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Ce que l'empreinte carbone révèle sur la part "cachée" des émissions de gaz à effet de serre liées aux modes de vie des Breton·nes

Par Emmanuèle Savelli (OEB)
en collaboration avec Pierre d'Arrentières (OEB)
Mise à jour : 31 mai 2022
Temps de lecture : 6 minute(s)
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L’empreinte Carbone moyenne d’un Breton ou d'une Bretonne est près de trois fois supérieure au niveau d’émissions annuel par habitant qu’il faudrait atteindre en 2030 si l’on souhaite maintenir le réchauffement climatique en dessous de 1,5°C. Plus des trois-quarts de cette empreinte bretonne résultent de la consommation de biens et services dont la moitié des émissions de gaz à effet de serre ont lieu à l’étranger.

Qu'est-ce que l'empreinte Carbone ?

Les Bretons sont responsables d’émissions de gaz à effet de serre en France et à l’étranger. Ces émissions ont lieu lors de la production des biens et services qu’ils consomment ou lorsqu’ils utilisent de l’énergie fossile par exemple avec leur voiture ou leur chaudière. Par leurs modes de vie, les habitants de la Bretagne contribuent donc au réchauffement climatique global de notre planète.

Beaucoup d'émissions « cachées » au consommateur

Le calcul de l’empreinte Carbone d’un Breton ou d'une Bretonne permet de retracer les émissions qui ont lieu en France et celles qui ont lieu à l’étranger. En 2018, cette empreinte a été estimée à environ 9,5 teq CO2 par habitant et par an. Elle est près de trois fois supérieure au niveau d’émissions annuel par habitant qu’il faudrait atteindre en 2030 si l’on souhaite maintenir le réchauffement climatique en dessous de 1,5°C (3,6 teq CO2 par habitant et par an).

83 % de l’empreinte Carbone d’un Breton ou d'une Bretonne correspond à des émissions de gaz à effet de serre induites par la consommation des biens et services. Ce sont des émissions qui sont cachées au consommateur et qui ont lieu lors de la production des différents biens ou services. On parle d’émissions indirectes ou grises.

Le reste des émissions s’explique par l’utilisation d’énergie pour le chauffage, l’eau chaude sanitaire et la cuisson dans le logement ainsi que par l’utilisation de leurs véhicules personnels qui émettent des gaz à effet de serre lors de la combustion des carburants. On parle ici des émissions directes.

Ceux qui ont l'empreinte Carbone la plus basse sont aussi les plus pauvres

En Bretagne comme ailleurs en France, de nombreux travaux montrent que l'empreinte Carbone dépend des revenus. Les Bretons avec l'empreinte Carbone la plus élevée émettent chaque année 24 fois plus de carbone par habitant que ceux avec l'empreinte la plus faible. Les 1 % les plus émetteurs ont chacun une empreinte 4 fois plus élevée que celle de 50 % des Bretons.

Si l'on se réfère aux études nationales sur le sujet, on voit qu’une empreinte Carbone faible est corrélée avec la pauvreté, l'exclusion sociale et la précarité énergétique. À l'inverse, une empreinte Carbone élevée est corrélée avec de hauts revenus et un haut niveau d'éducation. Ainsi, chez les 10 % des ménages français avec l'empreinte Carbone la plus haute, les déplacements terrestres (45 %) et aériens (10 %) représentent 55 % de l'empreinte.  Pour les 5 % des Français les moins émetteurs, le transport représente seulement 5 % de l'empreinte mais la nourriture et le logement comptent pour les deux-tiers.

Seulement 10 % des Bretons ont une empreinte carbone compatible avec le maintien du réchauffement climatique sous 1,5°C ; il s’agit des 10 % avec les plus bas revenus.

Aller plus loin : découvrez la variation de l'empreinte Carbone selon les pays

Pour découvrir les inégalités d'empreinte Carbone selon les pays, consultez la datavisualisation « L'empreinte Carbone d'un Breton ou d'une Bretonne ».


