Des indicateurs du risque régional de disparition des espèces bretonnes

Par François Siorat (OEB)
Mise à jour : 12 janvier 2024
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patrimoine naturel
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Sommaire de l'article

Plusieurs indicateurs permettent de synthétiser le risque de disparition régional des espèces en Bretagne. Ce risque est évalué avec la méthode Liste Rouge Régionale (LRR).

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indicateur risque régional disparition espèces bretonnes

En l'état des connaissances en 2019, 20,9 % des espèces évaluées et au statut connu (339/1624) sont menacées de disparition à court terme en Bretagne, 8,7 % sont quasi menacées et 70,4 % sont peu concernées.

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indicateur risque disparition espèce inféodée bretagne

Selon l'état des connaissances en 2018, 50 % (67/134) de toutes les espèces inféodées à un seul grand type de milieu et dont l’évaluation est connue, sont menacés de disparition à court terme en Bretagne.

La proportion d’espèces menacées est plus forte pour les espèces inféodées à un seul grand type de milieu que pour les espèces non inféodées ; la différence de proportion est significative.

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indicateur risque régional disparition espèce sensible fragmentation

44,8 % (30/67) des vertébrés particulièrement sensibles à la fragmentation des milieux naturels et 29,9 % des vertébrés peu sensibles sont menacés de disparition à court terme. La différence de proportion est significative.

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indicateur risque disparition Bretagne versus national

Selon l'état des connaissances en 2018, pour 36,6 % (30/82) des espèces bretonnes prises en compte, le risque de disparition à court terme est plus grave à l’échelle régionale que nationale, équivalent pour 51,2 % et moins grave pour 12,2 %.
Les 82 espèces retenues pour la comparaison sont largement réparties et relativement abondantes sur le territoire national.

Compléments

La méthode LRR

L’évaluation des espèces avec la méthode Liste rouge régionale (LRR) permet d’apprécier le risque de disparition à court terme avec une gradation à 6 niveaux : RE éteinte régionalement, CR En danger critique, EN En danger, VU Vulnérable, NT Quasi menacée, LC Peu concernée.

La méthode standardisée de l’UICN a été appliquée conformément au guide méthodologique (UICN France, 2011. Guide pratique pour la réalisation de Listes rouges régionales des espèces menacées – Méthodologie de l’UICN et démarches d’élaboration. Paris, France. 56 p.).

Les espèces non évaluées parmi les groupes pris en compte sont des espèces introduites, accidentelles ou marginales.

Pour les oiseaux, 605 occurrences de nom sont utilisées correspondant à 448 espèces bretonnes distinctes. Certains noms sont en doublon par le fait que l’espèce est évaluée en tant que nicheuse et en tant que migratrice. Le bilan est de 202 noms en espèces nicheuses et 403 en migratrices. Les odonates, évalués en 2019, ont été pris en compte.

La proportion d’espèces menacées est le rapport des catégories RE + CR + EN + VU / RE + CR + EN + VU + NT + LC (RE éteinte régionalement, CR En danger critique, EN En danger, VU Vulnérable, NT Quasi menacée, LC Peu concernée).

Espèces menacées régionalement de disparition

 En moyenne 21 % des espèces évaluées sont menacées, mais avec de grandes disparités selon les groupes. Les reptiles, les oiseaux, à la fois nicheurs et migrateurs, et les papillons de jours dépassent 20 % d’espèces menacées.

Deux cas sont particuliers avec 100 % d’espèces menacées. Ce sont les mammifères marins et les décapodes d’eau douce, deux groupes pour lesquels très peu d’espèces sont évaluables (respectivement 10 et 2) et encore moins ont un statut connu (respectivement 3 et 1), en l’occurrence un statut menacé.

La proportion pour les espèces bretonnes est quasi identique au chiffre national pour la métropole.

Sur 1 711 espèces évaluées, 223 sont classées en catégorie « DD » données insuffisantes.

Résultat national, dans le cadre du projet national piloté par l’ONB :
Proportion d'espèces en catégories éteintes ou menacées dans les listes rouges UICN-MNHN pour la France métropolitaine et ultramarine par rapport au nombre total d'espèces évaluées (pour les groupes évalués dans leur totalité) = 31 % au 1er mai 2017 pour la France métropolitaine et ultramarine et 22 % pour la France métropolitaine.

