Documentation :
Évaluer l'empreinte environnementale d'un·e habitant·e avec Empreinte_Regionale
Données :
- Tableau de bord « L'empreinte matière d'un Breton ou d'une Bretonne »
- Jeu de données sur l'empreinte matière d'un Breton ou d'une Bretonne.
Grâce à « l’empreinte matière », on peut comprendre d’où viennent les matériaux (métaux, biomasse, combustibles, granulats, etc.) servant à produire les biens et services que nous consommons au quotidien. Elle révèle que 60 % de ce qui sert aux besoins d’un Breton ou d'une Bretonne est extrait à l’étranger. Pour certaines matières, comme les combustibles fossiles ou les métaux, nous sommes même dépendants à 100 % de ces extractions délocalisées. De quoi donner à réfléchir sur ce qui soutient nos modes de vie, notamment une dématérialisation en trompe l’œil.
Qu'est-ce que « l’empreinte matière » ?
L’empreinte matière d'un·e habitant·e calcule les extractions de ressources nécessaires partout dans le monde pour produire ce qu’achète cette personne, chaque année. L’empreinte matière de la population bretonne réalloue donc les extractions délocalisées aux consommateurs à qui elles sont destinées : les habitants de la Bretagne. Elle rend compte de la dimension matérielle de nos modes de vies. Par exemple, la consommation annuelle de services et équipements téléphoniques d’un Breton ou d'une Bretonne génère l’extraction de 150 kg de matières premières, dont 25 kg uniquement en Chine.
Les matières considérées ici sont les métaux, les plantes, le bois, les matériaux de construction comme le sable ou encore les combustibles fossiles bruts comme le charbon. S’intéresser à ces matières permet d’adopter un point de vue différent et complémentaire des approches considérant le carbone ou l'énergie, qui aujourd’hui prédominent. L’unité utilisée pour les extractions de matières et pour l’empreinte matière est la kilotonne, ou la tonne si l’on rapporte les valeurs à l’habitant·e.
Comprendre ce qu'est l'empreinte carbone et ce qu'elle montre de la part "cachée" des émissions de gaz à effet de serre liées aux modes de vie des Breton·ne·s.
Quelle est l'empreinte matière annuelle d’un·e habitant·e en Bretagne ?
Elle est d'environ 14 tonnes de matières par habitant·e et par an. Cela comprend des flux directs et indirects de matières issus de France ou de l’étranger et destinés à la consommation des habitants de la région. Le calcul de l'empreinte matière permet d’attribuer au consommateur final les matières utilisées tout au long du processus de production, de l’extraction des ressources jusqu’au transport du produit fini.
Ainsi, pour satisfaire la consommation des Bretons et des Bretonnes, les économies de l’ensemble des pays du monde doivent extraire des matières. On retrouve ces matières directement incorporées dans des produits finis. Par exemple, une partie de la matière « orange » est incorporée dans le produit « jus d’orange », et dans ce cas on parle de flux direct de matière. Mais beaucoup de matières sont simplement utilisées dans le processus de production (combustible pour produire de l’énergie, sable pour construire l’usine, etc.). Elles ne sont donc pas incorporées dans le produit final et représentent les flux indirects de matières. Elles sont comme la partie invisible d'un iceberg.
On l’appelle également la RMC pour Raw Material Consumption.
D'où viennent les matières extraites pour produire les biens et services consommés par la population bretonne ?
60 % des matières induites par la consommation d’un Breton ou d'une Bretonne viennent de l’étranger. Mais il existe des disparités selon les ressources. Alors que plus de la moitié des extractions de matières agricoles ou de bois ont eu lieu en France ou en Bretagne, la totalité des métaux et des combustibles fossiles sont extraits à l’étranger. Cette délocalisation des extractions de matières s’est accentuée puisqu’elle est passée de 50 % entre 1995 à 60 % en 2018.
