Des indicateurs de l'état de conservation régional des espèces bretonnes

Par François Siorat (OEB)
Mise à jour : 22 janvier 2024
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patrimoine naturel
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Sommaire de l'article

Plusieurs indicateurs permettent de synthétiser l'état de conservation régional des espèces en Bretagne. L'évaluation est effectuée selon une méthode dérivée de la méthode nationale.

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indicateur état conservation régional des espèces

Selon l'état des connaissances en 2018, 56,3 % (120/213) des espèces de vertébrés à l’évaluation connue sont en état de conservation favorable à l'échelle régionale et 43,7 % en état défavorable.

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indicateur état conservation régional espèces inféodées à un milieu en Bretagne

En l'état des connaissances en 2018, 53,3 % (49/105) des espèces inféodées à un seul grand type de milieu sont en état de conservation défavorable. La proportion d’espèces en état de conservation défavorable est plus forte pour les espèces inféodées à un seul grand type de milieu que pour les espèces non inféodées ; la différence de proportion est significative.

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indicateur état de conservation regional espèces sensibles à la fragmentation en Bretagne

82,1 % (7/39) des vertébrés particulièrement sensibles à la fragmentation des milieux naturels ainsi que 35,1 % des vertébrés peu sensibles sont en état de conservation défavorable. La différence de proportion est significative.

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indicateur état de conservation régional espèces communautaires en Bretagne

En l'état des connaissance en 2018, 49 % (19/39) des espèces de vertébrés d’intérêt communautaire dont l’évaluation est connue sont en état de conservation favorable à l'échelle régionale ainsi que 20 % (1/5) de la flore d’intérêt communautaire dont l’évaluation est connue.

Compléments

Méthode ECR

L’état de conservation, selon la méthodologie utilisée pour ces indicateurs, est une évaluation de l’état de santé d’une espèce. Il est possible de faire référence à une situation idéale ou une situation éloignée dans le passé et connue pour avoir été bien plus propice que l’actuelle pour la survie de l’espèce.

La méthode utilisée à l’échelle bretonne est fondée sur la méthode nationale développée pour évaluer l’état de conservation des habitats et des espèces d’intérêt communautaire (Bensettiti et al., 2012). Quatre paramètres sont évalués séparément : aire de répartition, taille de la population, habitat de l’espèce, perspectives ; puis ils sont combinés afin de produire l’évaluation globale, catégorisée en quatre classes : favorable, défavorable inadéquat, défavorable mauvais, inconnu. Pour tenir compte de la nature et de l’état des données en Bretagne, des ajustements mineurs dans les seuils et la combinaison des quatre paramètres ont été apportés (cf. documentation méthodologique).

Les vertébrés - à l’exclusion des poissons marins - présentaient des données suffisantes pour être pris en compte soit 368 espèces. Parmi elles, les espèces introduites, marginales ou accidentelles non pas été évaluées soit 94 espèces.
Seuls les oiseaux en tant que nicheurs ont été considérés : la notion d’état de conservation à l’échelle régionale pour des espèces qui seraient exclusivement migratrices (hivernantes en Bretagne ou de passage) ne semble pas pertinente avec les paramètres définis par Bensettiti et al. (2012).

Une révision de l’état de conservation à l’échelle nationale (pour les espèces d’intérêt communautaire) a lieu tous les 5 ans. C’est un pas de temps qui semble trop court pour acquérir assez de données sur toutes les espèces bretonnes. Si un pas de temps de 5 ans est envisageable pour quelques espèces bretonnes ciblées pour leur intérêt, un pas de temps de 7 à 10 ans doit être envisagé pour les autres. Cependant, les indicateurs peuvent être mis à jour pour chaque nouveau taxon qui serait évalué (flore, invertébrés, etc.).

La méthode nationale « état de conservation » a été utilisée à des échelles infra régionales, notamment dans le cadre des périmètres des zones Natura 2000.