Compléments méthodologiques

La robustesse de l’indicateur est liée à la qualité des données concernant la dynamique des populations.

Récolte des observations (essentiellement entre 2000 et 2010) par les associations et organismes naturalistes de Bretagne.

Calcul, mise en forme : OEB juillet 2018, MAJ août 2019.

Les informations Listes rouges régionales ont été produites lors d’un travail régional collectif animé par l’OEB et validé en juin 2015 par le CSRPN.

Principal-e contributeur-trice à l’émergence de l’indicateur : M. Hardegen (CBN Brest).

Espèces inféodées menacées régionalement de disparition

De manière générale, une espèce inféodée à un milieu aura moins de plasticité dans ses capacités à s’adapter à des changements rapides tels que des modifications de son habitat, de ses ressources alimentaires, des agressions par les pollutions, du climat, etc. L’évaluation par grand type de milieu du risque de disparition de ces espèces inféodées permet d’approcher pour partie le niveau de menace pesant sur le milieu lui-même.

Les espèces inféodées à un milieu sont proportionnellement plus en danger de disparition que les espèces non inféodées.

En l’état actuel des connaissances et de l’établissement des Listes rouges régionales, seuls les vertébrés et les papillons de jour sont utilisés pour l’analyse.

Une analyse par grands types de milieu est théoriquement possible. Mais le nombre d’espèces inféodées à chacun de ces milieux est relativement faible en comparaison du nombre d’espèces non inféodées. Ainsi, il n’y a que pour les espèces inféodées aux seuls milieux humides que l’on peut conclure à une plus forte proportion d’espèces menacées.
Pour les autres grands types de milieu, on constate que la proportion des inféodées menacées est en général plus importante que celle des non inféodées mais sans pouvoir totalement exclure un biais dû au petit nombre d’espèces chaque fois concernées (moins de 10).

Les poissons strictement marins ne sont pas pris en compte et les oiseaux ne sont pris en compte que dans leur évaluation en tant que nicheur. Lorsque les données pour d’autres groupes seront disponibles, elles permettront de consolider l’analyse par milieux.

Compléments méthodologiques

La robustesse de l’indicateur est étroitement liée à celle de la donnée concernant le statut en listes rouges régionales.

Les espèces traitées

Les poissons marins n’ont pas été pris en compte car il n’y a pas de Liste rouge régionale pour ces espèces. Le risque de disparition pour les espèces d’oiseaux migrateurs n’a pas été pris en compte car leur niveau de spécificité à un grand type de milieu n’a pas été évalué.

Espèce « inféodée »

La notion de « inféodée » (niveau de sténoécie) repose sur l’analyse des occurrences préférentielles ou exclusives des espèces dans un milieu donné en Bretagne (cf. source méthodologique ci-dessous). 166 espèces inféodées à un seul grand type de milieu ont été identifiées.

Les espèces utilisées pour l’indicateur :

AGRICOLE OUVERT Campagnol des champs, Lièvre d'Europe, Caille des blés, Pie-grièche écorcheur.

MIXTE Barbastelle d'Europe, Grand Rhinolophe, Lapin de garenne, Muscardin, Petit Rhinolophe, Chevêche d'Athéna, le Gazé (Aporia crataegi).

COTIER Avocette élégante, Chevalier gambette, Grand Gravelot, Gravelot à collier interrompu, Huîtrier pie, Pipit maritime, l'Azuré des dunes (Plebejus argus plouharnelensis).

COURS D’EAU Ablette, Brème bordelière, Brème commune, Brochet, Caridine, Carpe commune, Chabot, Chevaine, Ecrevisse à pattes blanches, Epinoche, Epinochette, Gardon, Goujon, Loche franche, Perche, Rotengle, Tanche, Truite commune, Vairon, Vandoise rostrée.

