Des indicateurs de l'état de conservation régional des espèces bretonnes

Par François Siorat (OEB)
Mise à jour : 22 janvier 2024
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patrimoine naturel
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Sommaire de l'article

L'état de conservation évalue une espèce par rapport à une situation passée, ou à une situation idéale jugée bien plus favorable à sa conservation. Plusieurs indicateurs permettent de synthétiser l'état de conservation régional des espèces en Bretagne. L'évaluation est effectuée selon une méthode dérivée de la méthode nationale. Les premiers taxons ont été évalués en 2015.

Un état de conservation régional défavorable pour une majorité de la faune bretonne

43,7 % (93/213) de la faune étudiée est dans un état de conservation défavorable en Bretagne. Sur les 9 taxons de flore évalués, tous d'intérêt européen, 4 sont dans un bon état de connaissance dont 1 seul en état de conservation régional satisfaisant.

53,3 % (56/105) de la faune strictement inféodée à un seul grand type de milieu est aussi en état de conservation défavorable en Bretagne. Cette part est de 52,5 % (21/40) pour la faune citée par les directives Oiseaux (annexe 1) et Habitats (annexe 2) et elle passe à 82,1 % (32/39) pour les espèces très sensibles à la fragmentation de leur milieu.

Compléments

Méthode ECR

L’état de conservation, selon la méthodologie utilisée pour ces indicateurs, est une évaluation de l’état de santé d’une espèce. Il est possible de faire référence à une situation idéale ou une situation éloignée dans le passé et connue pour avoir été bien plus propice que l’actuelle pour la survie de l’espèce.

La méthode utilisée à l’échelle bretonne est fondée sur la méthode nationale développée pour évaluer l’état de conservation des habitats et des espèces d’intérêt communautaire (Bensettiti et al., 2012). Quatre paramètres sont évalués séparément : aire de répartition, taille de la population, habitat de l’espèce, perspectives ; puis ils sont combinés afin de produire l’évaluation globale, catégorisée en quatre classes : favorable, défavorable inadéquat, défavorable mauvais, inconnu. Pour tenir compte de la nature et de l’état des données en Bretagne, des ajustements mineurs dans les seuils et la combinaison des quatre paramètres ont été apportés.

L'évaluation concerne l’ensemble de la population régionale des espèces. Le résultat pourrait être différent si l’évaluation portait uniquement sur les populations incluses dans un périmètre tel celui de Natura 2000 par exemple.

Les espèces introduites, marginales ou accidentelles non pas été évaluées soit 94 espèces.
Seuls les oiseaux en tant que nicheurs ont été considérés : la notion d’état de conservation à l’échelle régionale pour des espèces qui seraient exclusivement migratrices (hivernantes en Bretagne ou de passage) ne semble pas pertinente avec les paramètres définis par Bensettiti et al. (2012).

Pour les espèces d’intérêt communautaire, une révision de l’état de conservation à l’échelle nationale a lieu tous les 5 ans. C’est un pas de temps qui semble trop court pour acquérir assez de données sur toutes les espèces bretonnes.

La méthode nationale « état de conservation » a été utilisée à des échelles infra régionales, notamment dans le cadre des périmètres des zones Natura 2000.

La robustesse des indicateurs est liée à celle des données concernant le statut en état de conservation. Ces données présentent certaines faiblesses :
- ancienneté de l’évaluation par rapport au moment du calcul ; les données utilisées pour évaluer l’état de conservation peuvent remonter à une dizaine d’années par rapport au calcul du présent indicateur ; l’interprétation doit en tenir compte ;
- proportion d’espèces à l’état de conservation inconnu ; si leur statut était connu, peut-être que la proportion Favorable / Défavorable observée actuellement serait changée ;
- quantification ou qualification à dire d’experts ; un certain nombre de statut est établi plus à dire d’experts par qualification que par une quantification d’effectifs, de répartition, etc. ; si in fine le statut est établi de manière collégiale, il a fallu parfois tranché entre des avis différents.

Calcul des indicateurs et mise en forme : OEB juillet 2018.

BENSETTITI F., PUISSAUVE R., LEPAREUR F., TOUROULT J. & MACIEJEWSKI L. 2012. Evaluation de l'état de conservation des habitats et des espèces d'intérêt communautaire – Guide méthodologique – DHFF article 17, 2007-2012. Service du patrimoine naturel, Muséum national d'histoire naturelle, Paris, 76 p.

MASSON G. & HARDEGEN M. 2015 – Natura 2000 en Bretagne : Espèces végétales d’intérêt communautaire. Bilan des connaissances et enjeux de conservation. DREAL Bretagne. Brest : Conservatoire botanique national de Brest. 43 p. Principal-e contributeur-trice à l’émergence de l’indicateur : M. Hardegen (CBN Brest).

Plus de détails méthodologiques : Méthode État de conservation régional de la faune en Bretagne

La collecte des observations est en très grande majorité le fait des associations et organismes naturalistes de Bretagne.

De multiples acteurs participent à l'élaboration des listes en Bretagne. Dès 2014, l'OEB a animé les dynamiques d'élaboration de ces listes. Par la suite, les mises à jour ou les nouveaux taxons abordés sont le fait des Observatoires régionaux faune flore.

Quelques-uns des organismes ayant participé aux travaux : Bretagne grands migrateurs (pilote d'ORFF), Bretagne vivante (pilote d'ORFF), Conservatoire botanique national de Brest (pilote d'ORFF), fédérations départementales de pêche ou de chasse, Fédération régionale de chasse, Groupe d'études des oiseaux des Côtes d'Armor, Groupe mammalogique breton (pilote d'ORFF), Groupe d'études des invertébrés du massif armoricain (pilote d'ORFF), Ifremer, Ligue pour la protection des oiseaux, Office français pour la biodiversité, Office national des forêts, Station marine de Concarneau, VivArmor Nature... ainsi que divers experts par ailleurs rattachés à des organismes de recherche (CNRS, Ecobio, IUEM...).

En fin de processus d'élaboration, le Conseil scientifique régional du patrimoine naturel statut sur la validité des résultats.

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François Siorat
Chef du pôle nature & paysages | Chef de projet patrimoine naturel
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