La robustesse des indicateurs est liée à celle des données concernant le statut en état de conservation. Ces données présentent certaines faiblesses :
- ancienneté de l’évaluation par rapport au moment du calcul ; les données utilisées pour évaluer l’état de conservation peuvent remonter à une dizaine d’années par rapport au calcul du présent indicateur ; l’interprétation doit en tenir compte ;
- proportion d’espèces à l’état de conservation inconnu ; si leur statut était connu, peut-être que la proportion Favorable / Défavorable observée actuellement serait changée ;
- quantification ou qualification à dire d’experts ; un certain nombre de statut est établi plus à dire d’experts par qualification que par une quantification d’effectifs, de répartition, etc. ; si in fine le statut est établi de manière collégiale, il a fallu parfois tranché entre des avis différents.

La prise en compte de la flore vasculaire et des invertébrés continentaux, quand leur état de conservation sera évalué, serait une amélioration.

Source méthodologique : BENSETTITI F., PUISSAUVE R., LEPAREUR F., TOUROULT J. & MACIEJEWSKI L. 2012. Evaluation de l'état de conservation des habitats et des espèces d'intérêt communautaire – Guide méthodologique – DHFF article 17, 2007-2012. Service du patrimoine naturel, Muséum national d'histoire naturelle, Paris, 76 p.

Comparaison de pourcentage
Pour établir la significativité d’une différence de pourcentage, le test d’indépendance par Khi2 a été utilisé. Ont été déclarées comme fortement significatives les différences avec une probabilité de se tromper inférieure à 1 %. Le test Khi2 est reconnu valable si les effectifs des classes traitées sont supérieurs à 5.

Etat de conservation régional en Bretagne

Les données sur la flore vasculaire ne sont pas intégrées car elles ne concernent que les 9 taxons d’intérêt communautaire sur les plus de 1 000 espèces présentes en Bretagne.
En l’état, l’indicateur concerne uniquement la faune vertébrée, à l’exclusion des poissons marins. La flore (hors 9 taxons d’intérêt communautaire) et les invertébrés n’ont pas été encore évalués.
Tout groupe confondu, il y presque un quart (24 %) des espèces pour lesquelles les données sont insuffisantes pour évaluer l’état de conservation (classe Inconnu).

Récolte des observations (essentiellement entre 2000 et 2010) par les associations et organismes naturalistes de Bretagne.
Calcul, mise en forme : OEB juillet 2018.
Les informations « Etat de conservation » ont été produites lors d’un travail régional collectif animé par le GIPBE en 2017.

Etat de conservation régional des espèces inféodées

De manière générale, une espèce inféodée à un milieu aura moins de plasticité dans ses capacités à s’adapter à des changements rapides tels que des modifications de son habitat, de ses ressources alimentaires, des agressions par les pollutions, du climat, etc. L’évaluation par milieu de l’état de conservation de ces espèces inféodées permet d’approcher pour partie le niveau de menace pesant sur le milieu lui-même.

53,3 % des espèces inféodées à un seul grand type de milieu sont dans un état de conservation défavorable alors que cette proportion est de 34,3 % pour les espèces non inféodées. La différence de proportion est fortement significative. Ces espèces plus exigeantes que les autres par rapport aux conditions de vie sont proportionnellement en moindre état de conservation que les espèces non inféodées.
Il est à noter que les données utilisées pour évaluer l’état de conservation présentent certaines faiblesses.
Une analyse par grands types de milieu est théoriquement possible. Mais le nombre d’espèces inféodées à chacun de ces milieux est relativement faible en comparaison du nombre d’espèces non inféodées. Ainsi, il n’y a que pour les espèces inféodées aux seuls milieux humides ou aux seuls milieux marins côtiers que l’on peut conclure à une plus forte proportion d’espèces en état de conservation défavorable.

Pour les autres grands types de milieu, on constate que la proportion des inféodées en « défavorable » est en général plus importante que celle des non inféodées mais sans pouvoir totalement exclure un biais dû au petit nombre d’espèces chaque fois concernées (moins de 10).

