Pour plusieurs thématiques forestières il existe de nombreuses références au niveau national : recherche scientifique (GIP ECOFOR, IRSTEA...), indicateurs de gestion durable des forêts françaises métropolitaines (MAA, IGN), indicateurs de l’observatoire national de la biodiversité (MTES, IGN, ONF...). Les indicateurs régionaux présentés ici s’appuient sur ces références.
Maturité, diversité des essences forestières et continuité temporelle sont quelques unes des caractéristiques écologiques des milieux boisés en Bretagne.
Compléments
- Maturité
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La maturité des milieux boisés peut s’approcher avec la notion d’arbres morts ou dépérissants.
Les situations les plus favorables pour la biodiversité sont celles avec une grande diversité d’arbres morts et dépérissants : arbres sur pied ou au sol, essences, diamètres, présence de micro-cavités, etc.
Dans les forêts européennes évoluant naturellement depuis longtemps, le volume de bois mort représente en moyenne entre 20 et 40 % du volume total de bois (bois mort et vivant) (Emberger et al. 2013).
Les espèces dites saproxyliques sont celles qui dépendent de la présence d’arbres morts ou dépérissants. Cette dépendance recouvre différents aspects : consommation de bois mort, habitat, support, etc. Les espèces consommatrices, prédatrices ou parasites d’organismes saproxyliques sont également elles-mêmes considérées comme saproxyliques.
De nombreux groupes sont concernés, mais les espèces saproxyliques sont particulièrement représentées chez les insectes (notamment les coléoptères) et les champignons. Les saproxyliques comptent aussi de nombreuses espèces menacées.- Méthode
L’indicateur tient compte des volumes de bois liés aux stades vieillissants des arbres. Il s’agit d’une transposition d’un indicateur national intégré à l’ONB.
Le périmètre comprend l’ensemble de la forêt inventoriée en Bretagne par l’IGN, à l’exclusion des peupleraies. Les forêts non incluses sont : forêts impossibles à exploiter, pour des raisons réglementaires (certains périmètres militaires, réserves), inaccessibles physiquement (falaises) ou ayant un objectif clairement non forestier (parcs par exemple).
L’indicateur s’intéresse au suivi du volume agrégé de plusieurs catégories de bois :
- le bois mort au sol ;
l’inventaire du bois mort au sol est réalisé depuis 2008 sur un transect de 12 mètres de long, centré sur le point d’inventaire. L’azimut du transect est aléatoire. Le seuil de diamètre pour prendre en compte le bois mort au sol est fixé à 7,5 cm. En revanche, il n’y a pas de seuil de longueur pour la prise en compte du bois mort au sol. Le volume de bois mort qui est calculé à l'issu de cet inventaire comprend
- (i) les résidus de branches ou de bois façonnés épars sur un parterre de coupe datant de plus d’un an,
- (ii) les résidus d’élagage ou de travaux forestiers (dépressages), non considérés comme des résidus de coupe, quelle que soit la date des travaux
- (iii) les branches d’un houppier au sol, suite à une exploitation de plus d’un an ou suite à un accident. Entre 2008 et 2014, les arbres chablis ne présentant aucun signe de vie sont levés (ce qui entraine un double compte des chablis morts pour ces campagnes). A partir de 2015 : les arbres chablis, vivants ou morts, ne sont plus levés dans le bois mort au sol (ce qui entraine une rupture de série de la donnée bois mort au sol).
- le bois mort debout (arbres morts encore sur pied) ;
Le bois mort debout correspond aux arbres de diamètre supérieur à 7,5 cm, sans signe de vie au-dessus de 1,30 m et toujours sur pied (angle d’inclinaison supérieur à 30 grades par rapport à la surface du sol). Le volume de bois mort debout est calculé pour chaque placette d'inventaire, depuis 2005 pour les arbres morts depuis moins de cinq ans, et depuis 2008 pour les arbres morts depuis plus de cinq ans.
- les chablis ;
Les chablis sont des arbres vivants ou morts, de diamètre supérieur à 7,5 cm, qui ne sont plus sur pied suite à un accident de moins de cinq ans (angle d’inclinaison inférieur à 30 grades par rapport à la surface du sol). Le volume des arbres chablis est calculé pour chaque placette depuis 2005.
