Les données issues de l'enquête sont disponibles. Cette base est constituée de deux fichiers. Un premier fichier type tableur recense les répondants au questionnaire en ligne (du 1er décembre 2022 au 31 mars 2023). Le deuxième fichier au format pdf retrace les entretiens réalisés sur le terrain par les étudiants de Master 2 professionnel « Environnement, Territoires et Acteurs » et « Aménagement et Collectivités Territoriales » de l’université Rennes 2.
Source : OEB, 2023.
Aider les décideurs à comprendre le ressenti des citoyens et à améliorer leur bien-être, via des actions sur l’aménagement de l’espace public, sur les modes de déplacement, sur les lieux de convivialité par exemple, tel est l’objectif de la première enquête régionale de France sur les paysages quotidiens et leur impact sur les habitants. Cette enquête et l'analyse des résultats a été réalisée par l’Observatoire de l’environnement en Bretagne et ses partenaires.
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La première enquête régionale sur les paysages en France !
Parce que la question du paysage quotidien est récente dans les politiques publiques, la construction de données paysagères est aussi récente. Le réseau des acteurs de la connaissance paysagère en Bretagne est très actif. Il souhaite développer une science qui se crée avec les citoyens et les experts, une science participative qui puisse être insufflée au sein des prises de décisions publiques, notamment dans l’aménagement du territoire.
C’est pour cela que l’Observatoire de l’environnement en Bretagne a lancé la toute première enquête régionale jamais menée en France et a demandé directement aux habitants ce qu’ils pensent de leurs paysages quotidiens : « Vous sentez-vous bien dans votre lieu de vie à moins d’1 km ? Quels sont les paysages de bien-être à moins d’1 km de votre domicile ? Comment percevez-vous les paysages lors de vos déplacements domicile-travail ? »
Les résultats de l'enquête ambitionnent de répondre à deux questions :
1. Quelles sont les caractéristiques qui font que les paysages soient considérés comme qualitatifs aujourd’hui ?
2. Quels sont les enjeux pour améliorer la qualité des paysages de demain ?
Il s'agit d’aider les décideurs à comprendre le ressenti des citoyens et à améliorer leur bien-être, au travers d'actions sur l’aménagement de l’espace public, sur les modes de déplacement, sur les lieux de convivialité par exemple. Aussi, il s’agit de faciliter le débat démocratique sur la fabrique de nos territoires en donnant aux citoyens accès à la connaissance paysagère.
Près de 2 300 Bretonnes et Bretons ont répondu à l'enquête
L’OEB a co-construit l’enquête avec une quinzaine d’institutions bretonnes qui sont expertes sur les questions de paysage. Ce travail collaboratif a débouché sur deux techniques d’enquête pour d’une part toucher une grande diversité des Bretons et d’autre part croiser des données qualitatives et quantitatives.
Tout d’abord, du 1er décembre 2022 au 31 mars 2023, un questionnaire a été rendu accessible en ligne avec une cinquantaine de questions ouvertes et fermées. Au total, 2 151 personnes ont complété intégralement le questionnaire en ligne (habitants, élus locaux et professionnels du paysage). L’échantillon a fait l’objet d’un redressement au regard des caractéristiques géosociales de la population bretonne (sexe, âge, catégories socio-professionnelles, poids départementaux). Avec ce procédé, l’échantillon est représentatif de la population bretonne.
En parallèle, l’OEB a missionné de septembre 2022 à avril 2023 deux ateliers professionnels de Master 2 « Environnement, Territoires et Acteurs » et « Aménagement et collectivités territoriales » de l’université Rennes 2. Neuf étudiants sont allés à la rencontre de 120 habitants pour réaliser des entretiens semi-directifs. Ces données qualitatives (près de 1000 pages) ont été croisées avec les données qualitatives issues du questionnaire en ligne.
Sur 1207 communes bretonnes, ce sont 632 communes qui sont représentées par au moins un répondant.
Voici quelques résultats qui sont à retrouver dans la publication « Données & Analyses » :
Chiffres clés Bien-être et paysages bretons
Le calme et la nature contribuent au bien-être des Bretons.
À 86 %, les Bretons se sentent majoritairement bien dans leur paysage du quotidien. Ils sont 78 % à trouver leur lieu de vie calme. En effet, la notion de calme est liée à la notion de bien-être. Le calme et le bien-être sont dépendants du mode d’habiter, et notamment au type d’habitation et à la densité :
- On se sent mieux dans une maison que dans un immeuble collectif.
