Le relief et l'hydrographie, le climat et les ressources naturelles sont des contraintes et des atouts exploités par les Bretons et les Bretonnes dans leurs usages et leurs activités qui ont façonné les paysages de la région.
Comment l'histoire géologique de la Bretagne explique son relief actuel ?
Par ses dimensions et son découpage, le relief contribue fortement à l’impression d’ensemble d’un paysage. La Bretagne a hérité d’une histoire géologique mouvementée. Les forces tectoniques en vigueur il y a des centaines de millions d’années ont fait surgir des montagnes (la chaîne cadomienne puis la chaîne hercynienne) qui n’avaient rien à envier aux plus hauts reliefs terrestres actuels. L’érosion et les variations du niveau marin ont ensuite naturellement démantelé et aplani ces grands massifs, aujourd’hui résiduels. Les formes actuelles du relief sont aussi liées à la nature des roches régionales (granite, schiste, grès), plus ou moins résistantes à l'érosion, ainsi qu'aux axes d'anciennes failles et à des plissements.
Désormais, la région culmine à moins de 400 mètres d’altitude et ses reliefs se présentent sous la forme de plateaux, de collines et de quelques crêtes dont les plus élevées se concentrent à l’ouest. Le réseau hydrographique forme un chevelu de cours d’eau dense et très ramifié, le sous-sol étant peu perméable. Ce qui se traduit par un grand nombre de très petits cours d’eau. La Vilaine, le Blavet et l’Aulne sont les trois principaux fleuves. Et le littoral est bordé de plusieurs centaines de petits fleuves côtiers qui ont ennoyé d’anciennes vallées, lors de la dernière remontée du niveau de la mer, et forment aujourd’hui des rias et abers.
Comprendre les caractéristiques du réseau hydrographique breton
Quel rôle joue la végétation dans l'identité des paysages bretons ?
Qu'elle soit composée de feuillus, de résineux, de fleurs, une formation végétale apporte une texture au paysage. Les dynamiques biologiques façonnent le paysage et contribuent à sa diversité. Elles dépendent du relief, de la nature du sol, des conditions climatiques et des activités humaines. Ainsi, en Bretagne, le défrichement des forêts est ancien, ce qui n’empêche pas aujourd’hui d’observer l’enfrichement de certains fonds de vallée, abandonnés faute de débouchés économiques.
L’empreinte de nos activités sur les paysages est omniprésente. Même si elle est souvent considérée comme naturelle, voire sauvage, l’essentiel de la végétation est directement issu des activités humaines. Ainsi, les landes sont liées à des sols pauvres mais aussi à des siècles d’exploitation spécifique. Forêts (plus ou moins exploitées) et milieux naturels (plus ou moins gérés) n’occupent que 13 % du territoire et 80% de la végétation se trouve sur des terres agricoles, qui ont donc un rôle essentiel au regard de la biodiversité.
Par ailleurs, le littoral et l’arrière-pays bretons regorgent de végétation méditerranéenne ou parfois plus exotique, introduite à partir du XVIIe siècle et aujourd’hui acclimatée avec succès. Eucalyptus, mimosa, magnolia, araucaria, cyprès de Lambert, chêne vert, etc. définissent en partie la physionomie bretonne. D’une certaine façon, il en va de même de la pomme de terre, adoptée par les Bretons au début du XIXe siècle. Certains fruits comme le kaki ou le kiwi sont devenus plus courants dans les jardins depuis quelques années. Cet apport de végétation nouvelle constitue une des facettes de l’évolution du paysage en Bretagne.
« Si le relief est le squelette d’un paysage, la végétation est sa chair et s’impose aux yeux de l’observateur. » (Yvon Le Caro, géographe à l'Université de Rennes)
Pourquoi un paysage est-il à la fois le résultat et le témoin des sociétés humaines ?
En Bretagne, l'anthropisation des paysages est ancienne. Depuis cinq millénaires, les habitants de la péninsule bretonne occupent, aménagent, façonnent leur territoire et laissent leur empreinte sur le paysage. Le caractère diffus de l’habitat et la prégnance des petites communes est une des caractéristiques des paysages de la région. De nombreux marqueurs historiques et culturels sont visibles : mégalithes, chapelles, enclos paroissiaux, croix, calvaires, fontaines et lavoirs. Bien que ponctuels, ces éléments contribuent à l'identité des paysages.
En exploitant les ressources, les Bretons ont modifié les paysages. Aujourd’hui, les deux-tiers des terres sont agricoles et les activités maritimes sont très développées. Le type de cultures à terre et sur le littoral, la géométrie des parcelles, des exploitations conchylicoles, les systèmes d'exploitation créent des paysages variés et spécifiques (cultures légumières, cultures intensives, bocage et prairies sur collines, parcs ostréicoles et mytilicoles, infrastructures portuaires, etc.).