BOISE Martre des pins, Murin d'Alcathoe, Murin de Bechstein, Murin de Natterer, Oreillard roux, Autour des palombes, Bec-croisé des sapins, Bondrée apivore, Grimpereau des bois, Grosbec casse-noyaux, Mésange noire, Pic cendré, Pic mar, Pic noir, Pouillot siffleur, la Thécla du chêne (Quercusia quercus), la Thécla de l'orme (Satyrium W-album), le Grand Sylvain (Limenitis populi), le Petit Sylvain (Limenitis camilla), le Grand Collier argenté (Boloria euphrosyne), le Tabac d'Espagne (Argynnis paphia), le Grand Mars changeant (Apatura iris), le Petit Mars changeant (Apatura ilia), la Grande Tortue (Nymphalis polychloros).

LANDES Busard cendré, Busard Saint-Martin, Courlis cendré, Engoulevent d'Europe, Fauvette pitchou, Linotte mélodieuse, l'Azuré des mouillères (Maculinea alcon), l'Azuré des landes (Plebejus argus philonome), l'Azuré du Genêt (Plebejus idas).

MARIN Dauphin bleu et blanc, Dauphin commun, Dauphin de Risso, Globicephale noir, Grand dauphin, Cormoran huppé, Eider à duvet, Fou de Bassan, Fulmar boréal, Guillemot de Troïl, Macareux moine, Mouette tridactyle, Océanite tempête, Pingouin torda, Phoque gris, Phoque veau-marin, Puffin des Anglais, Sterne caugek, Sterne de Dougall, Sterne naine, Sterne pierregarin.

PELOUSE Crave à bec rouge, Traquet motteux, le Point de Hongrie (Erynnis tages), l'Hespérie de l'Ormière (Pyrgus malvae), l'Hespérie des potentilles (Pyrgus armoricanus), l'Hespérie des sanguisorbes (Spiala sertorius), la Virgule (Hesperia comma), l'Aurore (Anthocharis cardamines), la Piéride des biscutelles (Euchloe crameri), le Marbré de vert (Pontia daplidice), l'Azuré du Serpolet (Maculinea arion), l'Azuré du thym (Pseudophilotes baton), l'Azuré des anthyllides (Cyaniris semiargus), l'Azuré de la Bugrane (Polyommatus icarus), la Mélitée du Plantain (Melitaea cinxia), la Mélitée de la Lancéole (Melitaea parthenoïdes), la Mélitée des centaurées (Melitaea phoebe), la Mégère (Lasiommata megera), le Fadet commun (Coenonympha pamphilus), le Demi-deuil (Melanargia galathea), le Myrtil (Maniola jurtina), le Faune (Hipparchia statilinus), l'Agreste (Hipparchia semele).

URBAIN Souris domestique, Hirondelle rustique, Moineau domestique.

ZONES HUMIDES Alyte accoucheur, Crapaud calamite, Grenouille agile, Grenouille de Lessona, Grenouille rousse, Grenouille verte, Pélodyte ponctué, Rainette verte, Salamandre tachetée, Triton alpestre, Triton crêté, Triton marbré, Triton palmé, Triton ponctué,, Campagnol amphibie, Castor d’Europe, Crossope aquatique, Loutre d'Europe, Murin de Daubenton, Barge à queue noire, Bergeronnette des ruisseaux, Butor étoilé, Canard chipeau, Canard colvert, Canard souchet, Echasse blanche, Foulque macroule, Fuligule milouin, Fuligule morillon, Gallinule poule-d'eau, Gorgebleue à miroir, Grèbe castagneux, Grèbe huppé, Locustelle luscinioïde, Martin-pêcheur d'Europe, Panure à moustaches, Phragmite des joncs, Râle d'eau, Rousserolle effarvatte, Rousserolle verderolle, Sarcelle d'été, Sarcelle d'hiver, Tarier des prés, Couleuvre à collier, Lézard vivipare.

Milieux

Par milieux il faut comprendre grands types de milieux tels qu’abordés dans le cadre du jeu d’indicateurs : milieux forestiers, bocagers, de landes (végétations hautes non arbustives), pelouses (végétations rases), de cours d’eau, humides, des eaux estuariennes, d’estran et dunes, marins côtiers, urbains.