Lorsque les données pour d’autres groupes seront disponibles, elles permettront de consolider l’analyse par milieux.

Espèce « spécifique »
La notion de « inféodée » (niveau de sténoécie) repose sur l’analyse des occurrences préférentielles ou exclusives des espèces dans un milieu donné en Bretagne.
Les espèces utilisées pour l’indicateur :
AGRICOLE OUVERT Campagnol des champs, Lièvre d'Europe, Caille des blés, Pie-grièche écorcheur.
MIXTE Barbastelle d'Europe, Grand Rhinolophe, Lapin de garenne, Muscardin, Petit Rhinolophe, Chevêche d'Athéna, le Gazé (Aporia crataegi).
COTIER Avocette élégante, Chevalier gambette, Grand Gravelot, Gravelot à collier interrompu, Huîtrier pie, Pipit maritime, l'Azuré des dunes (Plebejus argus plouharnelensis).
COURS D’EAU Ablette, Brème bordelière, Brème commune, Brochet, Caridine, Carpe commune, Chabot, Chevaine, Ecrevisse à pattes blanches, Epinoche, Epinochette, Gardon, Goujon, Loche franche, Perche, Rotengle, Tanche, Truite commune, Vairon, Vandoise rostrée.
BOISE Martre des pins, Murin d'Alcathoe, Murin de Bechstein, Murin de Natterer, Oreillard roux, Autour des palombes, Bec-croisé des sapins, Bondrée apivore, Grimpereau des bois, Grosbec casse-noyaux, Mésange noire, Pic cendré, Pic mar, Pic noir, Pouillot siffleur, la Thécla du chêne (Quercusia quercus), la Thécla de l'orme (Satyrium W-album), le Grand Sylvain (Limenitis populi), le Petit Sylvain (Limenitis camilla), le Grand Collier argenté (Boloria euphrosyne), le Tabac d'Espagne (Argynnis paphia), le Grand Mars changeant (Apatura iris), le Petit Mars changeant (Apatura ilia), la Grande Tortue (Nymphalis polychloros).
LANDES Busard cendré, Busard Saint-Martin, Courlis cendré, Engoulevent d'Europe, Fauvette pitchou, Linotte mélodieuse, l'Azuré des mouillères (Maculinea alcon), l'Azuré des landes (Plebejus argus philonome), l'Azuré du Genêt (Plebejus idas).
MARIN Dauphin bleu et blanc, Dauphin commun, Dauphin de Risso, Globicephale noir, Grand dauphin, Cormoran huppé, Eider à duvet, Fou de Bassan, Fulmar boréal, Guillemot de Troïl, Macareux moine, Mouette tridactyle, Océanite tempête, Pingouin torda, Phoque gris, Phoque veau-marin, Puffin des Anglais, Sterne caugek, Sterne de Dougall, Sterne naine, Sterne pierregarin.
PELOUSE Crave à bec rouge, Traquet motteux, le Point de Hongrie (Erynnis tages), l'Hespérie de l'Ormière (Pyrgus malvae), l'Hespérie des potentilles (Pyrgus armoricanus), l'Hespérie des sanguisorbes (Spiala sertorius), la Virgule (Hesperia comma), l'Aurore (Anthocharis cardamines), la Piéride des biscutelles (Euchloe crameri), le Marbré de vert (Pontia daplidice), l'Azuré du Serpolet (Maculinea arion), l'Azuré du thym (Pseudophilotes baton), l'Azuré des anthyllides (Cyaniris semiargus), l'Azuré de la Bugrane (Polyommatus icarus), la Mélitée du Plantain (Melitaea cinxia), la Mélitée de la Lancéole (Melitaea parthenoïdes), la Mélitée des centaurées (Melitaea phoebe), la Mégère (Lasiommata megera), le Fadet commun (Coenonympha pamphilus), le Demi-deuil (Melanargia galathea), le Myrtil (Maniola jurtina), le Faune (Hipparchia statilinus), l'Agreste (Hipparchia semele).
URBAIN Souris domestique, Hirondelle rustique, Moineau domestique.
ZONES HUMIDES Alyte accoucheur, Crapaud calamite, Grenouille agile, Grenouille de Lessona, Grenouille rousse, Grenouille verte, Pélodyte ponctué, Rainette verte, Salamandre tachetée, Triton alpestre, Triton crêté, Triton marbré, Triton palmé, Triton ponctué,, Campagnol amphibie, Castor d’Europe, Crossope aquatique, Loutre d'Europe, Murin de Daubenton, Barge à queue noire, Bergeronnette des ruisseaux, Butor étoilé, Canard chipeau, Canard colvert, Canard souchet, Echasse blanche, Foulque macroule, Fuligule milouin, Fuligule morillon, Gallinule poule-d'eau, Gorgebleue à miroir, Grèbe castagneux, Grèbe huppé, Locustelle luscinioïde, Martin-pêcheur d'Europe, Panure à moustaches, Phragmite des joncs, Râle d'eau, Rousserolle effarvatte, Rousserolle verderolle, Sarcelle d'été, Sarcelle d'hiver, Tarier des prés, Couleuvre à collier, Lézard vivipare.

