Pourquoi y-a-t-il trop de nitrates dans l'eau en Bretagne ?

Par Emmanuèle Savelli (OEB) Emilie Novince (OEB) Adeline Louvigny (OEB)
en collaboration avec Patrick Durand (Inra) Michèle Vallet et Olivier Nauleau (Dreal) Fabrice Craipeau et Olivier Brunner (AELB) Elodie Bardon (OEB)
Mise à jour : 13 décembre 2022
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eau
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Épandage de lisier dans un champ

Une grande part des nitrates présents dans les cours d'eau bretons viennent des activités d'élevage et de la fertilisation minérale des cultures. Malgré une baisse régulière depuis les années 2000, les concentrations en nitrates sont encore à des niveaux qui dégradent la qualité des eaux.

Épandus pour nourrir les cultures

Les nitrates sont des composés naturels présents dans tous les écosystèmes. Ils sont l'un des aliments principaux des végétaux (avec le phosphore et le potassium), mais peuvent devenir néfastes pour l'homme et les animaux s'ils sont trop abondants. Ils entrent dans la composition des engrais chimiques et de ceux d'origine animale (fumiers).

Ils sont notamment épandus par les agriculteurs dans les champs et sur les prairies pour nourrir les végétaux. Quand les quantités épandues dépassent les besoins des plantes, ou que la date d'apport ne coïncide pas avec les périodes où les plantes les utilisent, ils peuvent être entraînés par ruissellement de surface dans les cours d'eau ou par lessivage à travers le sol.

D'autres sources de nitrates

Les autres causes de contamination par les nitrates sont principalement dues à l'inadaptation de certaines stations d'épuration des eaux usées qu'elles reçoivent et à l'insuffisance de traitement, ou à l'assainissement non collectif. Les stations de traitement des eaux usées libèrent souvent de fortes concentrations d'ammoniaque et de nitrite dans les masses d'eau, qui peuvent ensuite se transformer en nitrates par oxydation.

Les nitrates sont également utilisés dans diverses applications industrielles telles que photographie, fabrication du verre, gravure, explosifs, colorants textiles, conservation des aliments et matière première dans la production d'acide nitrique.

La qualité des eaux souterraines s'améliore mais le niveau de nitrate reste élevé

La concentration moyenne en nitrates dans les eaux souterraines est en diminution constante depuis 20 ans : elle est en moyenne de 22 mg/l en 2020 à l’échelle des Sage bretons, contre 30,2 mg/l en 2000, soit une baisse de 27,3 %.

94 % des 491 points de suivi en 2020 sont considérés en « bon état » au sens de la DCE (Directive-cadre sur l'eau), c'est-à-dire avec des valeurs moyennes de concentration inférieures à 50 mg/l pour les nitrates, cause principale d’altération des eaux souterraines. Les eaux souterraines dégradées par les fortes teneurs en nitrates sont principalement situées au nord de la Bretagne : en Finistère et Morbihan, 96 % des points de suivi sont évalués en bon état DCE, contre 92 % et 93 % pour respectivement les Côtes-d'Armor et l'Ille-et-Vilaine.

L’eau transite bien plus lentement dans le sous-sol qu'en surface, les polluants peuvent donc persister plus longuement que dans les eaux superficielles. Le temps de résidence de l'eau, c’est-à-dire le temps de circulation entre son infiltration et sa résurgence, est une connaissance primordiale pour évaluer l'impact du nitrate sur les écosystèmes aquatiques. La concentration en nitrate d'un cours d'eau est donc à la fois influencée par des pratiques agricoles récentes (par ruissellement), mais également anciennes (résurgence des eaux souterraines avec des temps de résidence de plusieurs dizaines d'années). Également, la remontée des nappes fragilise la qualité des eaux souterraines, en l’exposant aux pollutions de surface.

L'eutrophisation des milieux aquatiques et ses manifestations

Par leurs rejets, les activités humaines perturbent le recyclage de l'azote, dégradant localement la qualité de l’eau et la rendant impropre à certains usages. Cette saturation en azote peut provoquer l'eutrophisation des milieux aquatiques. Des manifestations indésirables sont apparues en Bretagne dès les années 1970 et perdurent aujourd'hui telles les proliférations de cyanobactéries dans les eaux douces, ou encore de phytoplancton toxique et d'algues vertes sur le littoral.

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