État de santé des espèces inféodées aux milieux zones humides en Bretagne

Par François Siorat (OEB)
en collaboration avec Guillaume Gélinaud (BV-Sepnb)
Mise à jour : 16 août 2019
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patrimoine naturel
Organismes associés
Sommaire de l'article

De manière générale, une espèce inféodée à un milieu aura moins de plasticité dans ses capacités à s’adapter à des changements rapides tels que des modifications de son habitat, de ses ressources alimentaires, des agressions par les pollutions, du climat, etc.
L’évaluation à l’échelle régionale de l’état de santé d’une espèce s’appuie sur les trois approches développées jusqu’à présent en Bretagne : l’état de conservation (évaluation par rapport à une situation référentielle), le risque de disparition à court terme, la responsabilité biologique régionale (évaluation sur la base des données régionales qui est contextualisée par la situation à l’échelle nationale). Chaque évaluation porte un regard particulier et est complémentaire des deux autres. L'indicateur synthétise ces trois approches.

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état santé espèces inféodées zones humides Breragne

Les espèces inféodées aux seuls milieux zones humides sont dans un état de conservation moindre et sont plus menacés de disparition que les espèces généralistes.

Par contre, on ne peut conclure à une différence de proportions entre les deux groupes pour la responsabilité biologique régionale.

Compléments

Données et méthode

66,7 % des espèces inféodées aux seuls milieux zones humides sont dans un état de conservation défavorable contre 34,3 % pour les généralistes et 56,4 % sont menacées d’un risque de disparition à court terme contre 26,0 % pour les généralistes. Pour ces deux évaluations les différences de proportion sont significatives et marquent ainsi un état de santé moindre pour les espèces inféodées aux seuls milieux zones humides.
16,3 % des espèces inféodées aux seuls milieux zones humides sont concernées par une responsabilité biologique régionale majeure à très élevée contre 8,5 % pour les généralistes. Si numériquement l’écart entre les pourcentages inféodées / généralistes est important le moindre nombre d’espèces concernées ne permet pas de se prononcer sur un différentiel de l’état de santé.

  • Méthode

Nombre d’espèces inféodées aux seuls milieux zones humides en catégorie « Défavorable » en matière d’état de conservation, rapporté au nombre d’espèces inféodées aux seuls milieux zones humides dont l’évaluation est connue en matière d’état de conservation. La méthode Etat de conservation utilisée à l’échelle bretonne est fondée sur la méthode nationale développée pour évaluer l’état de conservation des habitats et des espèces d’intérêt communautaire (Bensettiti et al., 2012).
Nombre d’espèces inféodées aux seuls milieux zones humides catégorisées menacées en Listes rouges régionales, rapporté au nombre d’espèces inféodées aux seuls milieux zones humides à l’évaluation connue en Listes rouges régionales. La méthode risque de disparition à court terme utilisée à l’échelle bretonne est fondée sur la méthode nationale développée par l’UICN (Liste rouge régionale)
Nombre d’espèces inféodées aux seuls milieux zones humides en catégories « majeure » et « très élevée » en matière de responsabilité biologique régionale rapporté au nombre d’espèces des seuls milieux zones humides évaluées. Le principe de la méthode Responsabilité biologique régionale repose sur une pondération des résultats en liste rouge régionale par l’abondance relative (Bretagne / métropole) des populations et par les résultats en liste rouge nationale.
- Espèces traitées
Ont été prises en compte les espèces des groupes suivants : pour le risque d’extinction et la responsabilité biologique régionale = les vertébrés (hors poissons marins et hors oiseaux en tant que migrateurs), les rhopalocères et les décapodes d’eau douce ; pour l’état de conservation = les vertébrés (hors poissons marins et hors oiseaux en tant que migrateurs).
- Espèce « inféodée »
La notion de « inféodée » (niveau de sténoécie) repose sur l’analyse des occurrences préférentielles ou exclusives des espèces dans un milieu donné en Bretagne (cf. source méthodologique ci-dessous).
166 espèces inféodées à un seul grand type de milieu ont été identifiées.
Les espèces "zones humides" utilisées pour l’indicateur :
Alyte accoucheur, Crapaud calamite, Grenouille agile, Grenouille de Lessona, Grenouille rousse, Grenouille verte, Pélodyte ponctué, Rainette verte, Salamandre tachetée, Triton alpestre, Triton crêté, Triton marbré, Triton palmé, Triton ponctué,, Campagnol amphibie, Castor d’Europe, Crossope aquatique, Loutre d'Europe, Murin de Daubenton, Barge à queue noire, Bergeronnette des ruisseaux, Butor étoilé, Canard chipeau, Canard colvert, Canard souchet, Echasse blanche, Foulque macroule, Fuligule milouin, Fuligule morillon, Gallinule poule-d'eau, Gorgebleue à miroir, Grèbe castagneux, Grèbe huppé, Locustelle luscinioïde, Martin-pêcheur d'Europe, Panure à moustaches, Phragmite des joncs, Râle d'eau, Rousserolle effarvatte, Rousserolle verderolle, Sarcelle d'été, Sarcelle d'hiver, Tarier des prés, Couleuvre à collier, Lézard vivipare.
- Milieux
Par milieux il faut comprendre grands types de milieux tels qu’abordés dans le cadre du jeu d’indicateurs : milieux forestiers, bocagers, de landes (végétations hautes non arbustives), pelouses (végétations rases), de cours d’eau, humides, des eaux estuariennes, d’estran et dunes, marins côtiers, urbains.
- Comparaison de pourcentage
Pour établir la significativité d’une différence de pourcentage, le test d’indépendance par Khi2 a été utilisé. Ont été déclarées comme significatives les différences avec une probabilité de se tromper inférieure à 5 %. Le test Khi2 est reconnu valable si les effectifs des classes traitées sont supérieurs à 5.
La robustesse de l’indicateur est inhérente à celle liée aux trois types d’évaluations. Notamment, il faut se garder de sur interpréter des différences statistiquement peu significatives en raison de certaines faiblesses des données utilisées (ancienneté de l’évaluation par rapport au moment du calcul, proportion d’espèces à l’évaluation encore inconnue pouvant modifier les équilibres, qualification à dire d’experts pour certains critères et non pas quantification).
En l’état actuel des connaissances, les papillons de jour (rhopalocères) sont les seuls invertébrés pris en compte. Lorsque des données seront disponibles pour les autres groupes elles affineront l’analyse.
Source méthodologique : BENSETTITI F., PUISSAUVE R., LEPAREUR F., TOUROULT J. & MACIEJEWSKI L. 2012. Evaluation de l'état de conservation des habitats et des espèces d'intérêt communautaire – Guide méthodologique – DHFF article 17, 2007-2012. Service du patrimoine naturel, Muséum national d'histoire naturelle, Paris, 76 p.

  • Données

  • Chaine de production

Récolte des observations (datées essentiellement de 2000 à 2010) par les associations et organismes naturalistes de Bretagne.
Calcul, mise en forme : OEB juillet 2018.
Les informations « Listes rouges régionales », « Etat de conservation », « Responsabilité biologique » et liste d’espèces spécifiques ont été produites lors de divers travaux régionaux collectifs animés par l’OEB entre 2013 et 2017.
Principal-e contributeur-trice à l’émergence de l’indicateur : G. Gélinaud (BV-Sepnb)

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François Siorat
Chef du pôle Nature et Paysages | Chef de projet Patrimoine naturel
Pôle nature & paysages
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