Milieux
Par milieux il faut comprendre grands types de milieux tels qu’abordés dans le cadre du jeu d’indicateurs : milieux forestiers, bocagers, de landes (végétations hautes non arbustives), pelouses (végétations rases), de cours d’eau, humides, des eaux estuariennes, d’estran et dunes, marins côtiers, urbains.

Statistiquement une probabilité comprise entre 5 et 1 % signe un premier niveau de significativité dans une différence de pourcentage par Khi² ; cependant dans le cas présent avec les données utilisées, on peut considérer que des valeurs entre 5 % et 1 % sont des limites de seuil, donc à ne pas « sur interpréter » les différences de pourcentage.

En l’état actuel des connaissances, seuls les vertébrés (hors poissons marins et oiseaux migrateurs) sont utilisés pour l’analyse. Or, dans les chaines trophiques caractérisant un milieu, les vertébrés pourraient être positionnés, de manière simpliste, comme des consommateurs, et la plupart du temps des niveaux supérieurs. La flore vasculaire et les invertébrés sont situés aux niveaux primaires (producteur ou consommateur primaire). Si des données étaient disponibles (essentiellement une évaluation de l’état de conservation) elles complèteraient l’analyse par exemple pour des milieux comme les landes ou les prairies.

Récolte des observations (essentiellement entre 2000 et 2010) par les associations et organismes naturalistes de Bretagne.
Calcul, mise en forme : OEB juillet 2018.
Les information « Etat de conservation » et liste d’espèces spécifiques d’un milieu ont été produites lors d’un travail régional collectif animé par le GIPBE en 2017.
Principal-e contributeur-trice à l’émergence de l’indicateur : G. Gélinaud (BV-Sepnb).

Etat de conservation régional des espèces sensibles à la fragmentation

Certaines espèces, de par leurs exigences écologiques, sont plus sensibles que les autres à la fragmentation des milieux naturels. L’état de conservation, selon la méthodologie utilisée pour cet indicateur, est une évaluation de l’état de santé d’une espèce. Il est possible de faire référence à une situation idéale, ou une situation éloignée dans le passé, et connue pour avoir été plus propice que l’actuelle pour la survie de l’espèce. L’évaluation de l’état de conservation de ces espèces particulièrement sensibles permet d’approcher la part de l’impact de la fragmentation des milieux naturels dans l’ensemble des impacts d’érosion de la biodiversité.

17,9 % des vertébrés peu sensibles à la fragmentation des milieux naturels sont dans un état de conservation favorable. La différence de pourcentage avec les espèces les plus sensibles est fortement significative d’un point de vue statistique. Ainsi, les espèces de vertébrés particulièrement sensibles à la fragmentation des milieux naturels sont dans un moins bon état de conservation que les autres vertébrés.

