
- CNRS (2021a) L’océan, puits de carbone à l’avenir incertain, CNRS Terre & Univers.
- CNRS (2021b) Pourquoi le changement climatique entraine l’acidification des océans.
- CONFÉRENCE // L’acidification des océans, l’autre problème du CO2 (2022).
- IPCC (2019a) IPCC Special Report on the Ocean and Cryosphere in a Changing Climate.
- IPCC AR6-WGI Atlas (no date).
- McGovern E., et al. (2022) Ocean Acidification. In: OSPAR, 2023: The 2023 Quality Status Report for the North-East Atlantic. OSPAR Commission, London.
- National Geographic (2022) Tout comprendre sur : l’acidification des océans, National Geographic.

L’acidification des océans, tout comme l’augmentation de la température planétaire, sont liés à l’augmentation du CO2 dans l’atmosphère. D’après les mesures fournies par le SOMLIT (Service national d’observation en milieu littoral du CNRS), le pH a fortement diminué sur ses cinq stations situées à Brest, Roscoff et Dinard depuis une vingtaine d’années. À Brest, depuis 2008, on observe une baisse notable : usuellement au-dessus de 8,1, le pH de l’eau de mer dépasse rarement 8 à l’heure actuelle. Le GIEC prévoit une poursuite du phénomène d’acidification au niveau mondial au moins jusqu’en 2100. Les organismes calcaires sont particulièrement vulnérables à ce phénomène.
Quels sont les facteurs qui influencent le pH de l'océan ?
L‘acidification de l’océan correspond à une diminution du pH de l’eau. Ça ne signifie pas que l’océan est en train de devenir acide (pH < 7) : l’eau des océans a un pH tournant autour de 8,1, et si l’on observe actuellement une diminution de son pH, il reste globalement alcalin (pH > 7). A l’échelle mondiale, on constate une diminution de 0,017 à 0,027 unités de pH par décennie depuis la fin des années 80. Des variations qui peuvent sembler minimes, mais une diminution du pH de 0,1 correspond à environ 30% d’acidité en plus.
La baisse du pH, constatée sur 95% de la surface des océans, n’est pas une conséquence du réchauffement de l’atmosphère. Elle est directement liée à l’augmentation de la concentration du CO2 atmosphérique, causée par les activités humaines.
La capacité des océans à être le premier puits de carbone de la planète ne dépend pas seulement du phytoplancton, qui utilise le CO2 atmosphérique pour réaliser la photosynthèse. Un processus de dissolution physique est également à l’œuvre, permettant aux océans d’absorber des molécules de CO2 atmosphérique. C’est un processus qui fonctionne à l’équilibre : si la concentration de CO2 dans l’atmosphère augmente, celle de CO2 dissous dans l’océan aussi. On estime ainsi que les océans ont capté 30% des émissions anthropiques de CO2 depuis le début de l’aire préindustrielle (1850). Le C02 atmosphérique se dissous dans l’eau en libérant des ions H+, ce qui entraine une baisse du pH.
Quels impacts pour la Bretagne ?
L‘acidification des océans nuit au développement des organismes marins calcaires, car elle empêche la formation de carbonate de calcium, molécule essentielle à la construction de leur coquille ou leur squelette interne. Un phénomène qui impacte aussi indirectement d’autres espèces qui profitent des habitats créés par la présence des organismes calcaires, comme par exemple les bancs de maërl.
En effet, le littoral breton dispose d’une grande quantité de bancs de maërl, qui sont composés d’algues calcaires de couleur rouge. Elles se développent sur les petits fonds, à une vitesse lente et s’accumulent sur plusieurs mètres d’épaisseur. Les bancs de maërl constituent un habitat pour une grande diversité d’espèces. Elles servent de nurserie pour certaines espèces de poissons, et on y retrouve beaucoup de coquillages commercialisés, notamment la coquille Saint-Jacques.
Aller plus loin : le projet CocoriCO2 étudie l’impact de l’acidification des océans sur la conchyliculture.
Quelle évolution en Bretagne ?
D’après le rapport de 2023 de la Commission OSPAR, les vitesses d’acidification sont variables dans l’Atlantique Nord, de -0,0011 à -0,033 unité de pH/ an. Les vitesses les plus élevées étant mesurées en milieu côtier. Cela est dû à la complexité de ces environnements, présentant des interactions complexes de processus physiques, chimiques et biologiques. En Bretagne, des travaux scientifiques sont en cours pour comprendre les raisons de cette baisse de pH importante.
A quoi s'attendre pour le futur ?
D’après le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), le pH va continuer de diminuer peu importe le scénario d’émission de gaz à effet de serre. Dans l’Atlantique Nord, pour un réchauffement mondial* de +2°C, le pH pourrait diminuer de 0,1 à 0,2 unité par rapport à 1995-2014. Pour un réchauffement de +4°C il pourrait baisser de 0,2 à 0,3 unité par rapport à 1995-2014. [r1]
*Les scénarios de projection sont présentés en degrés de réchauffement pour être en accord avec la TRACC mais rappelons que l’acidification de l’océan est liée aux émissions de CO2 et non au réchauffement de l’atmosphère.