[1] Loi n° 2016-1087 du 8 août 2016 pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages dans titre VII, chapitre II.
[2] « Le Schéma de cohérence territoriale (SCoT) est l’outil de conception et de mise en œuvre d’une planification stratégique intercommunale, à l’échelle d’un large bassin de vie ou d’une aire urbaine, dans le cadre d’un projet d’aménagement et de développement durables (PADD). »
[3] Observatori del Paisatge (dir.), 2009, Indicators de paisatge. Reptes i perspectives, Observatori del Paisatge de Catalunya, Barcelona, 367 p.
[4] Haggett C., Fuller D., Dunsford H., 2009, « La tranquilitat com a indicador de la qualitat del paisatge », in Observatori del Paisatge (dir.), Indicators de paisatge. Reptes i perspectives, Observatori del Paisatge de Catalunya, Barcelona, p. 249-274.
[5] Farjon H., Van der Wulp N., 2009, « Programa de seguiment de la perceció i l’apreciació del paisatge als Països Baixos », in Observatori del Paisatge (dir.), Indicators de paisatge. Reptes i perspectives, Observatori del Paisatge de Catalunya, Barcelona, pp. 207-219.
[6] Kienast F., Frick J., Maarten J. Van S., Hunziker M., 2015, « The Swiss Landscape Monitoring Program – A comprehensive indicator set to measure landscape change », Ecological Modelling, n°295, p. 136-150.
Office fédéral de l’environnement OFEV, 2017, Mutation du paysage, résultats du programme de monitoring Observation du paysage Suisse (OSP), 72 p.
Les paysages bretons sont définis par la matérialité physique des territoires mais aussi par les représentations que les populations s’en font. Agir sur les paysages dépend de ces représentations individuelles et sociales des Breton·nes, des élu·e·s locaux·cales et des professionnel·les travaillant sur la matérialité des territoires. C’est dans ce cadre que l’équipe projet sur les indicateurs de paysage met en œuvre une enquête régionale sur les représentations paysagères.
Actes du séminaire "vers un paysage de qualité, pour qui ? comment ?"
Caractériser les valeurs paysagères à l’échelle départementale
Comme explicité dans la Convention européenne du paysage (CEP) ratifiée par la France en 2006 et réaffirmé par la loi n° 2016-1087 du 8 août 2016 pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages, le paysage désigne une partie de territoire telle que perçue par les populations, dont le caractère résulte de l'action de facteurs naturels et/ou humains et de leurs interrelations.
Dans ce sens, il est nécessaire de qualifier les paysages identifiés sur son territoire en tenant compte des valeurs particulières qui leur sont attribuées par les acteur·rice·s et les populations concerné·e·s (article 6c de la CEP). Un premier chantier a été lancé à l’échelle départementale dans le cadre des atlas de paysage. Aussi, plusieurs plateformes numériques permettent aujourd’hui d’analyser les représentations culturelles sur les paysages bretons.
Définir les objectifs de qualité paysagère à l’échelle locale
Avec la loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages, les représentations paysagères requièrent une analyse infra-départementale. En effet, la définition des objectifs de qualité paysagère est devenue une obligation pour les collectivités territoriales. Selon l’article L. 333-1 du code de l’environnement et l’article L. 141-4 du code de l'urbanisme, les objectifs de qualité paysagère « désignent les orientations visant à conserver, à accompagner les évolutions ou à engendrer des transformations des structures paysagères, permettant de garantir la qualité et la diversité des paysages à l'échelle nationale » [1].
La définition d’objectifs de qualité paysagère est à formuler dans une stratégie opérationnelle au travers des plans de paysage, des Schémas de cohérence territoriale (SCoT) [2] ou encore des chartes de Parcs naturels régionaux (PNR). Pour les deux derniers documents, l’évaluation environnementale est une obligation réglementaire avec à l’appui des indicateurs qui permettent de la réaliser.
Aux côtés des indicateurs relatifs à la biogéographie des territoires (exemple : artificialisation des sols), la création d’indicateurs sociaux met en exergue l’évolution des représentations sur les paysages quotidiens et l’évolution des aspirations pour les paysages futurs. Outre la compréhension des représentations dans le temps, il s’agit aussi pour les collectivités de prendre en compte les aspirations habitantes à l'instant t dans les politiques publiques.