L’évaluation établit un diagnostic à l’échelle régionale : sensibilité d’une espèce à la fragmentation et état de conservation sont appréciés à l’échelle régionale. Les espèces discriminées pour cette sensibilité sont des espèces dont la conservation est fortement dépendante de la gestion de connexions (établir, maintenir, renforcer une connexion ou ne pas connecter) dans le contexte régional. Ainsi, la forte différence significative de proportion entre les espèces particulièrement sensibles et moins sensibles signe un niveau de fragmentation des espèces naturels qui est assez élevé à l’échelle régionale pour engager possiblement la survie à long terme de ces espèces si la situation perdure.

Espèce « sensibles »
Les espèces dites particulièrement sensibles à la fragmentation sont discriminées sur la base de la sensibilité de leurs exigences écologiques face à la fragmentation de leurs habitats. A dire d’experts, ont été identifiées des espèces dont la conservation est fortement dépendante de la gestion de connexions (établir, maintenir, renforcer une connexion ou ne pas connecter) dans le contexte régional. Pour tenir compte de cette approche régionale, les habitats ont été reliés à des grands types de milieux naturels et semi naturels. Ainsi, certaines espèces sensibles à la fragmentation de milieux trop marginaux à l’échelle régionale non pas été prises en compte.

Parmi les espèces discriminées il y a 49 espèces de vertébrés, tous statuts confondus :
AMPHIBIENS Crapaud calamite, Rainette verte, Salamandre tachetée, Triton marbré.
MAMMIFERES Barbastelle d'Europe, Campagnol amphibie, Castor d'Eurasie, Cerf élaphe, Écureuil roux, Grand rhinolophe, Lapin de garenne, Loutre d'Europe, Martre des pins, Murin de Bechstein, Murin de Daubenton, Muscardin, Petit rhinolophe.
OISEAUX Bernache cravant, Bouscarle de Cetti, Bouvreuil pivoine, Bruant jaune, Busard cendré, Busard des roseaux, Busard Saint-Martin, Courlis cendré, Fauvette pitchou, Locustelle luscinioïde, Mésange nonnette, Phragmite aquatique, Phragmite des joncs, Pic cendré, Pic épeichette, Pic mar, Pipit farlouse, Pouillot siffleur, Traquet motteux.
POISSONS D’EAU DOUCE ET AGNATHES Alose feinte, Anguille européenne, Brochet, Chabot commun, Grande Alose, Lamproie fluviatile, Lamproie marine, Lamproie de Planer, Saumon atlantique, Truite commune.
REPTILES Coronelle lisse, Lézard vivipare, Vipère péliade.

Une révision de l’état de conservation à l’échelle nationale (pour les espèces d’intérêt communautaire) a lieu tous les 5 ans. C’est un pas de temps qui semble trop court pour acquérir assez de données sur toutes les espèces bretonnes. Si un pas de temps de 5 ans est envisageable pour quelques espèces bretonnes ciblées pour leur intérêt, un pas de temps de 7 à 10 ans doit être envisagé pour les autres. Cependant, l’indicateur peut être mis à jour pour chaque nouveau taxon qui serait évalué (flore, invertébrés, etc.).

On ne peut exclure que, potentiellement, ce soit d’autres facteurs que la sensibilité à la fragmentation qui induisent la différence de niveau de menace entre les deux groupes d’espèces « plus sensibles » et « moins sensibles » à la fragmentation. Cependant, le nombre relativement important d’espèces utilisées (43 « plus sensibles » versus 167 « moins sensibles ») couvrant tous les groupes de vertébrés continentaux est une assurance.

Les 43 espèces de vertébrés discriminées comme particulièrement sensibles n’ont pas les mêmes exigences vis-à-vis des continuités écologiques, en termes de milieux, d’échelle... Il y a une grande diversité. Ainsi, l’indicateur n’a de valeur que comme une appréciation globale, à l'échelle régionale, tous types de milieux confondus.