Statistiques

Pour établir la significativité d’une différence de pourcentage, le test d’indépendance par Khi2 a été utilisé. Ont été déclarées comme fortement significatives les différences avec une probabilité de se tromper inférieure à 5 %. Le test Khi2 est reconnu valable si les effectifs des classes théoriques traitées sont supérieurs à 5. 

Dans le cadre du projet national piloté par l’ONB : cf. Indicateur Proportion d'espèces en catégories éteintes ou menacées dans les listes rouges UICN-MNHN pour la France métropolitaine et ultramarine par rapport au nombre total d'espèces évaluées (pour les groupes évalués dans leur totalité).

Récolte des observations (essentiellement entre 2000 et 2010) par les associations et organismes naturalistes de Bretagne.

Calcul, mise en forme : OEB juillet 2018.

Les informations « Listes rouges régionales » ont été produites lors d’un travail régional collectif, animé par l’OEB et validé par le CSRPN.

Espèces sensibles à la fragmentation menacées régionalement de disparition

Certaines espèces, de par leurs exigences écologiques, sont plus sensibles que les autres à la fragmentation des milieux naturels. L’évaluation du risque de disparition de ces espèces particulièrement sensibles permet d’approcher la part de l’impact de la fragmentation des milieux naturels dans l’ensemble des impacts d’érosion de la biodiversité.

Seuls les vertébrés, la flore et les crustacés d’eau douce ont fait l’objet d’une évaluation du risque de disparition. La flore n’a pas été évaluée en matière de sensibilité à la fragmentation.

29,9 % des vertébrés peu sensibles à la fragmentation sont menacés. Ce pourcentage est significativement différent de celui concernant les espèces particulièrement sensibles à la fragmentation. Ainsi, les espèces particulièrement sensibles à la fragmentation des milieux naturels sont proportionnellement plus en danger de disparition que les espèces moins sensibles.

Compléments méthodologiques

Espèce « sensibles »

Les espèces dites particulièrement sensibles à la fragmentation sont discriminées sur la base de la sensibilité de leurs exigences écologiques face à la fragmentation de leurs habitats. A dire d’experts, ont été identifiées les espèces dont la conservation est fortement dépendante de la gestion de connexions (établir, maintenir, renforcer une connexion ou ne pas connecter) dans le contexte régional. Pour tenir compte de cette approche régionale, les habitats ont été reliés à des grands types de milieux naturels et semi naturels. Ainsi, certaines espèces sensibles à la fragmentation de milieux trop marginaux à l’échelle régionale non pas été prises en compte.

Parmi les espèces discriminées il y a 49 espèces de vertébrés, tous niveaux de risque de disparition confondus.

Les espèces utilisées pour l’indicateur :

AMPHIBIENS Crapaud calamite, Rainette verte, Salamandre tachetée, Triton marbré.

MAMMIFERES Barbastelle d'Europe, Campagnol amphibie, Castor d'Eurasie, Cerf élaphe, Écureuil roux, Grand rhinolophe, Lapin de garenne, Loutre d'Europe, Martre des pins, Murin de Bechstein, Murin de Daubenton, Muscardin, Petit rhinolophe.

OISEAUX Bernache cravant, Bouscarle de Cetti, Bouvreuil pivoine, Bruant jaune, Busard cendré, Busard des roseaux, Busard Saint-Martin, Courlis cendré, Fauvette pitchou, Locustelle luscinioïde, Mésange nonnette, Phragmite aquatique, Phragmite des joncs, Pic cendré, Pic épeichette, Pic mar, Pipit farlouse, Pouillot siffleur, Traquet motteux.

POISSONS D’EAU DOUCE ET AGNATHES Alose feinte, Anguille européenne, Brochet, Chabot commun, Grande Alose, Lamproie fluviatile, Lamproie marine, Lamproie de Planer, Saumon atlantique, Truite commune.

REPTILES Coronelle lisse, Lézard vivipare, Vipère péliade.

Statistique

Pour établir la significativité d’une différence de pourcentage, le test d’indépendance par Khi2 a été utilisé. Ont été déclarées comme significatives les différences avec une probabilité de se tromper inférieure à 5 %. Le test Khi2 est reconnu valable si les effectifs des classes traitées sont supérieurs à 5.

