Indicateurs de suivi de la forêt et du bois en Bretagne

Mise à jour : 29 mars 2024
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La pression de plus en plus forte sur la ressource en bois rend indispensable le suivi de son évolution. Ce suivi est prévu par le plan régional Forêt-Bois 2019-2029 (PRFB). Les actions inscrites au PRFB visent à dynamiser la gestion d’un massif principalement privé, développer des marchés pour les bois présents, en particulier issus de feuillus, et assurer la préservation de l’environnement.

Avec la contribution de nombreux partenaires (FIBOIS, ONF, IGN, AILE, CRPF et le Conseil régional de Bretagne), l'OEB publie des indicateurs régionaux et départementaux pour partager les connaissances sur cette filière : taux de boisement, volumes récoltés, volumes transformés, etc. 

Ce tableau de bord présente quelques indicateurs définis dans le PRFB, pour le suivi de la filière.

 

La surface forestière 

Le premier indicateur concerne les surfaces forestières. Nous avons en Bretagne 430 000 hectares de forêt. Ces données sont produites par l’IGN, en provenance de l'Inventaire forestier national (IFN). Ce sont des données moyennées sur 5 ans d'inventaire dont l’année moyenne est 2019 (période observée : 2017 à 2021).

Il existe des disparités entre les départements. Le Morbihan est le département le plus boisé (18,5 %) et l'Ille-et-Vilaine le moins boisé (10,5 %). Cela s'explique par des sols plus difficiles dans le Morbihan (pauvreté des sols et enrochements dans les landes de Lanvaux), dont moins prisés pour l’agriculture et laissés à la forêt. En Ille-et-Vilaine les sols sont plus riches (sols profonds sur des plaines limoneuses et schisteuses) avec une activité agricole plus développée. La forêt perdure sur des parcelles qui n'ont pas d'autre usage. De plus, les conditions géologiques (roches sédimentaires et granitiques) en Morbihan donnent lieu à une forêt assez typique, avec une prédominance de pins maritimes.

La forêt augmente chaque année en surface. Depuis la moitié du 19e siècle elle a presque doublé et chaque année, il y a entre 4000 et 5000 ha de nouvelles forêts. Ces nouvelles surfaces proviennent principalement de terres agricoles à l'abandon, en friche, puis colonisées par des arbres comme le bouleau ou les saules en fond de vallée.

L’IGN considère comme forêt les parcelles qui font plus de 0,5 hectares et dont au moins 10 % de la surface est couverte par des espèces forestières (5 m de haut). La définition de forêt est donc assez large est permet aisément d’incorporer de nouvelles surfaces.

Par qui est détenue la forêt en Bretagne ?

En Bretagne, 92 % des propriétés forestières sont privées, soit autour de 372 500 ha. La forêt publique représente seulement 8 % de la surface, soit 33 160 ha. La forêt domaniale (appartenant à l’État) représente 5 % de la surface total, soit 19 700 ha gérées par l’Office national des forêts (ONF). L'autre partie des forêts publiques (3 %) appartient aux collectivités (communes, départements, région et autres)  qui confient également sa gestion à l’ONF. 

Alors que l'on a souvent l'impression que la forêt est un bien public, en Bretagne, c’est plutôt de la propriété privée. Lorsque l'on observe la typologie des propriétaires privés, on constate que la majorité d'entre eux détiennent de petites surfaces : sur 128 000 propriétaires forestiers, 70 % ont moins d'un hectare, 92 % ont moins de 4 ha. La moyenne est autour de 2 ha, et très peu de propriétaires (209) possèdent plus de 100 ha. 

Cette situation pose de vrais difficultés au niveau de la filière quant à la gestion durable. La petite taille des parcelles et leur morcellement, multiplient les coûts des opérations d’entretien ou de récolte. Donc ce sont principalement les forêts de plus de 4 hectares qui sont gérées. 

Les documents de gestion durable (DGD)

Il en existe différents types. En forêt publique, on va parler d’Aménagements forestiers pour se référer à un document qui décrit, dans un premier temps, les caractéristiques de la forêt dans chaque massif (les types de peuplements, les essences en place, les volumes à l’hectare, etc.) ; dans un deuxième temps, l'ensemble des travaux prévus et les actions anticipées pour les 15 à 20 ans à venir dans une optique de planification et d’optimisation. 

