L'essentiel de l'eau brute en Bretagne est prélevé en surface

Chaque année des millions de mètres cubes d’eau brute sont pris dans les milieux naturels de la région. Ils servent à produire de l’eau potable et répondent aux besoins des activités économiques. La part de l’eau superficielle est prépondérante mais, selon les usages, la contribution de l’eau souterraine peut devenir importante.
Eau brute : de quoi parle-t-on ?
L’eau brute est celle présente dans les milieux naturels, en surface (rivières, plans d'eau) ou dans le sous-sol. À ne pas confondre avec l’eau potable qui a suivi un traitement dans une usine de production d’eau potable avant d’être distribuée jusqu’à nos robinets. L’eau potable est donc faite à partir d’eau brute, prise dans des zones de captage superficielles ou souterraines. Les plus importants sites de captage d’eau brute en Bretagne sont sur la Vilaine à Férel (56), la Rance à Plouasné (22), l'Arguenon à Pléven (22), le Gouët à Ploufragran (22) et l'Élorn à Plouédern (29).
5 sites de captage d’eau brute alimentent 24 % de la population bretonne en eau potable.
Surtout de l’eau prise en surface et pour produire de l’eau potable
Pour ses prélèvements d’eau brute, la Bretagne s’alimente aux deux-tiers en surface (rivières, barrages), le reste venant des eaux naturelles souterraines (forages, drains et puits). Cette eau sert à plus de 81 % à produire de l’eau potable. Les consommations d’eau par l’agriculture et l’industrie sont mineures au regard du besoin en eau potable.

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Découvrez les données sur les prélèvements en eau de votre commune sur le site Web de la banque nationale des prélèvements quantitatifs en eau (BNPE). Les données fournies concernent le volume total prélevé, la synthèse des usages faits de ces prélèvements, l'origine de l'eau (surface continentale/souterraine), l'évolution annuelle des prélèvements ainsi qu'une synthèse géographique des volumes prélevés.
L’enjeu : avoir de l’eau de qualité toute l’année
Pour répondre aux besoins des Bretons et des Bretonnes, il faut ponctionner dans les milieux naturels environ 3 % de la ressource en eau disponible dans la région. Cette ressource fluctue parfois grandement au fil des saisons ou d’une année sur l’autre. Les pluies efficaces — c’est-à-dire celles qui alimentent les cours d’eau et rechargent les nappes souterraines après évapotranspiration — fournissent près de 10 milliards de mètres cubes d’eau par an [1].
La majorité de l’eau prélevée est restituée au milieu naturel après épuration, hormis pour l’irrigation où l’eau est consommée à 100 % par les plantes [2]. Les enjeux de l’alimentation en eau potable (outre le maintien de sa qualité) concernent surtout sa disponibilité tout au long de l’année.
En période estivale, les besoins en eau potable sont plus grands dans les zones touristiques et dans les zones agricoles car c’est la période de l’année pendant laquelle les cultures et le bétail ont le plus besoin d’eau (le cheptel en Bretagne dépasse les 100 millions de têtes de bétail). Pendant les épisodes de tension sur la ressource en eau, certaines exploitations se reportent sur le réseau d’eau potable quand les forages ne sont plus suffisants. Ce report augmente de façon notable la demande en eau potable faisant craindre des difficultés d’approvisionnement pour les réseaux qui n’ont pas été dimensionnés pour ces besoins.
[1] Agreste Draaf Bretagne - RA 2010
[2] État des lieux du bassin Loire-Bretagne. décembre 2013 - Agence de l’eau Loire-Bretagne (2015) p. 185
L’évaporation estivale des plans d’eau réduit la ressource en eau brute superficielle
Les prélèvements d’eau brute sont plus importants à l’est de la région et ont lieu majoritairement au niveau des têtes de bassins versants. Ils ont tendance à augmenter en période de basses eaux. Les pressions les plus fortes s’exercent principalement sur des secteurs où les étiages - plus bas niveaux des eaux - sont peu marqués, mais certains bassins combinent une pression significative et des étiages sévères [3].
[3] Étude sur la gestion quantitative de la ressource en eau en Bretagne – CACG 2021.
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Une part importante de l’eau prélevée en surface provient de retenues qui, de juin à septembre, subissent une évaporation naturelle estimée à 0,5 l/s/ha, réduisant de ce fait notablement la ressource disponible. En moyenne de 2015 à 2017, la part perdue en raison de l’évaporation naturelle des plans d’eau, tous usages confondus, a été estimée à 27 % du total d’eau brute prélevée. C’est l’équivalent de la moitié de la quantité d’eau brute prélevée pour produire l’eau potable consommée en Bretagne (56 %).
Cette perte peut créer des situations critiques pour la ressource en eau de certains territoires bretons en période d’étiage et nécessite d’aller chercher l’eau où elle se trouve. C’est le cas du bassin de la Vilaine où l’évaporation des plans d’eau peut représenter jusqu’à 48 % du total d’eau prélevée. Cette perte n’est plus « compensée » par la restitution de l’eau issue des rejets des stations d’épuration des eaux usées et ce alors que le bassin versant est importateur d’eau potable prélevée dans les autres départements [3].
Au-delà de l’augmentation du risque d’assèchement du cours d’eau en période estivale liée au volume d’eau prélevé, les retenues d’eau potable altèrent les habitats aquatiques en créant une augmentation de la température de l’eau, un ennoiement des habitats de reproduction et la création de barrières successives faisant obstacle à la continuité écologique des cours d’eau.
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L’Agence de l’eau Loire-Bretagne estime la quantité d’eau brute prélevée à partir des redevances payées pour l’eau potable, dès lors que la déclaration annuelle dépasse 7 000 mètres cubes d’eau par an. Cette estimation ne tient donc pas compte des petits prélèvements et des forages des particuliers. Les prélèvements souterrains seraient ainsi sous-évalués [4]. En corrigeant les prélèvements de cette partie sous-estimée, le BRGM considère qu’en 2009, au moins 100 millions de mètres cubes d’eau souterraine ont été pris dans le milieu naturel, soit 38 % des volumes prélevés.
[4] B. Mougin et al. (2016) - SIGES Bretagne phase 2 (Système d’Information pour la Gestion des Eaux Souterraines) - Amélioration du contenu existant et élaboration de contenus complémentaires. Rapport final BRGM/RP-65483-FR, 76 p.