- les très gros bois vivants.
Ce sont des arbres vivants dont le diamètre (mesuré à 1,30 mètre du sol) est supérieur ou égal à 67,5 cm.
Toutefois, pour l’indicateur régional il a été retenu un seuil minimum de diamètre commun aux 3 types de bois fixé à 7,5 cm, c’est-à-dire le seuil de recensabilité de l’inventaire pour les arbres sur pied (et non seuil de 3 cm retenu pour le bois mort au sol dans l’indicateur national).
Les résultats sont indiqués par volume à l’hectare, pour que l’augmentation de la surface forestière influe moins sur l’évolution à long terme de cet indicateur.
Les données utilisées portent sur la période des campagnes de relevés 2008 à 2016.
Sources méthodologiques : Emberger C., Larrieu L. & Gonin P. 2013. Dix facteurs clés pour la diversité des espèces en forêt. Comprendre l’indice de biodiversité potentielle. Document technique. Paris : Institut pour le développement forestier, 56 pages.
Cinq campagnes d’inventaire forestier national sont nécessaires à la constitution d’un échantillon suffisant pour fournir des résultats régionaux.Accédez aux données sources de l'IGNF
- Pour aller plus loin
Indicateur ONB : évolution en métropole des volumes de bois particulièrement favorable à la biodiversité liés aux stades vieillissants des arbres
- Chaine de production
Source des données : inventaire forestier national 2008-2016 IGN.
Compilation, traitement et calcul : IGN (Ingrid Bonhême).
Rédaction : DREAL Bretagne.
Mise en forme : OEB décembre 2018.
Principal-e contributeur-trice à l’émergence de l’indicateur : Aude Pélichet Dreal Bretagne - Diversité en essences forestières
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D’une manière générale, et à l’échelle d’un peuplement forestier, la diversité des essences influence favorablement la biodiversité par :
- la présence d’arbres d’essences autochtones (richesse spécifique plus forte du cortège associé à ces essences, et espèces davantage spécialisées) ;
- un mélange d’essences, offrant des conditions de vie plus variées. Toutefois, certains habitats naturels sont caractérisés, dans leur forme typique, par un faible nombre d’essences dans la strate arborée (ex : hêtraies-chênaies acidiphiles).
La diversité en essences peut aussi être analysée à l’échelle d’un massif forestier, à travers la mosaïque de peuplements.- Méthode
La méthode de calcul est fondée sur le croisement de deux critères :
- la richesse en espèces du peuplement forestier ;
- le caractère indigène de l’essence principale du peuplement.
Le nombre d'espèces du peuplement recensable est compté sur les placettes de mesure des couverts (25 m de rayon). Si les relevés étaient effectués sur des placettes plus vastes, le nombre d'essences serait augmenté. La taille des placettes limite donc de fait le nombre d'essences décomptées. Les ventilations par type de peuplement sont faites par essence principale. L’annexe 2 des Indicateurs de gestion durable 2015 détaille le regroupement des espèces en essence. Par exemple, l'essence "saule" regroupe le saule cendré, le saule marsault, le saule roux...
L'essence principale est l'essence qui a le plus fort taux de couvert libre relatif, ici, dans le peuplement recensable uniquement.
Sont définies comme espèces d’arbres indigènes, les espèces ayant colonisé le territoire métropolitain par des moyens naturels, ou bien à la faveur de facteurs anthropiques, mais dont la présence est dans tous les cas attestée avant l’année 1492 (liste nationale - annexe 5 des indicateurs de gestion durable des forêts françaises métropolitaines - MAA, IGN).
Le calcul de l’indicateur régional s’appuie quant à lui sur la liste des espèces indigènes par région biogéographique (au sens Union Européenne) qui a été utilisée dans le calcul des indicateurs de structure et de fonction pour le rapportage sur l’état de conservation des habitats naturels d’intérêt communautaire.