En forêt privée, trois types des documents de gestion durable peuvent être mises en place :  les plans simples de gestion obligatoire à partir de 20 ha ; les plans simples de gestion volontaire pour les petites forêts entre 10 et 20 ha ; et le code de bonnes pratiques sylvicoles pour les petites forêts de moins de 10 ha (documents simplifié et plus sommaire). Ensuite, il y a le RTG : un document de gestion collectif pour les organisations de producteurs. . 

Ainsi, 1/4 des forêts privés sont sous contrôle d'un document de gestion durable et on arrive à 32 % si l'on ajoute la forêt publique. Les forêts sans obligation de gestion durable, sont essentiellement des petites parcelles qui constituent 34 % de la surface du massif breton. 

A l’autre bout de la chaine les acheteurs finaux de bois ne connaissent pas la provenance du bois et s’il provient d’une forêt gérée durablement. Une traçabilité a été mise en place via quelques labels de certification forestière, pour faire le lien entre la gestion durable du propriétaire et l’acheteur. Le principal en France est le PEFC qui a pour objectif de tracer la gestion durable pendant toutes les étapes de la transformation jusqu’au produit fini. 

En savoir plus sur : les documents de gestion durable des forêts privées : PSG, CBPS, RTG.

L'évolution des surfaces plantées

Si l'on observe l’évolution des surface de la forêt par type d’essence, depuis 2014 on constate une augmentation régulière d’entre 4000 et 5000 ha par an. Cette augmentation est principalement dû aux feuillus, qui représentent autour du 78 % de la surface totale. Les résineux au contraire ont tendance à diminuer, principalement les pins maritimes qui sont passés de 10 % à 7 % de la surface totale. L’épicéa de Sitka reste stable mais dans une proportion plus petite de 4 %.  

Cette dynamique s’explique par l’histoire : après-guerre il y a eu un programme appelé "Fond Forestier National" (FFN) qui a fourni des aides aux propriétaires pour planter. En Bretagne, 90 000 ha ont ainsi été plantés, notamment des résineux comme l'épicéa de Sitka ou le douglas. Cependant, comme tous les massifs ont été plantés en même temps, ils sont également arrivés à maturité au même moment. Ainsi, la récolte d’épicéa de Sitka a été importante ces dernières années, et un nouveau cycle de renouvellement se finalise. Concernant le pin maritime, la récolte s’est intensifiée et une vigilance est nécessaire pour ne pas éroder la ressource.

Entre 2015 et 2022, 1 450 ha ont été plantées Bretagne dans le cadre du Programme Breizh Forêt Bois. Ce programme vise à aider les propriétaires à boiser leurs terres plutôt que de les laisser en friche. Ceci dans l'idée de produire du bois d'œuvre de qualité à moyen et long terme, pour les usages tels que la construction, l’ameublement, l’emballage, etc. Un deuxième volet de ce programme propose de transformer les peuplements plus ou moins anciens et qui sont peu gérés ou de mauvaise qualité (du point de vue du potentiel de production de bois d’œuvre). Un troisième volet vise à aider les propriétaires à réaliser des travaux d’amélioration de leurs peuplements existants. L’objectif est à terme de produire du bois d’œuvre, en tenant compte des enjeux sur le bois de construction et sur le stockage de carbone.

La forêt est le principal puits de carbone en Bretagne (80 tC/ha). La séquestration de carbone repose principalement sur l’accroissement biologique forestier (+ de 6 800 m3/jour). 

Les volumes de bois sur pied

Le déséquilibre entre les feuillus et les résineux est moins marqué en volume sur pied  (70 % / 30 %) qu’en surface  (78 % / 22 %) ; les résineux étant plus productifs que les feuillus.

La récolte annuelle de bois

La récolte annuelle de bois par les exploitants forestiers a été de 870 000 m3 en 2021, alors qu’elle était autour de 1 200 000 m3 en 2016. Comme dit précédemment, ce pic observé en 2016 correspond à l’arrivée à maturité du bois, notamment pour l'épicéa de Sitka. Aujourd'hui la récolte diminue.  Des arbres sont replantés et il faudra quelques années avant qu’ils arrivent à maturité.