Quand les données seront disponibles et selon leur pertinence, la prise en compte d’autres groupes d’espèces (flore, invertébrés) permettraient de consolider l’analyse. Pour affiner la prégnance de la fragmentation sur d’autres causes de dégradation, une analyse multi critères serait souhaitable, pour autant que les données adéquates soient disponibles.

Liste des espèces particulièrement sensibles à la fragmentation et en état de conservation défavorable
Amphibiens    Crapaud calamite
Amphibiens    Triton marbré
Amphibiens    Salamandre tachetée
Amphibiens    Rainette verte
Mammifères    Murin de Bechstein
Mammifères    Grand Rhinolophe
Mammifères    Castor d’Europe
Mammifères    Campagnol amphibie
Mammifères    Loutre d'Europe
Mammifères    Lapin de garenne
Mammifères    Muscardin
Mammifères    Barbastelle d'Europe
Oiseaux     Pipit farlouse
Oiseaux     Pic cendré
Oiseaux     Locustelle luscinioïde
Oiseaux     Busard cendré
Oiseaux      Pouillot siffleur
Oiseaux     Bouvreuil pivoine
Oiseaux     Traquet motteux
Oiseaux     Courlis cendré
Oiseaux     Mésange nonnette
Poissons    Brochet
Poissons    Chabot
Poissons    Grande Alose
Poissons    Anguille européenne
Poissons    Lamproie marine
Poissons    Saumon atlantique
Poissons    Truite commune
Poissons    Lamproie de Planer
Reptiles     Coronelle lisse
Reptiles     Vipère péliade
Reptiles     Lézard vivipare

Récolte des observations par les associations et organismes naturalistes de Bretagne.
Traitement et mise en forme : OEB juillet 2018.
Les informations « espèce sensible à la fragmentation » ont été produites lors d’un travail régional collectif animé par l’OEB en 2015 (dans le cadre du Schéma régional de cohérence écologique) et poursuivi en 2017. Les informations « Etat de conservation » ont été produites lors d’un travail collectif animé par l’OEB en 2017.

Etat de conservation régional des espèces communautaires

Les espèces dites d’intérêt communautaire sont les espèces citées par les directives européennes « Habitats » et « Oiseaux ». Ces espèces doivent faire l’objet par chaque état de l’Union européenne de mesures de conservation soit de l’espèce elle-même soit de ses habitats.
48,7 % des espèces de vertébrés d’intérêt communautaire dont l’évaluation est connue sont en état de conservation favorable. Pour les espèces de vertébrés non citées par les directives « Oiseaux » ou « Habitats » cette proportion est de 58,4 % (101 sur 173). La différence de proportion est fortement significative. Les espèces d’intérêt communautaire dont l’évaluation est connue sont proportionnellement dans un moindre état de conservation que les espèces non d’intérêt communautaire.

Il faut noter que l’évaluation concerne l’ensemble de la population régionale de chacune de ces espèces. Le résultat pourrait être différent si l’évaluation portait uniquement sur les populations incluses dans un périmètre Natura 2000.

En l’état actuel des connaissances, seuls les vertébrés (hors poissons marins) sont utilisés pour l’analyse de comparaison. La flore n’est connue pour son état de conservation uniquement que pour les espèces d’intérêt communautaire. En l’état des connaissances des experts, il ne semble pas que certaines faiblesses décelées pour les données (cf. évaluation technique de l’indicateur) puissent influencer de manière décisive la conclusion de différence de pourcentage Favorable / Défavorable entre les vertébrés communautaires et les autres vertébrés. Pour la flore d’intérêt communautaire, on parle de taxon et non pas d’espèce car sur les 10 entités citées par la Directive « Habitats », 9 sont des espèces mais une est une sous espèce (Narcissus triandrus subesp. capax).