Une analyse de flux de matières en Bretagne, menée en 2016, a montré que les principales matières extraites en Bretagne sont :
- des granulats (environ 70 % des extractions domestiques utilisées dans la région),
- de grandes cultures, de la paille, du fourrage et des cultures légumières (c’est-à-dire la biomasse agricole), qui représente 24 % du total, mais aussi du bois-énergie et du bois d’œuvre (la biomasse forestière),
- des ressources pêchées (208 kilotonnes, soit 1 % des extractions domestiques).
Une partie de ces ressources extraites puis utilisées en Bretagne ne sont pas nécessairement dédiées à la production de biens et services destinés à la population bretonne. La région produit également pour l’export vers la France ou d’autres pays.
La téléphonie montre à quel point la dématérialisation de nos modes de vie est à relativiser
Le cas de la téléphonie invite tout particulièrement à relativiser une vision « dématérialisée » du mode de vie des Bretons. Leur consommation de services téléphoniques et Internet (abonnements Internet, etc.), ainsi que des équipements associés (téléphones, box) conduit à l’extraction de 114 kg de matières par an. 21 % de ces matières sont des métaux (23 kg par Breton et par an) et 47 % sont des minéraux non métalliques utilisés pour les infrastructures de productions ou de réseau.
Parmi ces matières, 84 % sont extraites à l’étranger dont 22 kg par Breton et par an uniquement en Chine (20 % du total). La Chine est en effet le premier pays extracteurs de matière pour les besoins des Bretons en équipements et services téléphoniques et Internet. Il y a ainsi plus de matières extraites en Chine qu’en France (18 kg par habitant et par an) pour ce poste de consommation.
Comparée au 120 grammes que pèse un téléphone portable, l’empreinte Matière des équipements et services téléphoniques est 950 fois plus importante. Elle rend compte de l’ensemble des matières mobilisées pour la production des composants, la construction des usines, le transport, ou encore la fabrication des équipements et infrastructures réseau. Ces types de service et d’équipements induisent ainsi une consommation de ressources qui dépasse de très loin la masse des matières contenues dans les produits finaux.
Qu'est-ce que l'empreinte matière révèle de nos modes de vie ?
L’empreinte Matière prouve, s'il en était besoin, la forte dépendance de nos modes de vie vis-à-vis de l’étranger. Les produits alimentaires sont les seuls à nécessiter moins de 50 % d’extractions à l’étranger. La plus forte dépendance s'observe pour les extractions de matières associées aux dépenses d’habillement des Bretons et des Bretonnes (délocalisées à 91 %). Enfin, parce qu’elle est 2,5 fois supérieures à celle d’un Indien par exemple, l’empreinte Matière d’un Breton rappelle la dimension fortement matérielle de nos modes de vies à l’heure de la « dématérialisation ».
- Aller plus loin avec des données détaillées sur l'empreinte matière d'un habitant en Bretagne
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Manipuler le tableau de bord « L'empreinte matière d'un Breton ou d'une Bretonne » pour connaître :
- l'impact mondial des extractions de ressources partout dans le monde pour répondre à la consommation d'un·e Breton·ne,
- les types de matières extraites annuellement, la localisation des mines de métaux utilisés, les productions agricoles, la pêche,
- la dépendance vis-à-vis de l’étranger par type de matière,
- la correspondance par types de produits (alimentaires, logement, transports, etc.).
Télécharger le jeu de données sur l'empreinte matière des Bretons et Bretonnes.
Que retenir ?
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L'empreinte matière est une notion qui nous aide à comprendre d'où viennent les matières utilisées pour produire les biens et services que nous consommons. Celle d’un·e habitant·e en Bretagne est de 14 tonnes/habitant·e.
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Elle montre que 60 % de ces matières sont extraites à l'étranger. Ce sont aux 2/3 des matières minérales non métalliques (granulats, etc.) et des ressources agricoles. Et nous dépendons à 100 % de l'étranger pour certaines ressources comme les combustibles fossiles et les métaux.
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Plus de la moitié des extractions de matières pour un·e habitant·e en Bretagne sert à son alimentation et à son logement. Si bien que nos modes de vie dépendent davantage de ressources étrangères que de ressources françaises.