Bilan 2023 de surveillance et lutte contre les moustiques vecteurs de maladies humaines en Bretagne, Altopictus, avril 2024.
2022 est l’année où le moustique tigre a pour la première fois colonisé une commune bretonne : Domagné, en Ille-et-Vilaine. Cette espèce est suivie par l’Agence régionale de santé (ARS) à cause de sa capacité à transmettre des maladies comme la dengue, le chikungunya et Zika. Aucun cas autochtone de ces maladies n’a encore été signalé en Bretagne, mais le risque est bien réel puisque 65 cas autochtones ont été déclarés dans le sud de la France en 2022.
D’où vient le moustique tigre et comment est-il arrivé en France ?
Originaire d’Asie du Sud-Est, le moustique tigre colonise peu à peu la France, et l’Europe, depuis le début des années 2000. Même s’il est originaire de contrées tropicales, cet insecte s’adapte facilement à notre climat tempéré grâce à la capacité des œufs à se mettre en diapause : ils résistent ainsi aux périodes de froid et de gel de nos régions.
L’hypothèse la plus probable de son arrivée sur le continent européen est via le commerce de pneus usagés, qui constituent des lieux privilégiés de ponte. Sa dispersion est ensuite liée aux déplacements humains, particulièrement via le transport routier. Ainsi, depuis le sud de la France où il est arrivé dans les Alpes-Maritimes en 2004 (dans la commune de Menton), Aedes albopictus est remonté jusque dans l’Aisne (Hauts-de-France). Il se développe surtout dans les environnements péri-urbains ainsi que dans des zones urbaines très denses.
Comment son extension est-elle surveillée par les autorités ?
Les ARS sont, depuis 2020, chargées de la surveillance et de la lutte anti-vectorielle. Conformément à la réglementation, elles peuvent confier ces missions à un opérateur privé ou public. L’ARS Bretagne a choisi de les confier à la société Altopictus. La surveillance du moustique tigre s’opère de manière active et passive.
Des pièges pondoirs sont installés sur des sites jugés à risque d’introduction du moustique tigre. Ils attirent la femelle gravide recherchant un site pour pondre ses œufs. Une trentaine de communes bretonnes sont surveillées du 1er mai au 31 octobre, notamment à cause de la présence de ports, aéroports, sites touristiques et sites de pneus.
La surveillance passive se réalise grâce aux signalements des citoyens, via le portail de signalement du moustique tigre. Chaque citoyen est invité à signaler la présence du moustique tigre, à l’aide de photos, voire si possible, en envoyant le spécimen par la poste.
Si la présence du moustique est détectée dans une commune, Altopictus est chargé de mener des opérations de lutte de primo-infestation, afin d’éliminer l’insecte, ou au moins entraver son installation, via un traitement larvicide ou adulticide.
- En savoir plus sur la surveillance et la lutte contre les moustiques en Bretagne
Quelles sont les communes à risque en Bretagne ?
Le moustique tigre est arrivé en Bretagne en 2022, en colonisant* la commune de Domagné, en Ille-et-Vilaine, à peine à une vingtaine de kilomètres de Rennes. En 2023, Altopictus suit l’évolution des populations du moustique tigre dans cette commune. Elle a par ailleurs mené des enquêtes de primo-infestation dans plusieurs communes où le moustique tigre a été détecté en 2022 sous sa forme œuf, larvaire ou adulte : Rennes (35), Saint-Brieuc (22), La Gacilly (56) et Camors (56).
- * Une commune est considérée comme colonisée par Aedes albopictus si au moins un de ces trois critères est rempli :
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• Des œufs sont observés sur trois relevés successifs d’un même piège pondoir ;
• Des larves et/ou des adultes ont été observés, par prospection entomologique, à plus de 150 m autour d’un signalement ou d’un piège positif ;
• La distance entre deux pièges positifs ou deux signalements positifs est supérieure à 500 m.
Ces critères permettent de considérer que le moustique tigre n’est pas présent ponctuellement, et que la population s’est installée durablement dans la commune.
Comment vivre avec le moustique tigre ?