Ainsi les espèces considérées comme indigènes, au nombre de 65, sont les suivantes : Acer campestre - Erable champêtre, Acer monspessulanum - Erable de Montpellier, Acer platanoides - Erable plane, Acer pseudoplatanus - Erable sycomore, Alnus glutinosa - Aulne glutineux, Arbutus unedo - Arbousier, Betula pubescens - Bouleau pubescent, Betula pendula - Bouleau verruqueux, Buxus sempervirens - Buis, Carpinus betulus - Charme, Castanea sativa - Châtaignier, Cornus mas - Cornouiller mâle, Corylus avellana - Noisetier coudrier, Crataegus monogyna - Aubépine monogyne, Crataegus laevigata - Aubépine épineuse, Euonymus europaeus - Fusain d'Europe, Fagus sylvatica - Hêtre, Fraxinus excelsior - Frêne commun, Fraxinus angustifolia subsp. angustifolia - Frêne oxyphylle, Ilex aquifolium- Houx, Juniperus communis subsp. communis - Génévrier commun, Laburnum anagyroides subsp. anagyroides- Cytise aubour, Phillyrea latifolia - Filaire a feuilles larges, Pyrus pyraster - Poirier commun, Malus sylvestris - Pommier sauvage, Pistacia terebinthus - Pistachier térébinthe, Populus x canescens - Peuplier grisard, Populus nigra - Peuplier noir, Populus tremula - Tremble, Prunus avium - Merisier, Prunus cerasus - Cerisier, Prunus domestica - Prunier domestique, Prunus mahaleb - Cerisier de Sainte-Lucie, Prunus padus - Cerisier à grappes, Prunus spinosa - Prunellier, Quercus ilex - Chêne vert, Quercus pubescens - Chêne pubescent, Quercus robur subsp. robur - Chêne pédonculé, Quercus petraea subsp. petraea - Chêne sessile, Quercus suber - Chêne-liège, Quercus pyrenaica - Chêne tauzin, Rhamnus alaternus - Nerprun alaterne, Rhamnus cathartica - Nerprun purgatif, Frangula alnus - Bourdaine, Salix alba - Saule blanc, Salix caprea - Saule marsault, Salix cinerea - Saule cendré, Salix fragilis - Saule cassant, Salix x rubens - Saule rouge, Salix triandra - Saule a trois étamines, Salix viminalis - Saule des vanniers, Sambucus nigra - Sureau noir, Sorbus aria - Alisier blanc, Sorbus aucuparia subsp. aucuparia - Sorbier des oiseleurs, Sorbus domestica - Cormier, Sorbus latifolia - Alisier de Fontainebleau, Sorbus torminalis - Alisier torminal, Taxus baccata - If, Tilia cordata - Tilleul à petites feuilles, Tilia platyphyllos subsp. platyphyllos - Tilleul à grandes feuilles, Ulmus minor subsp. minor - Orme champêtre, Ulmus laevis - Orme lisse, Ulmus glabra subsp. glabra - Orme de montagne, Pyrus cordata - Poirier à feuilles en cœur, Salix atrocinerea - Saule roux.
Les données utilisées portent sur la période des campagnes de relevés 2009 à 2016, et sur les forêts de production hors peupleraies.
Cinq campagnes d’inventaire forestier national sont nécessaires à la constitution d’un échantillon suffisant pour fournir des résultats régionaux.- Donnée
Accédez aux données source de l'IGNF
- Pour en savoir plus
Indicateurs de gestion durable des forêts françaises métropolitaines : 4.1 richesse locale moyenne en essences forestières & 4.4 indigénat des essences forestières
- Chaine de production
Source des données : IGN, inventaire forestier national 2009-2016.
Compilation, traitement et calcul : IGN (Ingrid Bonhême).
Rédaction : DREAL Bretagne.
Mise en forme : OEB décembre 2018.
Principal-e contributeur-trice à l’émergence de l’indicateur : Aude Pélichet Dreal Bretagne. - Continuité temporelle
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La continuité temporelle correspond à une présence continue d’un état boisé depuis une date de référence. Il est habituel de considérer pour cette dernière le milieu du 19ème siècle, période à laquelle la forêt française a atteint un minimum en raison d’une forte exploitation, notamment en contexte de plaine (forges, chauffage…), avant de connaître une expansion progressive. Ce pas de temps reste toutefois court au regard de l'écologie des milieux boisés.