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Téléchargez aussi les jeux de données associés sur la plateforme des données ouvertes de l'OEB :

Des émissions de gaz à effet de serre en partie délocalisées

La répartition géographique de l’empreinte Carbone des Bretons apporte un éclairage plus précis sur la localisation des impacts induits. Environ un tiers des émissions de gaz à effet de serre ont lieu en France et sont le fait d’entreprises françaises situées sur le territoire national (y compris en Bretagne) qui fournissent des biens et services aux Bretons. Et la moitié des émissions de gaz à effet de serre ont lieu à l’étranger, notamment en Union Européenne, en Afrique, au Moyen-Orient et en Chine. Ces pays et régions assument sur leur propre territoire des émissions destinées à satisfaire les besoins des Bretons. La moitié des émissions induites dans ces pays sont issues des consommations des entreprises françaises pour assurer ensuite la production ou la dernière transformation « en France ». La seconde moitié des émissions importées correspond aux achats directs par les ménages bretons de biens finis étrangers.

Transports et logements ont la plus forte empreinte Carbone

Les transports sont responsables d’un tiers de l’empreinte Carbone totale d’un Breton ou d'une Bretonne. Ces émissions comprennent celles induites par les transports aériens, routiers et ferroviaires, les véhicules personnels. Le calcul de l’empreinte Carbone inclus par nature les émissions grises, c’est-à-dire toutes les émissions nécessaires à la fabrication des équipements (avions, voitures, etc.), de l’énergie (carburants) ou encore des infrastructures.

Le logement représente un quart de l’empreinte Carbone totale d’un habitant en Bretagne. Les gaz à effet de serre produits viennent pour 30 % de la combustion de ressources fossiles pour le chauffage, l’eau chaude sanitaire ou encore la cuisson au sein du logement. Mais la majorité (70 %) des émissions associées au logement des Bretons vient des émissions « grises ». Ces émissions grises sont des émissions cachées, qui n’ont pas lieu directement chez les habitants mais sont associés à toutes leurs consommations liées à leur logement (production de l’énergie, de l’eau, enlèvement des ordures ménagères, fabrication des meubles ou encore la production des matériaux utilisés pour la réparation et la rénovation du logement).

Enfin, il est intéressant de remarquer que si les achats de vêtements et de chaussures ne sont pas l’un des premiers postes de l’empreinte Carbone d’un Breton, ils illustrent en revanche les fuites de carbone que nos modes de vie peuvent engendrer. Plus de 95 % des émissions de gaz à effet de serre qui y sont associées ont lieu à l’étranger. Elles ont majoritairement lieu en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie. Ces émissions délocalisées mettent ainsi en évidence la situation particulière d'un segment industriel (le textile) dont les sites de production ont quasiment entièrement disparu du territoire national.

Que retenir ?

  • Le calcul de l’empreinte Carbone d’un·e Breton·ne permet de retracer les émissions de gaz à effet de serre (GES) qui ont lieu en France et à l’étranger.

  • L’empreinte Carbone moyenne d’un·e Breton·ne est près de trois fois supérieure au niveau d’émissions annuel par habitant qu’il faudrait atteindre en 2030 si l’on souhaite maintenir le réchauffement climatique en dessous de 1,5°C.

  • Chaque Breton·ne induit l’émission de 9,5 t eqCO2 par an.

  • 83 % correspond à des émissions indirectes de gaz à effet de serre induites par la consommation des biens et services.

  • Le reste (17 %) correspond à des émissions directes liées l’utilisation d’énergie (chauffage, eau chaude sanitaire, véhicules, etc.).

  • Au total, près de 60 % des émissions de GES sont liés aux transports et au logement.

  • Ceux qui ont l'empreinte la plus basse sont aussi les plus pauvres. Une empreinte Carbone faible est corrélée avec la pauvreté, l'exclusion sociale et la précarité énergétique.

  • La moitié des émissions a lieu à l’étranger.

  • C’est pour l’achat de vêtements et de chaussures que les émissions ont le plus lieu à l’étranger.

  • L’empreinte Carbone des Breton·ne montre l’impact de leur mode de vie sur les émissions de GES, en France et à l’étranger. 
     

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Emmanuèle Savelli
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