé dans trois communes : Domagné et Rennes, en Ille-et-Vilaine, ainsi que La Gacilly, dans le Morbihan. 

« Quand une commune est colonisée, on considère que le moustique tigre est présent, et qu’il le sera toujours. Donc il n’y a plus d’action de surveillance. Il faut alors gérer la nuisance et surtout éviter que des cas autochtones apparaissent. » − Béatrice Gautier-Grall (ARS Bretagne) 

Aller plus loin avec des données spatiales et temporelles détaillées

Tableaux de bord OEB

Consultez et téléchargez les cartes annuelles de colonisation et de surveillance du moustique tigre Bretagne. Pour un accès facilité, elles sont toutes regroupées dans notre collection cartographique « Surveillance du moustique tigre ».

 

 

Comment vivre avec le moustique tigre ?

À terme, le moustique tigre sera présent dans toute la France. Il est essentiel de retarder son implantation le plus possible. Tout l’enjeu se situe donc au niveau de la sensibilisation des citoyens et professionnels, afin d’adopter les bons réflexes pour éviter un développement trop important des populations, qui peuvent créer des nuisances importantes, en plus du risque de transmissions de maladies tropicales. Contrairement à notre moustique commun, Culex pipiens, le moustique tigre est plutôt actif en journée, à l’aube et au crépuscule. Dans les territoires colonisés, l’insecte, particulièrement vorace, est ainsi réputé pour allègrement gâcher l’heure de l’apéro.

Les moyens de lutte les plus efficaces sont ceux qui permettent d’éliminer les sites de pontes, soit tous les endroits où l’eau peut stagner. Et pas besoin d’une grande quantité : quelques centilitres d’eau stagnante suffisent à faire un site de ponte. Pour les coupelles de pots de fleur, une astuce est d’ajouter du sable afin de retenir l’eau tout en empêchant le moustique de venir pondre.

Il est aussi recommandé de bien surveiller les récupérateurs d’eau de pluie : même s’il est recouvert d’un couvercle, le moustique peut toujours entrer via la gouttière. La solution est de placer une moustiquaire entre l’entrée de l’eau, et là où elle est stockée.

Les opérations de démoustication sont réalisées par les opérateurs uniquement si la présence du moustique tigre est confirmé et que l’on n’est pas en période de diapause. Les traitements par insecticide ne sont pas durables, car ils ne tuent que les adultes (porteurs du virus). De plus, une utilisation trop importante de ces produits conduirait à une résistance du moustique à l’insecticide, il est donc important de ne réaliser ces opérations qu’en cas de risque sanitaire.

Quels sont les risques de transmission de maladie ?

Le principal danger dans la dispersion de ce moustique est sa capacité à transmettre les virus de la dengue, du chikungunya et Zika. Comment reconnaître ces maladies ? D’après Santé Publique France, « les symptômes [de la dengue] sont le plus souvent de type grippal (fièvre, maux de tête, courbatures) et se manifestent dans les 3 à 14 jours (4 à 7 jours en moyenne) qui suivent la piqûre par le moustique. La dengue touche indifféremment les nourrissons, les jeunes enfants et les adultes. Le plus souvent bénigne bien qu’invalidante, la dengue peut toutefois se compliquer de formes hémorragiques. […] Le chikungunya « peut passer inaperçue ou se manifester en moyenne 4 à 7 jours après une piqûre infectante, par l’apparition soudaine d’une fièvre élevée (supérieure à 38,5 °C) associée à des maux de tête ainsi qu’à d’importantes douleurs musculaires et articulaires touchant les extrémités des membres. […] Dans une très grande majorité des cas, le virus Zika provoque peu de symptômes ou même l’absence de symptôme. L’évolution est le plus souvent rapidement favorable avec une guérison spontanée en 2 à 7 jours. Lorsque des symptômes apparaissent, ils sont le plus souvent de type grippal (fièvre, maux de tête, courbatures) avec des éruptions cutanées et se manifestent dans les 3 à 12 jours qui suivent la piqûre par le moustique. Le Zika peut également se manifester par une conjonctivite ou par une douleur derrière les yeux, ainsi que par un œdème des mains et/ou des pieds. La fièvre apparaît peu élevée et transitoire. »

Ils sont dits vecteurs de ces maladies, c’est-à-dire qu’en piquant une personne infectée, ils deviennent porteurs du virus et peuvent le propager à d’autres personnes en les piquant. Ce n’est pas en transmettant le sang d’une personne à l’autre que le moustique tigre est vecteur : ces virus se développent dans le corps de l’insecte, et finissent pas se retrouver dans les glandes salivaires, et sont donc transférés via la salive dans le sang des personnes piquées.

D’après Santé Publique France, il y a eu 113 cas importés de dengue en 2024 en Bretagne, majoritairement en provenance de la Martinique et de la Guadeloupe. Cette même année, on a dépassé les 2 000 cas de dengue en Métropole. Et avant cela, seuls 5 cas avaient été recensés en 2022 en Bretagne. Les cas importés entraînent la réalisation d’enquêtes entomologiques dans des communes colonisées et à risque. D’ailleurs en 2024, Altopictus a réalisé 9 enquêtes à Rennes, toutes négatives, à la suite de cas importés de dengue. Aucun cas autochtone de dengue, chikungunya ou Zika n’a été identifié à ce jour dans la région Bretagne.

L’augmentation des températures, liée au changement climatique, favorise le développement des populations de moustique tigre. Son métabolisme est accéléré par des températures plus chaudes, c’est ainsi que son cycle de vie, et celui des virus, sont plus rapides. En résumé, le changement climatique en France permet au moustique tigre de pondre plus rapidement des œufs, et d’être plus contagieux

Que retenir ?

  • Le moustique tigre a colonisé la première commune bretonne en 2022. Et depuis, il s’est installé dans 3 communes de manière pérenne (Domagné, Rennes et La Gacilly). Originaire de contrées tropicales, cet insecte s’adapte facilement à notre climat tempéré et est capable de transmettre des maladies comme la dengue, le chikungunya et Zika.

  • Il se développe surtout dans les environnements péri-urbains ainsi que dans des zones urbaines très denses.
    Les ARS sont chargées depuis 2020 de la surveillance et de la lutte anti-vectorielle. 53 sites font l’objet d’une surveillance active en 2025, en grande majorité des unités urbaines de plus de 10 000 habitant.e.s. Et par leurs signalements, les citoyens bretons contribuent à une surveillance passive.

  • Les moyens de lutte les plus efficaces sont ceux qui permettent d’éliminer les sites de pontes, soit tous les endroits où l’eau peut stagner.

  • En 2024, Santé publique France a diagnostiqué 113 cas de dengue importés en Bretagne, en provenance pour l’essentiel de la Martinique et de la Guadeloupe.

  • Le changement climatique permet au moustique tigre de pondre plus rapidement des œufs, et d’être plus contagieux. 

photo Emmanuele Savelli
Emmanuèle Savelli
Cheffe de projet éditorial et vulgarisation
Pôle communication
02 99 35 45 83

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