Faire participer les habitant·e·s pour définir les aspirations paysagères
Les autorités locales et régionales sont alors invitées à mettre en place des procédures de participation du public pour concevoir et réaliser la politique paysagère (article 5c de la CEP). Différents outils de médiation sont conçus pour aider les territoires à construire collectivement les paysages de demain.
À l’échelle régionale, la participation peut se traduire par une enquête sur les paysages avec des résultats saisissables aux échelles infra-départementales. Ce premier travail peut être un levier pour construire des procédures participatives locales.
Des expériences similaires dans les régions transfrontalières
En 2007, était organisé un séminaire européen sur les indicateurs de paysage par l’Observatoire du paysage de la Catalogne [3], des expérimentations issues du Royaume-Uni, de la Hollande, de l’Italie et de la France ont été exposées. La plupart d’entre elles élaborait des idées d’indicateurs génériques (notamment en Italie et en Catalogne) avec comme ambition de servir les politiques publiques. Les indicateurs concernant la dimension sociale des paysages avait une place importante dans les échanges avec l’exemple d’une enquête allemande sur la tranquillité comme facteur de qualité paysagère [4] ou encore une enquête hollandaise basée sur la compréhension des critères qui influent sur l’appréciation paysagère des habitant·e·s [5].
L’Observatoire du paysage Suisse (OPS) est l’une des institutions les plus avancées sur le sujet avec 36 indicateurs existants. En 2012, l’OPS réalise une enquête par questionnaire auprès d’un échantillon de 2 814 habitant·e·s pour évaluer la perception de la beauté du paysage à l’échelle nationale et pour mesurer la qualité paysagère dans l’environnement résidentiel à l’échelle des districts [6].
De la même manière, en 2014, Scotlland’s People and Nature Survey a réalisé une enquête sociale auprès des Écossais pour d’une part connaître la perception des Écossais·es concernant les paysages de la nation et d’autre part la qualité paysagère à l’échelle locale.
Une ambition collective à travers la recherche-action
Force est de constater qu’en France, les enquêtes paysagères à grande échelle restent à construire, avec comme difficulté supplémentaire des enquêtes sur le temps long (réitération tous les 10-15 ans). Dans ce contexte d’apprentissage mutuel, l’OEB et le laboratoire ESO-Rennes invitent les régions transfrontalières ainsi que les acteur·rices priviligé·e·s sur les questions paysagères aux échelles nationale et régionale à réfléchir sur la mise en place de cette enquête.
Le séminaire de coopération régionale transfrontalière intitulé « Vers des paysages de qualité : pour qui ? comment ? » des 12 et 13 mai 2022 à l’université Rennes 2 a été organisé dans cette optique (programme). Outre cet évènement, l’OEB organise tous les 2 mois des rencontres avec les acteur·rices du territoire pour co-construire l’étude sociale. L’ensemble des comptes-rendus du groupe de travail est disponible ici.
Objectifs et méthode d’élaboration de l’enquête régionale sur les paysages
L’enquête est à destination des breton·nes, des élu·e·s locaux·les et des professionnel·les qui participent à l’évolution des paysages. La finalité de l’investigation est double :
- Cerner les caractéristiques qui font que les paysages soient considérés qualitatifs aujourd’hui.
- Définir les enjeux pour améliorer la qualité des paysages de demain.
Afin de développer des résultats qualitatifs et quantitatifs, 2 exercices sont mis en œuvre. Premièrement, une enquête par questionnaire en ligne sera accessible via les différents canaux institutionnels bretons avec comme objectif d’atteindre 2000 répondant·e·s. Deuxièmement, des entretiens semi-directifs sur le terrain seront menés pour affiner les résultats obtenus lors du e-sondage. Enfin, un rapport didactique, des datavisualisations et une cartographie des résultats seront diffusés.
Mieux comprendre
- S'intéresser aux outils de médiation par le paysage
- Approfondir les travaux sur les indicateurs de paysage en Bretagne
- Consulter les premiers indicateurs de paysage en Bretagne
Comment participer ?
Si vous êtes intéressé(e) par le sujet, venez intégrer notre équipe projet. Il suffit d'en informer le pôle nature et paysages de l'Observatoire de l'environnement en Bretagne.
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