Dans le bois récolté il existe plusieurs usages en fonction de la qualité du bois  : dans le bois d’œuvre on trouve du bois pour la construction, l’ameublement, l’emballage ; dans le bois d'industrie on trouve du bois de moins bonne qualité, à destination de la papeterie ou des panneaux de particules pour produire d'autres objets ; enfin le bois-énergie permet de faire du bois de bûche pour le chauffage domestique et des plaquettes forestières pour les chaufferies industrielles.

Entre 60 et 70 % de la récolte de bois en Bretagne est destinée au bois d'œuvre, c'est l'objectif de la sylviculture. Le bois d’œuvre est composé à 80 % de résineux, d'où un paradoxe entre des massifs essentiellement composés de feuillus, alors qu’on récolte principalement des résineux. Les résineux correspondent aussi aux besoins de l'industrie de la construction (le bois de charpente par exemple) et de l'emballage.  Il manque des débouchés pour les feuillus de qualité secondaire qui ne trouvent pas toujours d'autres marchés de valorisation que le bois de chauffage. En parallèle, on observe une augmentation de la récolte pour le bois-énergie, elle passe de 12 à 32 % en 10 ans.

Entreprises de la filière

On observe une évolution des entreprises de la filière de la forêt-bois, on voit une diminution du nombre d'exploitations forestières, alors que le volume récolté reste globalement stable. Celles qui restent sont des exploitations d’envergure régionale et beaucoup moins des petites entreprises maillant le territoire. On observe une diminution des scieries seules et des scieries avec exploitation forestière. Ce sont des scieries qui se sont regroupées ou des exploitations qui se sont agrandies.

Si l'on regarde le nombre de salaries de la filière, on se rends compte qu’elle offre autour de 150 000 emplois. Le secteur de la construction bois embauche autour de 9 900 personnes en Bretagne. C'est une filière importante pour l'emploi, elle compte un peu plus de salariés que le secteur de la pêche ou de l’automobile.

Le bois transformé

Les scieries bretonnes transforment autour de 200 000 m3 de bois, qui permettent d’alimenter le secteur de la construction et de l’emballage. Les résineux sont prédominants et 70 % sont destinés à l'emballage.

Dans les volumes transformés pour la production de bois-énergie, le marché des plaquettes forestières continue d'augmenter et permet d’alimenter les chaufferies industrielles. On observe une évolution du bois exporté en dehors de l'Union Européenne, en 2016 ont été exportés autour de 80 000 tonnes, mais depuis 2020 les exports sont quasiment nuls pour la Bretagne. 

La construction bois

Le marché de la construction de bois se développent depuis 2016 de manière régulière. Pour la construction de maisons individuelles, la part du marché est passé de 8 % en 2016 à 12 % en 2020. Le marché de l’extension-rénovation est plus important, il représente presque un tiers du marché (chiffres nationaux). Il existe un potentiel important pour les bâtiments rénovés. 

Les chaufferies bois 

On observe que le marché des chaudières à granulé se développe de manière très forte pour le chauffage au bois domestique. Cet équipement est majoritairement très récent, plus de 80 % des équipements ayant cinq ans ou moins. On observe tout particulièrement un pic dans l’achat d’équipements granulés depuis 2021, à mettre en lien avec l’augmentation du prix du gaz et de l’électricité, mais aussi des incitations financières particulièrement intéressantes pour les poêles à granulés depuis la mise en place de MaPrimRenov’* en 2020. 

*Dispositif d’aide pour la rénovation énergétique qui est venu remplacer d’autres systèmes comme les aides de l’Agence nationale de l’habitat ou le crédit d’impôt pour la transition énergétique.

Replay café-Data : Quelles évolutions des indicateurs de suivi de la forêt et du bois en Bretagne ?

replay café data

Mardi 2 avril 2014, Alejandro Zermeno Rodriguez (OEB) et Gildas Prévost de l’Association interprofessionnelle de la filière foret-bois (Fibois Bretagne) présentaient ce tableau de bord. Le revoir >>

photo Alejandro-Zermeno-Rodriguez
Alejandro Zermeno Rodriguez
Chef de projet Biomasse
Pôle Énergie-Déchets-Biomasse-Climat
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