La robustesse de l’indicateur est liée à la qualité des données concernant la dynamique des populations et l’évaluation du niveau de sensibilité à la fragmentation des milieux naturels.

Les 54 espèces de vertébrés discriminées comme particulièrement sensibles n’ont pas les mêmes exigences vis-à-vis des continuités écologiques, en termes de milieux, d’échelle... Il y a une grande diversité. Ainsi, l’indicateur n’a de valeur que comme une appréciation globale, à l'échelle régionale, tous types de milieux confondus.

Quand les données seront disponibles et selon leur pertinence, la prise en compte d’autres groupes d’espèces (flore, invertébrés) permettraient de consolider l’analyse.

Pour affiner la prégnance de la fragmentation sur d’autres causes de dégradation, une analyse multi critères serait souhaitable pour autant que les données adéquates soient disponibles.

Liste des espèces menacées particulièrement sensibles à la fragmentation
CR En danger critique, EN En danger, VU Vulnérable
Écrevisse à pattes blanches    EN
Gazé    VU
Hespérie de l’Ormière    EN
Grand Nacré    EN
Grand collier argenté    RE
Petit collier argenté    EN
Céphale    EN
Damier de la Succise    EN
Virgule    CR
Faune    EN
Azuré de la Pulmonaire    CR
Mélitée du mélampyre    EN
Azuré des landes    EN
Azuré du Genêt    EN
Azuré du thym    EN
Lucine    CR
Castor d’Europe    EN
Grand Rhinolophe     EN
Traquet motteux    EN
Bouvreuil pivoine    VU
Busard cendré    CR
Busard des roseaux     EN
Busard Saint-Martin    EN
Courlis cendré    EN
Locustelle luscinioïde    EN
Pipit farlouse    VU
Pic cendré    CR
Anguille européenne    CR
Grande Alose    EN
Vipère péliade    EN

Récolte des observations par les associations et organismes naturalistes de Bretagne ; calcul, mise en forme : OEB juillet 2018.

Les informations « espèce sensible à la fragmentation » ont été produites lors d’un travail régional collectif animé par l’OEB en 2015 (dans le cadre du Schéma régional de cohérence écologique) et poursuivi en 2017. Les informations « Listes rouges régionales » ont été produites lors d’un travail régional collectif animé par l’OEB et validé en juin 2015 par le CSRPN.

Ecart entre le niveau régional et national du risque de disparition des espèces

Le risque de disparition (méthode issue de la dynamique UICN des listes rouges) est évalué à une certaine échelle spatiale (selon les besoins : mondiale, aire biogéographique européenne, métropole, régionale) et temporelle (la méthode impose un examen des données sur 10 ans ou 3 générations pour les espèces longévives). La comparaison des deux échelles spatiales, régionale et nationale, permet d’apprécier le contexte national des menaces qui sont prégnantes au niveau régional.

Ainsi, toutes espèces confondues, le bilan révèle une aggravation globale du risque de disparition. Dans la mesure où les espèces utilisées sont des espèces plutôt abondantes et largement réparties à la fois à l’échelle régionale et métropolitaine, un tel bilan pourrait être mis en relation avec des pressions globales s’exerçant uniformément sur le territoire. Par exemple, on peut noter que l’occupation du sol en Bretagne est parmi les plus morcelées et fragmentées des régions de France.

Une analyse par groupes d’espèces dévoile une situation contrastée selon les groupes. Pour les amphibiens, oiseaux nicheurs et poissons d’eau douce, le bilan est équilibré entre les situations « plus grave » / « moins grave ». Cependant le petit nombre d’espèces utilisables par groupe pour l’analyse doit porter à la prudence quant à une interprétation relative, notamment, à l’état de santé des milieux fréquentés par ces espèces.