Parmi les 368 espèces évaluées en Bretagne, 65 sont inscrites à l’annexe I de la directive « Oiseaux » ou à l’annexe II de la directive « Habitats » dont 18 sont catégorisées « non évaluée » et 8 « Inconnu ». Les 39 espèces utilisées sont : Aigrette garzette, Grande Alose, Avocette élégante, Barbastelle d'Europe, Busard cendré, Busard des roseaux, Busard Saint-Martin, Butor étoilé, Castor d'Eurasie, Chabot commun, Crave à bec rouge, Échasse blanche, Faucon pèlerin, Gorgebleue à miroir, Grand dauphin commun, Grand Murin, Grand rhinolophe, Gravelot à collier interrompu, Guillemot de Troïl, Lamproie de Planer, Lamproie marine, Loutre d'Europe, Milan noir, Murin à oreilles échancrées, Murin de Bechstein, Petit rhinolophe, Pétrel tempête, Phoque gris, Phoque veau marin, Pic cendré, Pic mar, Pic noir, Pie-grièche écorcheur, Saumon atlantique, Sterne caugek, Sterne de Dougall, Sterne naine, Sterne pierregarin, Triton crêté.
10 taxons de flore ont été évalués : Coleanthus subtilis (Tratt.) Seidl - Coléanthe délicat, Eryngium viviparum J. Gay – Panicaut vivipare, Liparis loeselii (L.) Rich. – Liparis de Loesel, Luronium natans (L.) Raf. – Flûteau nageant, Narcissus triandrus subsp. capax (Salisb. ex Sweet) D.A.Webb, 1978 – Narcisse des Glénan, Omphalodes littoralis Lehm., 1918 – Cynoglosse des dunes, Rumex rupestris Legall, 1850 – Oseille des rochers, Trichomanes speciosum Willd., 1810 – Trichomanès remarquable, Spiranthes aestivalis (Poir.) Riche., 1817 – Spiranthe d’été, Sphagnum pylaesii Brid. - Sphaigne de la Pylaie.

Pour la faune : récolte des observations (essentiellement entre 2000 et 2010) par les associations et organismes naturalistes de Bretagne ; calcul, mise en forme : OEB juillet 2018. Les informations « Etat de conservation » ont été produites lors d’un travail régional collectif animé par le GIPBE en 2017.

Pour la flore : source : MASSON G. & HARDEGEN M. 2015 – Natura 2000 en Bretagne : Espèces végétales d’intérêt communautaire. Bilan des connaissances et enjeux de conservation. DREAL Bretagne. Brest : Conservatoire botanique national de Brest. 43 p. Principal-e contributeur-trice à l’émergence de l’indicateur : M. Hardegen (CBN Brest).

Une démarche collective

De multiples acteurs participent à l'élaboration de l'état de conservation régional des espèces. Dès 2016, l'OEB a animé les dynamiques d'élaboration de ces listes. Suite à leur mise en place, ce sont les Observatoires régionaux faune et flore (ORFF) qui pilotent les travaux.

Quelques-uns des organismes ayant participé aux travaux : Bretagne grands migrateurs (pilote d'ORFF), Bretagne vivante (pilote d'ORFF), Conservatoire botanique national de Brest (pilote d'ORFF), fédérations départementales de pêche ou de chasse, Fédération régionale de chasse, Groupe d'études des oiseaux des Côtes d'Armor, Groupe mammalogique breton (pilote d'ORFF), Groupe d'études des invertébrés du massif armoricain (pilote d'ORFF), Ifremer, Ligue pour la protection des oiseaux, Office français pour la biodiversité, Office national des forêts, Station marine de Concarneau, VivArmor Nature... ainsi que divers experts par ailleurs rattachés à des organismes de recherche (CNRS, Ecobio, IUEM...).

En fin de processus d'élaboration, le Conseil scientifique régional du patrimoine naturel statut sur la validité des résultats.

Données et méthode
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François Siorat
Chef du pôle Nature et Paysages | Chef de projet Patrimoine naturel
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Mathieu Lagarde
Chargé de mission Données naturalistes
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