Où y-a-t-il des marées vertes en Bretagne ?

Par Emmanuèle Savelli (OEB)
en collaboration avec Sylvain Ballu (Ceva) Alain Ménesguen (Ifremer)
Mise à jour : 27 février 2024
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2
eau
mer et littoral
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Photo Rideau d'algues vertes dans les eaux littorales

Depuis leurs premières manifestations sporadiques dans les années 1960, les marées vertes sont devenues des invitées estivales indésirables dans plusieurs baies bretonnes. Chaque année, elles reviennent. La question est de savoir où et en quelles quantités ?

Depuis quand y-a-t-il des marées vertes en Bretagne ?

Les marées vertes sont des proliférations massives d’algues vertes touchant certaines portions du littoral. Le phénomène est apparu en Bretagne, dans les années 1960. D’abord restreintes à quelques lieux en Côtes-d’Armor, ces proliférations se sont peu à peu amplifiées et multipliées. Elles sont devenues plus intenses et plus longues, gagnant une part croissante du littoral breton. Selon les années, entre 75 et 115 sites sont touchés, et 40 à 50 communes ramassent des algues échouées. Sur les 10 dernières années, le volume total ramassé est en moyenne de 50 000 m3 .

Le phénomène a été décrit pour la première fois en 1911 dans l’anse de Belfast, en Irlande. Aujourd’hui, des dizaines de sites sont concernés dans le monde. 

Qui surveille les échouages d’algues vertes ?

C’est le Centre d’étude et de valorisation des algues (Ceva) qui surveille les proliférations d’algues vertes. Depuis 2002, il a recensé 142 sites côtiers touchés au moins une fois par une marée verte, pour deux-tiers des sites sableux (baies et plages sableuses) et pour un-tiers des vasières. Pour suivre l’intensité des marées vertes, le Ceva mesure la surface couverte par les algues échouées sur le littoral. Les échouages sur sites sableux se concentrent plutôt au nord de la région. La surface moyenne d’algues échouées fluctue fortement selon les années.

Les vasières touchées au moins une fois par une marée verte sont davantage réparties sur l’ensemble du littoral breton. Les mesures des surfaces maximales d’algues échouées depuis 2008 semblent indiquer une hausse mais sans tendance marquée.

Tout le littoral breton est-il concerné par ce phénomène ?

Non, le phénomène ne touche pas tout le littoral mais il est récurrent dans certaines baies. Huit d’entre elles concentrent 86 % de l’ensemble des échouages régionaux (en considérant l’ensemble des surfaces d'algues échouées sur des plages sur 2007 - 2020). Ces baies bénéficient aujourd’hui du plan de lutte contre les proliférations d’algues vertes en Bretagne. Les baies de Saint-Michel-en-Grève et de Saint-Brieuc sont les plus anciennement touchées. Cette dernière, très vaste, cumule également les plus grandes surfaces d’algues échouées.

Aller plus loin avec des données spatiales et temporelles détaillées

Consultez et téléchargez les cartes annuelles et pluriannuelles sur les échouages d’algues vertes en Bretagne, et sur le Plan de lutte contre la prolifération des algues vertes. Pour un accès facilité, elles sont toutes regroupées dans notre collection cartographique « Les algues vertes en Bretagne ».

Manipulez les données de notre tableau de bord « Les échouages d'algues vertes sur le littoral breton ». Outre une synthèse à l’échelle régionale et départementale, il présente pour chaque site des données chronologiques sur les surfaces d’algues échouées et la saisonnalité des proliférations d’algues vertes.

Manipulez les indicateurs de notre tableau de bord « Tableau de suivi du plan de lutte contre la prolifération des algues vertes (PLAV) ». Une première série d’indicateurs permet de suivre les objectifs de réduction des proliférations d’algues vertes et d’amélioration de la qualité de l’eau sur les 8 baies concernées par le plan. Une deuxième série rend compte de l’évolution d’un certain nombre de systèmes et de pratiques agricoles sur ces territoires. Un troisième l’influence du PLAV dans les différentes dynamiques de contractualisation à l’échelle des baies, ainsi que l’atteinte des objectifs du PLAV en matière de sécurisation des personnes au travers des ramassages d’algues échouées sur le littoral.

Pourquoi les algues vertes prolifèrent-elles ?

Les algues qui prolifèrent sont opportunistes et annuelles. Elles naissent de la réponse du milieu marin vivant à un apport élevé d’azote qui est un des éléments nutritifs nécessaires à leur développement (avec le phosphore, le potassium et le carbone, déjà présents dans les eaux littorales). Cet azote est déversé en mer principalement par l’intermédiaire des fleuves. Il agit comme une « pollution chimique chronique ».

À partir d’avril-mai avec l’augmentation de l’éclairement dans les eaux littorales et la présence de ces éléments nutritifs, la photosynthèse permet la production de biomasse (matière végétale), en particulier pour les algues vertes, très photophiles. En quelques mois, dans des sites naturellement confinés, cette biomasse devient si importante qu’elle se dépose en « marées vertes » sur la côte, avec un pic d’échouages en moyenne en juin-juillet.

Le phénomène perdure jusqu’en milieu d’automne, puis régresse en hiver en raison de la baisse de l’éclairement, de la dispersion et de la fragmentation des algues lors des tempêtes. Bien qu’une grande partie des algues vertes disparaisse en hiver, il reste un reliquat, plus ou moins important, qui agit comme une « mémoire » des marées vertes de l’année précédente. Ce stock résiduel influence la précocité du retour du phénomène dès que les conditions du milieu marin redeviennent favorables à la production de biomasse. Le reliquat hivernal d’algues est plus important si les proliférations ont été soutenues en fin de saison et s’il y a peu de tempêtes hivernales.

Glossaire : un organisme photophile exige ou supporte un éclairement important.

Que retenir ?

  • Les proliférations d’algues vertes ont fait leur apparition sur le littoral breton dans les années 1960.

  • Ce phénomène s’explique, en Bretagne, par la présence excessive d’azote dans les eaux littorales. De l'azote apporté principalement par les fleuves. 

  • Car l’azote est un des éléments nutritifs nécessaires au développement des algues vertes (avec le phosphore, le potassium et le carbone, déjà présents dans les eaux littorales).

  • Depuis le début du suivi des marées vertes en 2002 sur le littoral breton, 142 sites ont été touchés au moins une fois. Ce sont pour deux-tiers des sites sableux (baies et plages sableuses) et pour un-tiers des vasières.

  • Le phénomène ne touche pas tout le littoral breton mais il est récurrent dans certaines baies dont 8 concentrent plus de 80 % des échouages de la région. Ces baies bénéficient du plan de lutte contre les proliférations d’algues vertes en Bretagne.

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