Compléments méthodologiques

A partir des 1 852 espèces de faune et flore évaluées en listes rouges régionales, les espèces qui introduiraient un biais méthodologique ont été identifiées. Ainsi ont été éliminées celles dont l’évaluation nationale n’est pas encore documentée (par exemple 1 193 espèce de flore), les espèces marginales, accidentelles ou exotiques en Bretagne (codées NA en listes rouge), les populations à très petits effectifs régionaux, celles dont l’abondance régionale représente moins de 5 % du national ainsi que celles dont la population régionale dépasse 30 % de la population nationale.

Liste des 82 espèces utilisées pour l’analyse :

AMPHIBIENS Crapaud commun, Triton marbré

MAMMIFERES Barbastelle d'Europe, Campagnol amphibie, Campagnol souterrain, Crocidure leucode, Grand Rhinolophe, Loutre d'Europe, Phoque veau-marin, Pipistrelle de Nathusius

ODONATES Leucorrhine à front blanc, Leucorrhine à large queue, Naïade aux yeux rouges, Onychogomphe à crochets, Oxycordulie à corps fin, Pennipatte orangé

OISEAUX MIGRATEURS Avocette élégante, Barge à queue noire, Bécasse des bois, Bécasseau maubèche, Bécasseau variable, Canard colvert, Canard pilet, Canard siffleur, Grèbe à cou noir, Macreuse noire, Mouette rieuse, Phragmite aquatique, Sarcelle d'hiver, Tadorne de Belon

OISEAUX NICHEURS Aigrette garzette, Avocette élégante, Bondrée apivore, Bouscarle de Cetti, Bouvreuil pivoine, Bruant des roseaux, Canard colvert, Chevalier gambette, Echasse blanche, Epervier d'Europe, Faucon crécerelle, Faucon hobereau, Fauvette pitchou, Fulmar boréal, Grand Cormoran, Gravelot à collier interrompu, Grèbe castagneux, Grèbe huppé, Locustelle luscinioïde, Mésange noire, Mouette tridactyle, Panure à moustaches, Pipit farlouse, Pouillot fitis, Râle d'eau, Roitelet huppé, Sterne caugek, Sterne pierregarin, Tadorne de Belon

POISSONS EAU DOUCE Alose vraie, Anguille européenne, Chabot, Epinochette, Goujon, Lamproie de Planer, Lamproie marine, Truite commune

REPTILES Lézard vivipare, Vipère péliade

RHOPALOCERES Agreste, Azuré de la Pulmonaire, Azuré des dunes, Azuré des landes, Azuré du Genêt, Azuré du trèfle, Azuré porte-queue, Cardinal, Cuivré fuligineux, Gazé, Grand mars changeant, Hespérie de l’Ormière, Hespérie du Chiendent, Miroir

Récolte des observations (essentiellement entre 2000 et 2010) par les associations et organismes naturalistes de Bretagne.

Calcul, mise en forme : OEB août 2019.

Les informations Listes rouges régionales ont été produites lors d’un travail régional collectif animé par l’OEB et validé en juin 2015 par le CSRPN. Les informations Listes rouges nationales sont mises à disposition sur le site de l’INPN (consulté le 25/09/2019).

Une démarche collective

De multiples acteurs participent à l'élaboration des Listes rouges en Bretagne. Dès 2016, l'OEB a animé les dynamiques d'élaboration de ces listes. Suite à leur mise en place, ce sont les Observatoires régionaux faune et flore (ORFF) qui pilotent les travaux.

Quelques-uns des organismes ayant participé aux travaux : Bretagne grands migrateurs (pilote d'ORFF), Bretagne vivante (pilote d'ORFF), Conservatoire botanique national de Brest (pilote d'ORFF), fédérations départementales de pêche ou de chasse, Fédération régionale de chasse, Groupe d'études des oiseaux des Côtes d'Armor, Groupe mammalogique breton (pilote d'ORFF), Groupe d'études des invertébrés du massif armoricain (pilote d'ORFF), Ifremer, Ligue pour la protection des oiseaux, Office français pour la biodiversité, Office national des forêts, Station marine de Concarneau, VivArmor Nature... ainsi que divers experts par ailleurs rattachés à des organismes de recherche (CNRS, Ecobio, IUEM...).

En fin de processus d'élaboration, le Conseil scientifique régional du patrimoine naturel statut sur la validité des résultats.

Données et méthode
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