Que sont ces pertubateurs endocriniens que les Bretons et les Bretonnes connaissent si peu alors qu'ils sont si courants dans les produits du quotidien ?

Par Morgane Guillet (OEB)
en collaboration avec Cécile Chevrier (EHESP)
Mise à jour : 07 juin 2022
Niveau de lecture
0
santé-environnement
Organismes associés
Sommaire de l'article
photo rinçage de légumes

Les perturbateurs endocriniens sont mal connus des Bretons et des Bretonnes, surtout chez les jeunes de 18 à 25 ans. Ces substances, notamment présentes dans l’alimentation, l’eau et les produits ménagers, ont la capacité d’interférer avec le système hormonal des êtres vivants et d’entraîner des effets délétères sur la santé. L’évaluation des effets de ces substances pour la santé représente aujourd’hui un défi scientifique et un enjeu important en matière de santé publique.

Qu’est-ce qu’un perturbateur endocrinien ?

Les perturbateurs endocriniens sont des substances d’origine naturelle ou artificielle qui altèrent une ou plusieurs fonctions du système hormonal des organismes vivants (système endocrinien). Notre système hormonal gère une cinquantaine d’hormones, messagers chimiques indispensables au développement et au bon fonctionnement du corps. Du fait de la ressemblance, par la forme ou par l’action, avec les hormones du corps, les perturbateurs endocriniens peuvent altérer les taux d’hormones dans le sang, les limiter, les bloquer ou modifier la quantité d’hormones envoyée aux organes. Ils peuvent ainsi interférer avec toutes les grandes fonctions des organismes vivants : croissance, reproduction, développement du fœtus, comportement, nutrition, métabolisme, système nerveux, etc.

De multiples sources d’exposition

Les perturbateurs endocriniens sont présents partout, généralement à l’état de trace. Nous y sommes exposés via l’eau et l’alimentation, mais aussi l’air ou le contact cutané. Les sources peuvent être liées à nos modes de vie, à nos usages de biens de consommation et de matériaux, ou bien à une contamination environnementale plus large. L’Union européenne identifie une centaine de perturbateurs endocrinien dont une vingtaine « hautement préoccupants ».

Les perturbateurs endocriniens sont présents partout, généralement à l’état de trace.

Voici quelques exemples de perturbateurs endocriniens connus :

  • Les perfluorés sont utilisés dans les revêtements antitaches et hydrofuges, les moquettes, canapés, textiles et vêtements imperméables et « respirant ». Ils sont aussi présents, dans l’alimentaire, dans les emballages de fast-food, la vaisselle papier jetable, les revêtements antiadhésifs des poêles et ustensiles de cuisine.
  • Le bisphénol A est présent dans les revêtements des boîtes de conserves, des canettes, des cuves agroalimentaires, des canalisations d’eau ou comme révélateur dans les papiers à impression thermique (tickets de caisses). Il est interdit en Europe dans les biberons depuis 2011 et, en France, dans les contenants alimentaires depuis janvier 2015.
  • Les bisphénols B, F et S sont des composés chimiques de la famille des bisphénols qui peuvent être utilisés en substitut du bisphénol A.
  • Certains pesticides, outre leurs effets toxiques prévus sur l’organisme-cible, ont aussi des mécanismes de perturbation endocrinienne. Les pesticides sont utilisés par définition pour lutter, contrôler ou éliminer les organismes vivants dits nuisibles. Ils sont utilisés en agriculture mais également par nous-mêmes dans nos domiciles (anti-moustiques, anti-mouches, etc.).
  • Les phtalates sont présents dans de nombreux plastiques souples tels que les câbles électriques, les jouets, les emballages, les adhésifs, ou encore les poches de transfusion, ou en tant qu’agents de fixation ou solvants de parfums dans les cosmétiques (crème, vernis).

Encore mal connus en Bretagne

Les perturbateurs endocriniens représentent le deuxième sujet de santé-environnement le moins connu, après le radon, par les Breton·ne·s. Cette méconnaissance est surtout présente chez les jeunes de 18-25 ans qui sont près de 30 % à n’en avoir jamais entendu parler. Au niveau départemental, 26 % des habitants des Côtes-d’Armor n’en ont jamais entendu parler (contre 17 % dans le Morbihan, 15 % dans le Finistère et en Ille-et-Vilaine).

Parmi les personnes en ayant entendu parler, 56 % considèrent que le risque pour la santé lié aux perturbateurs endocriniens est « très élevé ou plutôt élevé » et près d’un quart « faible ou quasi nul » Le risque est mieux identifié chez les 35-44 ans qui se sentent pourtant les moins bien informés.

Quels sont les effets sur la santé ?

L’étude des effets de ces substances sur la santé humaine est difficile en raison des nombreux mécanismes d’action en jeu, de la multiplicité des substances concernées et des multiples voies d’exposition, de l’exposition à de faibles doses, dans la durée ou à des périodes critiques du développement (in utero, lactation, puberté, par exemple).

La régulation hormonale joue un rôle crucial dans le développement du fœtus, du nourrisson ou de l’enfant. La recherche scientifique montre que les perturbateurs endocriniens sont probablement l’une des clefs d’explication de :

  • certaines malformations chez les nouveau-nés,
  • la baisse de la fertilité,
  • l’augmentation de certains troubles neurocomportementaux,
  • l’augmentation de l’obésité et du diabète,
  • l’augmentation des cas de puberté précoce,
  • de cancers hormonodépendants.

Adapter son mode de vie

Il est possible de diminuer son exposition aux perturbateurs endocriniens en adoptant un ensemble de recommandations adaptées à son propre mode de vie. Il existe des organismes de référence comme Santé Publique France ou l’Ademe qui donnent des conseils pour limiter les perturbateurs endocriniens. Ces pratiques évoluent en fonction de l’arrivée de nouveaux produits.

Comment participer ?

  • Un webinaire du PRSE Bretagne sur les perturbateurs endocriniens à destination des élus et des techniciens des collectivités locales : Comment diminuer l’exposition aux perturbateurs endocriniens ?

  • Les produits ménagers, les produits de bricolage, les peintures et solvants, les bombes d'insecticide... peuvent être toxiques et présenter un risque significatif pour la santé et l'environnement. Pour limiter les risques liés à ces produits, demandez-vous s'il est indispensable de les utiliser ou s'il est possible de les remplacer par d'autres produits grâce aux conseils de l'Ademe.

Mieux comprendre

photo Emmanuele Savelli
Emmanuèle Savelli
Cheffe du pôle communication
Pôle communication
02 99 35 45 83

Contenus associés

Pollen de graminée
article
Mise à jour : 02 avril 2024
santé-environnement
Photo Suivi sanitaire d'un site de baignade en eau douce
article
Mise à jour : 22 mars 2024
santé-environnement
eau
moustique tigre
article
Mise à jour : 21 juillet 2023
santé-environnement

Pollen de graminée
article
Mise à jour : 02 avril 2024
santé-environnement
Photo Suivi sanitaire d'un site de baignade en eau douce
article
Mise à jour : 22 mars 2024
santé-environnement
eau
Photo baignade
article
Mise à jour : 16 juillet 2021
eau
santé-environnement