« L'anthropisation désigne la modification d'un milieu dit « naturel » par les activités humaines. On peut aussi parler d'artificialisation mais ce terme désigne plutôt un état avancé d'anthropisation. L'anthropisation est un processus, le résultat est un milieu anthropisé. » (Source : Ressources de géographie pour les enseignants, Géoconfluences)
Pourquoi le bâti est un miroir des ressources locales ?
Quel que soit le territoire, le bâti traditionnel donne un aperçu des richesses naturelles locales car il puise le plus souvent dans des ressources de proximité, faciles d’accès. Les murs révèlent la nature du sous-sol et les ressources exploitables : granites, schistes, mais aussi terre (dans le bassin de Rennes), pan de bois, etc. Si les toits sont majoritairement en ardoises et non en tuiles de terre cuite en Bretagne, c’est initialement parce que le sous-sol est riche en schistes, même si par la suite on fît venir les ardoises de Trélazé et qu’elles sont aujourd’hui importées d’Espagne. Il en va de même des pierres de granite et du bois de chêne, autrefois considérés comme « nobles » et utilisés dans la construction, ou encore du chaume dont on retrouve la trace dans les pignons débordant de certains toits.
Nombre de murets ponctuent également les paysages. Comme le bâti d’habitation, ils révèlent la nature géologique du sous-sol. Relevant le plus souvent d’activités de cueillette, ces constructions de pierres sèches correspondent à des usages très anciens : parcage, pêcheries, délimitations des parcelles, interface entre l’eau et la mer d’une part et la terre d’autre part, protection contre l’érosion, etc. Ces témoignages sont aujourd’hui très fragilisés.
« Il y a un lien fort entre le bâti, les ressources et les savoir-faire d’un territoire qui s’exprime inévitablement aujourd’hui dans l’identité locale des paysages bretons et inspire le développement actuel de circuits courts dans le bâtiment. » (Lise Vauvert, chargée de mission Paysage au parce naturel régional d'Armorique)
Les réflexions contemporaines sur la construction durable reconnaissent les qualités de certains modes de construction locaux comme les torchis sur ossature bois (les anciens colombages) ou la construction en bauge typique du bassin de Rennes. Le bâti reflète également le rapport des habitants au territoire.
Il existe quelques secteurs où les toits sont en tuiles, par exemple : le Trégor.
Production de matériaux de construction locaux par les carrières bretonne.
- Aller plus loin sur le terrain avec des promenades géologiques en Bretagne
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Notre sélection documentaire pour préparer des visites afin d'avoir une "lecture" géologique du bâti dans plusieurs villes bretonnes :
- Promenade géologique dans Lamballe, M. Jonin et L. Chauris, Editions SGMB (2015)
- Promenade géologique à Brest, P. De Wever (dir.) Editions Biotope (2012)
- Promenade géologique à Fougères, J. Bouffette, S. Blais et J. Hérisset. Editions Biotope, MNHN, BRGM (2011)
- Itinéraires géologiques à Rennes, J. Boufette et S. Bonnet, Editions Agogée (2009)
Que retenir ?
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La Bretagne culmine à moins de 400 mètres d’altitude et ses reliefs se présentent sous la forme de plateaux, de collines et de quelques crêtes dont les plus élevées se concentrent à l’ouest.
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Forêts (plus ou moins exploitées) et milieux naturels (plus ou moins gérés) n’occupent que 13 % du territoire et 80 % de la végétation se trouve sur des terres agricoles, qui ont donc un rôle essentiel dans la diversité des paysages de la région.
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Par ailleurs, le littoral et l’arrière-pays bretons regorgent de végétation méditerranéenne ou parfois plus exotique, introduite à partir du XVIIe siècle et aujourd’hui acclimatée avec succès.
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De nombreux marqueurs historiques et culturels (mégalithes, chapelles, enclos paroissiaux, croix, etc.) contribuent à l'identité des paysages bretons.
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Parce qu’elles sont très développées en Bretagne, les activités agricoles et maritimes créent des paysages variés et spécifiques (cultures légumières, cultures intensives, bocage et prairies sur collines, parcs ostréicoles et mytilicoles, infrastructures portuaires, etc.).
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Enfin, il y a un lien fort entre le bâti, les ressources et les savoir-faire d’un territoire qui s’exprime inévitablement aujourd’hui dans l’identité locale des paysages bretons avec ses ardoises, son granite et son schiste ou encore l'usage du bois.