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Ce que l’empreinte carbone des Bretonnes et des Bretons nous apprend sur « la part cachée » de leurs émissions de gaz à effet de serre

Par Emmanuèle Savelli (OEB) Pierres d'Arrentières (OEB)
Mise à jour : 25 septembre 2025
Temps de lecture : 5 minute(s)
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changement climatique
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L’empreinte carbone moyenne d’un·e habitant·e en Bretagne est quasiment trois fois supérieure à celle qu’il faudrait atteindre en 2030 pour un monde à + 1,5 °C. Nos modes de vie induisent une majorité d’émissions de gaz à effet de serre invisibles au quotidien, pour moitié produites à l’étranger, et surtout consacrées aux transports et au logement.

C’est quoi, l’empreinte carbone ?

L’empreinte carbone d’un·e habitant·e mesure tous les gaz à effet de serre (comme le CO₂) dont il ou elle est responsable, directement ou indirectement, à cause de sa façon de vivre : se chauffer, se déplacer, s’habiller, consommer, etc. Elle inclut :

  • Les émissions directes : par exemple quand on utilise sa voiture ou qu’on chauffe sa maison.
  • Les émissions indirectes (aussi appelées émissions "cachées") : elles ont lieu lors de la fabrication des objets qu’on achète (vêtements, meubles, nourriture, etc.), souvent dans d'autres pays.

Son calcul est basé sur une analyse du budget des ménages bretons. Il comptabilise les émissions de gaz à effet de serre associées à leur consommation : consommation d’énergie, mais également de biens et de services, qui génèrent des émissions en dehors des limites territoriales pour être produits, transportés, fournis.

Pourquoi l’empreinte carbone des Bretons et Bretonnes est-elle trop élevée ?

En 2022, un·e habitant·e en Bretagne émet en moyenne 10,5 tonnes équivalent CO₂ par an. Pour limiter le réchauffement climatique à + 1,5 °C d’ici 2030, il faudrait réduire cette empreinte à 3,6 tonnes équivalent CO₂ par an. 

Aujourd’hui, seuls 10 % des Bretons et des Bretonnes ont une empreinte assez faible pour respecter cet objectif (2,5 tonnes équivalent CO₂ par an) … et ce sont les personnes les plus pauvres de la population régionale. Leur empreinte est dix fois moins élevée que celle des 1 % les plus riches, qui atteint 24,7 tonnes équivalent CO₂ par an.

Inégalités sociales et empreinte carbone

Plus on est riche, plus on émet de CO₂. Les plus pauvres polluent moins, mais souvent parce qu’ils ont un mode de vie plus contraint (moins de transports, moins de chauffage, etc.). 

Si l'on se réfère aux études nationales sur le sujet, on voit qu’une empreinte carbone faible est corrélée avec la pauvreté, l'exclusion sociale et la précarité énergétique. À l'inverse, une empreinte carbone élevée est corrélée avec de hauts revenus et un haut niveau d'éducation. Ainsi, chez les 10 % des ménages français avec l'empreinte carbone la plus haute, les déplacements terrestres (45 %) et aériens (10 %) représentent 55 % de l'empreinte. Pour les 5 % des Français les moins émetteurs, le transport représente seulement 5 % de l'empreinte mais la nourriture et le logement comptent pour les 2/3. 

L'analyse du budget des ménages bretons : où ont lieux les émissions ? et pour quels produits de consommation ?

55 % de ces émissions ont lieu en Bretagne ou en France, et 45 % dans d’autres pays (Chine, Allemagne, Russie, etc.). 20 % de ces émissions sont liées à la consommation directe d’énergie des ménages pour leur logement et leur véhicule particulier, et 80 % sont liées à la consommation de biens et services. Par exemple, quand on achète un t-shirt fabriqué en Asie, les émissions ont lieu là-bas, mais c’est notre consommation qui les provoque.

Quels sont les secteurs d’activités les plus polluants ?

Les transports (voiture, avion, train, etc.) représentent environ 1/3 de l’empreinte carbone. Ces émissions comprennent celles induites par les transports aériens, routiers et ferroviaires, les véhicules personnels. Le calcul de l’empreinte carbone inclus par nature les émissions grises, c’est-à-dire toutes les émissions nécessaires à la fabrication des équipements (avions, voitures, etc.), de l’énergie (carburants) ou encore des infrastructures.

Le logement (chauffage, eau chaude, production des meubles, entretien...) représente 1/4. Les gaz à effet de serre produits viennent pour 30 % de la combustion de ressources fossiles pour le chauffage, l’eau chaude sanitaire ou encore la cuisson au sein du logement. Mais la majorité (70 %) des émissions associées au logement des Bretons et Bretonnes vient des émissions "grises". Ces émissions grises sont des émissions cachées car elles n’ont pas lieu directement chez les habitants mais sont associés à toutes leurs consommations liées à leur logement (production de l’énergie, de l’eau, enlèvement des ordures ménagères, fabrication des meubles ou encore la production des matériaux utilisés pour la réparation et la rénovation du logement).

Ensemble, transports et logement atteignent près de 60 % des émissions totales.

Les vêtements : un exemple d’émissions "cachées"

Acheter des vêtements et des chaussures peut sembler anodin. Pourtant, 95 % des émissions de gaz à effet de serre liées à ces produits ont lieu à l’étranger, dans les pays où ils sont fabriqués. C’est-à-dire en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie. Ces émissions délocalisées mettent ainsi en évidence la situation particulière d'un segment industriel (le textile) dont les sites de production ont quasiment entièrement disparu du territoire national.

Aller plus loin avec des données spatiales et temporelles détaillées

Manipuler notre tableau de bord sur l'empreinte carbone des Bretons et des Bretonnes pour connaître le détail des délocalisations des émissions de gaz à effet de serre à l'étranger.

Télécharger nos données ouvertes :

Que retenir ?

  • L’empreinte carbone par habitant·e nous informe sur l’impact de notre mode de vie sur le climat.

  • En Bretagne, elle est actuellement trop élevée pour espérer limiter le réchauffement climatique (3 fois la cible à atteindre d'ici 2030 si l’on souhaite maintenir le réchauffement climatique en dessous de + 1,5 °C).

  • La majorité des émissions (83 %) sont indirectes, donc invisibles au quotidien. Et 60 % sont liées aux transports et au logement. 45 % des émissions ont lieu à l’étranger.

  • Aujourd’hui, les personnes avec l'empreinte carbone la plus basse sont aussi les plus pauvres. Une empreinte carbone faible est corrélée avec la pauvreté, l'exclusion sociale et la précarité énergétique.

  • Changer nos habitudes (transports, consommation, logement) est essentiel pour réduire notre impact sur le changement climatique.

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Emmanuèle Savelli
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Pierre d'Arrentières
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Aliette Lacroix
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Nicolas Mahé
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