La production d’énergie issue de la méthanisation connait un développement soutenu depuis le début des années 2010 : elle double tous les trois ans. C'est la filière qui présente le plus fort taux de croissance sur la dernière décennie en Bretagne. Les méthaniseurs sont principalement alimentés par des ressources agricoles : les effluents d’élevage représentaient 59 % des tonnages entrant dans les méthaniseurs en 2023. En terme d'énergie produite, ce sont les matières agricoles végétales qui sont en tête : elles assurent 40 % de la production énergétique des méthaniseurs.
La méthanisation, une filière récente, qui produit plusieurs types d'énergie
La méthanisation consiste en la production de biogaz à partir de ressources fermentescibles, valorisé sous trois formes principales :
- du biométhane injecté directement sur le réseau de gaz, obtenu par épuration du biogaz (679 GWh PCI*, soit 54 % de l’énergie produite par la filière en 2023) ;
- de la chaleur obtenue par combustion (324 GWh, soit 26 %) ;
- de l’électricité injectée sur le réseau électrique (257 GWh, soit 20 %) – le biogaz produit par les méthaniseurs est alors valorisé par des unités de cogénération, produisant électricité et chaleur.
*Habituellement exprimée en GWh PCS, la production de biométhane est ici convertie en GWh PCI afin d’être comparable aux productions thermiques et électriques.
La chaleur produite par les méthaniseurs est principalement destinée à des usages agricoles (77 % de la chaleur produite), par exemple pour chauffer des bâtiments d’élevage, des séchoirs ou plus rarement des serres. Quelques méthaniseurs permettent d’alimenter un réseau de chaleur (4 % de la chaleur produite par la filière).
La méthanisation assure en 2024 près de 8 % de la production énergétique bretonne, et ce chiffre ne cesse d'augmenter depuis le début du développement des méthaniseurs en Bretagne (fin des années 2000). La production des méthaniseurs croît de 26 %/an en moyenne sur la période 2012-2023, et la Bretagne représente environ 7 % de la production nationale de la filière.
71 % des capacités additionnelles installées sur les 5 dernières années sont dues au développement des méthaniseurs en injection, notamment en raison des orientations stratégiques par le niveau national (PPE 2).
Le facteur de charge moyen (c'est à dire le taux d'utilisation) des méthaniseurs en 2023 était de 77 %, toutes énergies confondues.
La méthanisation repose sur l'exploitation de ressources variées
Les méthaniseurs sont principalement installés dans des contextes agricoles (64 % de la puissance installée). 30 % des méthaniseurs sont des installations centralisées, portées par plusieurs types d'acteurs (non exclusivement agricoles). Les 6 % restants sont liés à des sites d'enfouissement de déchets, des sites industriels ou encore des stations d'épuration.
En termes de tonnages entrant, 59 % des intrants sont des effluents d’élevage et 19 % des matières végétales agricoles : cultures intermédiaires à vocation énergétique (CIVE – 10 %), ensilage de maïs (6 %) et résidus de culture (3 %).
L'analyse de la production énergétique par type d'intrant donne une répartition différente. Les matières agricoles végétales représentent environ 40 % de la production d'énergie primaire : 20 % d'ensilage de culture principale, maïs essentiellement, 16 % de CIVE - cultures intermédiaires à vocation énergétique -, et 4 % de résidus agricoles. Ces estimations sont obtenues par croisement des données du bilan DREAL avec les pouvoirs méthanogènes des différents types d'intrants (source : Solagro).
- Aller plus avec des données spatiales et temporelles détaillées
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- Tableau de bord : La production d'énergie dans les territoires bretons
- Tableau de bord : Les installations de méthanisation en Bretagne
- Tableau de bord : Les gisements de méthanisation en Bretagne
- Collection cartographique : Installations de méthanisation en Bretagne
- Sur le site de l'AILE : La filière biogaz en Bretagne
- Méthodologie
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Lire la Méthodologie de traitement des données de production d'énergie et parc de production
Les données de production de biométhane, fournies en GWh PCS (pouvoir calorifique supérieur, intégrant l’énergie liée à la chaleur latente de condensation de l’eau), ont été converties en GWh PCI (pouvoir calorifique inférieur) afin de simplifier la lecture et de permettre des sommes entre les différents vecteurs (chaleur, électricité, biométhane). Le rapport utilisé est : énergie [PCS] = 1,1 * énergie [PCI] De même, les données de capacité d’injection, en Nm3/h, ont été converties en MW.
Les volumes de chaleur présentés correspondent à la chaleur produite. Pour les méthaniseurs en cogénération, une partie significative de cette chaleur n’est pas valorisée. La quantité de chaleur perdue n’est actuellement pas estimée, faute de données disponibles. Les données d’intrants sont issues de la synthèse des bilans de fonctionnement des méthaniseurs bretons de la DREAL 2023. Elles couvrent 93 % du parc en puissance, une extrapolation à 100 % a été faite par l’OEB.