- On se sent mieux dans les espaces peu et très peu denses que dans les espaces densément peuplés [1].
Aussi, plus l'âge est avancé, plus les Bretons se sentent bien.
Ce sont 14 % des répondants qui ne se sentent « ni bien, ni pas très bien » ou qui ne se sentent « pas très bien » dans leur lieu de vie. Plusieurs variables sociogéographiques explicitent ces résultats :
- le lieu de vie considéré comme « assez bruyant » voire « très bruyant » ;
- le fait d'habiter dans un immeuble collectif et plus globalement dans un centre-ville ou un quartier.
Une tendance se dégage : c'est la tranche d'âge des 16-29 ans qui se sent le moins bien par rapport aux autres âges de la vie. C'est aussi cette tranche d'âge qui cumulent les variables précitées.
Une étude complémentaire serait nécessaire auprès des jeunes pour renforcer l'échantillon.
La majorité des Bretons pratiquent des activités de plein air dans leur lieu de vie à moins d’1 km de leur domicile (70 %). De même, les espaces de bien-être et de convivialité fréquentés à moins d’1 km du domicile sont à 66 % des espaces naturels (forêts, champs, chemins, etc.). Les habitants sont donc très en lien avec la nature au quotidien. On sait également que le contact avec la nature et la biodiversité a des impacts positifs sur la santé humaine. Cela constitue une boucle de rétroaction où le désir de nature est renforcé par le bien-être qu’elle procure.
L'appréciation du bien-être aux deux extrémités des tranches d'âges montre de grandes différences. Les jeunes sont ceux qui se sentent le moins bien dans leur cadre de vie et qui ont le moins de contact avec la nature. Cette observation corrobore le constat réalisé par le Conseil économique, social et environnemental régional sur la jeunesse bretonne en 2023 [2].
Ce sont les 65 ans et plus qui se sentent le mieux par rapport aux autres classes d'âge et qui privilégient le plus le contact avec la nature.
[1] Ces classes sur la densité communale sont élaborées par l’Observatoire des Territoires.
[2] Conseil économique, social, environnemental régional, 2023, Il faut toute une région pour favoriser le bien-être des jeunes en Bretagne, Rennes, 289 p.
Entre densification et étalement urbain
Les répondants dans les entretiens sur le terrain ayant entre 45 et 60 ans ont constaté une forte augmentation de l’urbanisation autour de leur lieu de vie :
- « Le paysage est urbanisé, et de plus en plus urbanisé. Ça se densifie autour de nous de façon conséquente » [Retraité, Concarneau, 29]
- « Ça a beaucoup évolué, il y a de moins en moins de champs et plus en plus de lotissements » [Employée, Vannes, 56]
- « Des maisons détruites et remplacées par des immeubles, je trouve ça dommage » [Ouvrière, Saint-Malo, 35]
Ce phénomène est observé sur l’ensemble de la Bretagne que ce soit dans les communes littorales, rurales ou en périphérie des villes. La notion d’étalement urbain et celle de densification urbaine sont souvent confondues. Dans tous les cas, ces deux phénomènes sont vécus comme des nuisances, des dégradations du paysage et les répondants sont demandeurs de solutions moins impactantes pour leur paysage. En effet, 42 % des répondants au questionnaire en ligne considèrent que « Stopper les constructions ou les limiter en ville et/ou à la campagne » est une action prioritaire.
Un consensus autour de la végétation
La majorité des répondants aux entretiens semi-directifs entre 16 à 45 ans souhaite augmenter la présence de végétation autour de son lieu de vie :
- « Comment je voudrais qu’ils soient ? Plus d’arbres ! » [Une jeune de Rennes, 35]
- « Il manque d'arbres, de brins d'herbe, de verdure. Il est très goudronné [mon paysage du quotidien] » [Retraitée, Lamballe, 22]
- « Mon attente : qu'on replante. Ma crainte : que ces nouvelles plantations ne soient pas bien exploitées : va-t-on s'occuper correctement des parcelles où l’on a replanté ? » [Jeune, Iffendic, 35]
Accroître le végétal s’accompagne de recommandations de bonnes pratiques en faveur de la faune et de la flore. Plusieurs habitants demandent des actions de sensibilisation et d’éducation à l’environnement : « Il faut planter des arbres. Faire de l’éducation aussi, surtout vis-à-vis des gens qui coupent les haies au printemps alors que les oiseaux font leurs nids […] ».
