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En quoi consiste l'opération "Comptage des oiseaux des jardins" menée chaque année en Bretagne fin janvier ?

Par Emilie Novince (OEB)
en collaboration avec Yann Février (Geoca - ORA)
Mise à jour : 01 décembre 2023
Temps de lecture : 5 minute(s)
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Chaque année depuis 2009, pendant le dernier week-end de janvier, les Bretons sont invités à observer les oiseaux des parcs et jardins, et à transmettre leurs observations à l’Observatoire régional de l’avifaune (ORA). Yann Février, coordinateur du projet au sein de l’ORA, fait le bilan des résultats de cette opération de science participative.

En quoi consiste cette opération ?

« Comptage des oiseaux des jardins » est une opération de science participative, accessible à tous, qui recense de façon ponctuelle, l'abondance des principales espèces d'oiseaux fréquentant les parcs et jardins privés ou publics, en hiver. La Bretagne fut, après la Normandie, la pionnière de cette opération en France dès 2009, mais des expériences similaires existaient déjà en Angleterre, en Allemagne ou en Belgique par exemple.

Que l’on soit spécialiste ou non, les oiseaux suscitent beaucoup d’intérêt. Et comme observer les oiseaux les plus communs est à la portée de tous, cette opération est pour nous autant une source de données précieuses pour améliorer les connaissances sur les espèces communes des jardins, qu’un temps fort de sensibilisation sur les oiseaux.

Pourquoi avoir choisi le mois de janvier et non le printemps ?

Tout d’abord, parce que les conditions d’observation sont meilleures en hiver. Sans le feuillage des arbres les oiseaux sont plus visibles. De plus, lorsque le temps est froid et rigoureux, les espèces grégaires sont plus facile à détecter, elles viennent se nourrir aux mangeoires. Il existe des observations au printemps mais elles sont plutôt réservées aux connaisseurs car le recensement des espèces se fait plus à l'écoute des chants. 

Ensuite, cette date a été reprise des expériences en cours en Europe afin de recueillir des données sur les mêmes journées. Nous voulions aussi créer un rendez-vous récurrent avec les Bretons, chaque dernier week-end de janvier.

D’autres opérations de comptage des oiseaux nicheurs existent : l’opération « Oiseaux des jardins » par exemple qui a lieu toute l’année. Elle est organisée par la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) et le Muséum d’histoire naturelle, à l’échelle nationale, ou encore l’opération « Comptage des nids d’hirondelle de fenêtre » au printemps.  Il va sans dire que tous les dispositifs de sciences participatives sont complémentaires.

photo rouge gorge

© Emmanuel Holder | Rouge gorge familier

Pourquoi s’intéresser aux oiseaux des jardins ?

Alors que les espèces avec des enjeux patrimoniaux forts bénéficient de programmes spécifiques d’acquisition de connaissances, les espèces communes sont souvent le parent pauvre de la connaissance sur la gente ailée. Les sciences participatives sont donc un moyen intéressant, même s’il doit être complété par des observations de spécialistes, pour acquérir ces connaissances qui font défaut.

On constate d’autre part que les populations d’oiseaux dits « communs » régressent en Bretagne, comme ailleurs en France et en Europe. Il est important de connaître dans quelles mesures et de comprendre pourquoi. Ce à quoi l’observation des oiseaux concernés permet de répondre.

Quelle est la différence entre les données du comptage des oiseaux des jardins et celle fournies par des spécialistes ?

Grâce aux 5 000 participants en un week-end en Bretagne, les résultats couvrent 80 % des communes. C’est une grosse force de frappe qui permet de recueillir un grand nombre de données en même temps et sur une grande couverture géographique. Il en ressort une analyse assez robuste sur les données. Ces résultats sont impossibles à obtenir par des spécialistes. De plus, cela ne coûte rien.

photo mésange bleue

© Emmanuel Holder | Mésange bleue

Qui organise cette opération ?

Initiée en 2009 par le Groupe d’études ornithologiques des Côtes-d’Armor (Geoca), l’opération est étendue les années suivantes à toute la Bretagne avec Bretagne Vivante. Elle s’inscrit dans le cadre de l’Observatoire régional de l’avifaune (ORA) Bretagne sous l’impulsion d’une dynamique collective (État, Région Bretagne, Bretagne Vivante et le Geoca) dont le rôle central est de coordonner et d’animer le réseau des acteurs régionaux concernant l'avifaune. Par ailleurs, l’ORA et la LPO vont échanger les données des comptages et faire une base de données commune au niveau national.

Qui peut participer et comment s’effectue le comptage des oiseaux ?

Cette opération est à la portée de tous. Petits et grands, en famille, nul besoin d’être ornithologue. Il n'est pas indispensable d’avoir un jardin privé, le lieu d’observation peut aussi bien être une cour d’école, votre lieu de travail, un parc, etc.

Un dépliant, illustrant les principales espèces d’oiseaux des jardins en Bretagne (il y en a 30), est édité chaque année et téléchargeable en ligne, en accompagnement du bulletin d’observation. Il décrit comment reconnaître chaque espèce, comment distinguer le mâle de la femelle, ou comment ne pas confondre deux espèces qui se ressemblent. Muni de cette fiche, le jour dédié, il vous faudra vous poster discrètement pendant une heure et observer et noter les espèces et le nombre d’oiseaux qui s’invitent dans votre jardin. Enfin, saisissez vos données en ligne ou envoyez le formulaire papier.

photo pic épeiche

©Thierry Quélennec | Pic épeiche

Cela fait plus de 10 ans que l'opération existe, quel bilan faites-vous ?

On constate que le nombre d’oiseaux communs recensés est constant entre les régions françaises et également entre la Bretagne et l’Angleterre. Les espèces communes sont les mêmes partout – à quelques variantes régionales près. Malheureusement on constate aussi que certaines populations d’oiseaux communs régressent. Trois facteurs de mortalité sont mis en avant dans les jardins : les maladies, les impacts contre les baies vitrées et les chats. Il faut savoir que nourrir les oiseaux en hiver crée une dépendance qui peut leur être préjudiciable et susceptible d’augmenter le risque de transmission de maladies. Il vaut mieux s’en abstenir hors période de gel notamment.

Consultez le bilan des précédentes éditions de comptage des Oiseaux des Jardins.

 

Que retenir ?

  • Chaque année, le dernier week-end de janvier, les Bretons sont invités à observer les oiseaux des parcs et jardins.

  • 5 000 participants, les résultats couvrent 80 % des communes.

  • « Comptage des oiseaux des jardins » est une opération de science participative, accessible à tous.

  • Le mois de janvier permet des conditions idéales pour le comptage : moins de feuillage, abondance d'espèces grégaires.

  • L'opération permet de recenser l'abondance des principales espèces d'oiseaux fréquentant les parcs et jardins privés ou publics, en hiver.

  • Les populations d’oiseaux dits « communs » régressent en Bretagne, comme ailleurs en France et en Europe. 

  • Trois facteurs de mortalité sont mis en avant dans les jardins : les maladies, les impacts contre les baies vitrées et les chats.

phot emilie novince
Émilie Novince
Webmestre éditorial
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02 99 35 45 85

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