L’ancienneté de l’état boisé apparaît influencer positivement la biodiversité (Emberger et al. 2013), néanmoins avec des nuances selon les contextes et les essences (Janssen et al. 2017) :
- la diversité des espèces au sein de plusieurs groupes est plus importante dans les forêts anciennes que dans les forêts récentes (pour des caractéristiques similaires par ailleurs) ; on ne retrouve, dans les forêts récentes, ni les espèces les plus sensibles à la modification du milieu, ni les moins mobiles ;
- les forêts anciennes sont des écosystèmes intéressants pour leur typicité : elles sont constituées d’une biodiversité typiquement inféodée aux forêts, à l’inverse de celle présente dans les forêts récentes qui est un assemblage d’espèces forestières et non forestières ;
- les recherches en cours suggèrent que les forêts anciennes constituent l’habitat privilégié d’un certain nombre d’espèces reliques dont les faibles capacités de dispersion ont réduit la présence à quelques rares enclaves isolées.
En Bretagne, ces constats sont notamment illustrés par les travaux portés entre 2013 et 2016 par le GRETIA sur les invertébrés des forêts bretonnes (Courtial 2017).
La continuité de l’état boisé peut recouvrir des histoires variées dans la gestion des peuplements : certaines surfaces ont pu être concernées par des transformations, changeant profondément les caractéristiques des peuplements. Ainsi, l’indicateur fait entrer en ligne de compte à la fois l’ancienneté de l’état boisé et l’origine du peuplement actuellement en place.
Il y a deux origines possibles pour les peuplements :
- expansion et régénération naturelles (comprenant le recépage de taillis) ;
- boisement et régénération artificiels.
La surface forestière cumulée des départements des Côtes d'Armor et du Finistère représente 48,7% de la surface forestière totale régionale. A la date de calcul de l’indicateur, les données anciennes ne sont pas disponibles pour les deux autres départements.- Méthode
L’ancienneté de l’état boisé est donnée par le recoupement des surfaces forestières actuelles (points de l’inventaire forestier) avec les forêts numérisées sur les cartes d’état-major (1820-1866) : classes « forêts », « dunes boisées », « forêts pâturées » et « forêts marécageuses ». Cette donnée n’existe, au moment du calcul, que pour 2 départements bretons, les Côtes d’Armor et le Finistère. Elle a toutefois été privilégiée à la donnée recensant les forêts de la carte de Cassini, dont l’échelle est trop éloignée de celle de l’inventaire forestier.
Pour les surfaces forestières actuelles, les données utilisées portent sur la période des campagnes de relevés 2007 à 2016, et sur les forêts de production hors peupleraies.
Cinq campagnes d’inventaire forestier national sont nécessaires à la constitution d’un échantillon suffisant pour fournir des résultats régionaux.
Sources méthodologiques :
Emberger C., Larrieu L. & Gonin P. 2013. Dix facteurs clés pour la diversité des espèces en forêt. Comprendre l’indice de biodiversité potentielle. Document technique. Paris : Institut pour le développement forestier, 56 pages.
Janssen P., Fuhr M. & Bouget C. 2017. L’ancienneté n’est pas un déterminant majeur de la biodiversité dans les massifs forestiers des Préalpes du Nord. Revue Forestière Française numéro 4-5 doi.org/10.4267/2042/67870
C. Courtial (coord.) 2017. Les invertébrés des forêts bretonnes. Amélioration de l’état des connaissances, contribution à une meilleure intégration de la conservation de la biodiversité dans les pratiques des gestionnaires. Contrat Nature. GRETIA, 206 pages.- Donnée
- Chaine de production
Source des données : cartes Etat-major 1820-1866, inventaire forestier national 2007-2016 - IGN.
Compilation, traitement et calcul : IGN (Ingrid Bonhême).
Rédaction : DREAL Bretagne.
Mise en forme : OEB décembre 2018.
Principal-e contributeur-trice à l’émergence de l’indicateur : Aude Pélichet Dreal Bretagne. - Contenus associés