Toujours dans les entretiens, les habitants évoquent leur jardin comme étant un espace participant à leur équilibre et à leur bien-être : « L’aspect d’une maison individuelle avec de quoi s’occuper dans le jardin est un bénéfice assez important pour l’équilibre de notre vie » [Bretillien, à la retraite]. Dans les espaces densément peuplés, la perception des jardins privés contribuent au cadre de vie général des habitants : « Quand je suis dans la rue, je suis très intéressée par les petits jardinets. Moi, je suis très intéressée par les fleurs » [Retraitée, Brest, 29]. De ce fait, les habitants contribuent par leurs gestes du quotidien via le jardinage par exemple à l’appréciation des paysages.
L’action prioritaire : maintenir le bocage
L’action prioritaire autour du domicile pour les Bretons est de maintenir le bocage, action choisie à 75 %. Le bocage est plus important pour les agriculteurs (réponse choisie à 97 %) que pour les personnes sans activité professionnelle (70 %). Cette action est la plus prisée quelle que soit la densité des communes. Néanmoins elle est largement privilégiée dans les communes rurales (90 %).
Pour les habitants des espaces densément peuplés, les réponses sont plus variées :
- « avoir accès à des espaces de nature » et « aménager plus d’espaces de convivialité » ;
- « mettre en œuvre des solutions face aux conséquences du changement climatique » et « limiter la pollution lumineuse la nuit ».
On note également des disparités en fonction de l’âge :
- Les 16-29 ans répondent plus fréquemment « mettre en œuvre des solutions face aux conséquences du changement climatique » et « avoir accès à des espaces de nature » que les autres catégories d’âge.
- Les 30-49 ans veulent « avoir accès à des espaces de nature » et les 50-64 ans veulent intégrer plus d’énergies renouvelables.
- Les plus de 50 ans se préoccupent plutôt de maintenir le bocage.
La population masculine privilégie le maintien du bocage et l'accès aux cours d'eau. Quant aux femmes, elles souhaitent avoir accès à plus de nature, mettre en œuvre des solutions face aux conséquences du changement climatique, améliorer les circuits courts et produire de l'alimentation en bas de chez soi.
La ville aux multiples défis
Plus de végétation et moins de constructions sont les souhaits favoris des Bretons. La Bretagne est la 2ème région de France ayant le plus fort taux d'artificialisation [3]. Les Bretons perçoivent les impacts de ce phénomène dans les paysages.
Ils se projettent dans une vision idéalisée où le bocage est le symbole d'une conquête des paysages désirés. Le milieu urbain, lui, est considéré comme le laboratoire d'une variété d'actions à mettre en place face aux problématiques environnementales.
[3] DREAL Bretagne, 2023, Consommation des sols en Bretagne, Rapport, 8 p.
Mais aussi ...
- Les répondants ont une distance affective avec l'environnement extérieur du lieu de travail. Ce paysage est peu investi dans la pensée sociale par rapport aux paysages du lieu de vie et du lieu de loisirs. Il fait l'objet d'une variété de suggestions pour l'améliorer notamment en le végétalisant davantage.
- La traversée des paysages dans les déplacements quotidiens contribue au bien-être des répondants. Ces paysages sont observés par la majorité des Bretons. Prendre soin des abords des voies de circulation représente une réelle plus-value pour le bien-être individuel.
- Les lieux de loisirs sont en majorité proches du lieu d'habitation. Les mobilités douces sont favorisées pour y accéder. Ces lieux sont majoritairement assimilés à la nature et au littoral, qu'il convient selon les répondants, de protéger par des actions de conservation ou de restauration.
Les visées opérationnelles de l'enquête
Les résultats vont servir à :
- construire des indicateurs sociaux sur les paysages,
- développer un portrait de territoire régional dans l’Observatoire local de l’environnement de l’OEB,
- créer des portraits de territoire à l'échelle des EPCI sous couvert d'une taille d'échantillon suffisante,
- décliner la méthode d'enquête à l'échelle des EPCI pour approfondir l'étude des représentations paysagères localement et comparer avec le référentiel régional.
Aller plus loin
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