« Aedes albopictus est à Domagné, il va y rester et il va s’étendre. Quand une commune est colonisée, on considère que le moustique tigre est présent, et qu’il le sera toujours. Donc il n’y a plus d’action de surveillance. Il faut alors gérer la nuisance et surtout éviter que des cas autochtones apparaissent. » − Béatrice Gautier-Grall (ARS Bretagne)
A terme, le moustique tigre sera présent dans toute la France. Il est essentiel de retarder son implantation le plus possible. Tout l’enjeu se situe donc au niveau de la sensibilisation des citoyens et professionnels, afin d’adopter les bons réflexes pour éviter un développement trop important des populations, qui peuvent créer des nuisances importantes, en plus du risque de transmissions de maladies tropicales. Contrairement à notre moustique “commun”, Culex pipiens, le moustique tigre est plutôt actif en journée, à l’aube et au crépuscule. Dans les territoires colonisés, l’insecte, particulièrement vorace, est ainsi réputé pour allègrement gâcher l’heure de l’apéro.
Les moyens de lutte les plus efficaces sont ceux qui permettent d’éliminer les sites de pontes, soit tous les endroits où l’eau peut stagner. Et pas besoin d’une grande quantité : quelques centilitres d’eau stagnante suffisent à faire un site de ponte. Pour les coupelles de pots de fleur, une astuce est d’ajouter du sable afin de retenir l’eau tout en empêchant le moustique de venir pondre.
Il est aussi recommandé de bien surveiller les récupérateurs d’eau de pluie : même s’il est recouvert d’un couvercle, le moustique peut toujours entrer via la gouttière. La solution est de placer une moustiquaire entre l’entrée de l’eau, et là où elle est stockée.
Les opérations de démoustication sont réalisées par les opérateurs uniquement si la présence du moustique tigre est confirmé et que l’on n’est pas en période de diapause. Les traitements par insecticide ne sont pas durables, car ils ne tuent que les adultes (porteurs du virus). De plus, une utilisation trop importante de ces produits conduirait à une résistance du moustique à l’insecticide, il est donc important de ne réaliser ces opérations qu’en cas de risque sanitaire.
Quels sont les risques de transmission de maladie ?
Le principal danger dans la dispersion de ce moustique est sa capacité à transmettre les virus de la dengue, du chikungunya et Zika. Ils sont dits vecteurs de ces maladies, c’est-à-dire qu’en piquant une personne infectée, ils deviennent porteurs du virus et peuvent le propager à d’autres personnes en les piquant. Ce n’est pas en transmettant le sang d’une personne à l’autre que le moustique tigre est vecteur : ces virus se développent dans le corps de l’insecte, et finissent pas se retrouver dans les glandes salivaires, et sont donc transférés via la salive dans le sang des personnes piquées.
Durant l’été 2022, les conditions météorologiques ont été particulièrement favorables au moustique tigre : la France a vécu sa plus grande épidémie de dengue autochtone. Alors qu’à peine 48 cas autochtones (c’est-à-dire, des personnes infectées sur le territoire de la France métropolitaine) avaient été identifiés de 2011 à 2021, 65 cas, répartis dans 9 foyers, se sont déclarés rien qu’en 2022. Seuls quelques cas importés ont été constatés en Bretagne jusqu’à présent.
Avec l’augmentation des températures liée au changement climatique, le développement des populations de moustique tigre est favorisée : son métabolisme est accéléré par des températures plus chaudes, c’est ainsi que son cycle de vie, et celui des virus, sont plus rapides. En résumé, le changement climatique en France permet au moustique tigre de pondre plus rapidement des œufs, et d’être plus contagieux.
Que retenir ?
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2022 est l’année où le moustique tigre a pour la première fois colonisé une commune bretonne.
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Il a la capacité de transmettre des maladies comme la dengue, le chikungunya et Zika.
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originaire de contrées tropicales, cet insecte s’adapte facilement à notre climat tempéré.
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Il se développe surtout dans les environnements péri-urbains ainsi que dans des zones urbaines très denses.
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Les ARS sont, depuis 2020, chargées de la surveillance et de la lutte anti-vectorielle.
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Une trentaine de communes bretonnes sont activement surveillées grâce à des pièges pondoirs.
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La surveillance passive se réalise grâce aux signalements des citoyens.
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Les moyens de lutte les plus efficaces sont ceux qui permettent d’éliminer les sites de pontes, soit tous les endroits où l’eau peut stagner.
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Le changement climatique permet au moustique tigre de pondre plus rapidement des œufs, et d’être plus contagieux.