
- HUGUENY, Bernard, OBERDORFF, Thierry et TEDESCCO, Pablo A, 2010. Community Ecology of River Fishes: A Large-Scale Perspective. In : Community Ecology of Stream Fishes : Concepts, Approaches and Techniques. In : American Fisheries Society Symposium 73. Gido K, Jackson DA Eds. 2010. pp. 29‑62.
- KEITH P., POULET N., DENYS G., CHANGEUX T., FEUNTEUN E. & PERSAT H. (COORD.), 2020. Les Poissons d’eau douce de France. Deuxième édition. Muséum national d’Histoire naturelle. Paris : Biotope. Inventaires & biodiversité.
- LE GALL, Olivier, 2010. Influences des glaciaires-interglaciaires sur les ichtyofaunes des eaux douces européennes. Quaternaire. 1 septembre 2010. N° vol. 21/3, pp. 203‑214. DOI 10.4000/quaternaire.5570.
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REYJOL, Yorick, HUGUENY, Bernard, PONT, Didier, BIANCO, Pier Giorgio, BEIER, Ulrika, CAIOLA, Nuño, CASALS, Frederic, COWX, Ian, ECONOMOU, Alcibiades, FERREIRA, Teresa, HAIDVOGL, Gertrud, NOBLE, Richard, DE SOSTOA, Adolfo, VIGNERON, Thibault et VIRBICKAS, Tomas, 2006. Patterns in species richness and endemism of European freshwater fish. Global Ecology and Biogeography. 29 août 2006. Vol. 0, n° 0, pp. 061120101210016-??? DOI 10.1111/j.1466-822X.2006.00264.x.

La faune ichtyologique de Bretagne a été fortement réduite au cours des périodes glaciaires du quaternaire. Depuis cette période, un lent processus de recolonisation s’est mis en œuvre. Celui-ci a été largement favorisé par les introductions humaines à des fins de pêche ou d’aquaculture. Cette dynamique de colonisation a connu une accélération récente avec une augmentation du nombre d’espèces de l’ordre de 10% depuis 1990, en grande partie liée à l’arrivée d’espèces exotiques.
Evolution de la composition spécifique de l'ichtyofaune de Bretagne

Le Miocène (23-5,3 millions d'années)
En Europe, le Miocène, à la fin de l’ère Tertiaire, est une période clé pour la diversification des poissons, notamment les cyprinidés, grâce à des températures chaudes et des événements géologiques majeurs (Keith et al., 2011).
La Bretagne était alors une île isolée de la France « continentale » par la mer des Faluns (Denys, 2015).
Les périodes glaciaires du Quaternaire (2,58 millions d'années - 11 700 ans)
Pendant les glaciations le niveau de la mer s’est abaissé, créant des connexions fluviales temporaires. Les fleuves bretons se sont connectés à un vaste réseau fluvial, le grand fleuve Manche (Le Gall, O., 2010) qui collectait les eaux de l’Elbe, le Rhin, la Tamise, la Seine... Ce réseau a favorisé la circulation des espèces entre les sous-bassins.
Lors des phases de réchauffements interglaciaires, la remontée marine a éliminé la plupart des espèces, isolées entre la mer et des conditions écologiques inadaptées à l’amont des cours d’eau. Ce phénomène d’isolement est plus marqué pour les petits bassins versants de l’ouest. La région à la fin du quaternaire ne compte alors que quelques espèces d’eaux froides comme les lamproies, la loche franche, la vandoise rostrée, le vairon ?
Après le dernier maximum glaciaire, démarre une phase de (re)colonisation du réseau hydrographique ouest européen par les espèces de poissons depuis les grands fleuves d’Europe orientale (Ponto-Caspiens) où ils avaient trouvé refuge (Reyjol et al., 2007). La position très occidentale du réseau hydrographique breton, son isolement par rapport aux grands fleuves européens et sa fragmentation ont fortement entravé ces recolonisations.
La période historique
Les réseaux hydrographiques sont stabilisés. Le développement des activités humaines impacte alors l’ichtyofaune par les introductions d’espèces :
- Au moyen âge, de nombreuses espèces d’eaux calmes (gardons, tanches, brèmes, … puis la carpe) sont introduites par la pisciculture vivrière d’étangs.
- La construction du Canal de Nantes à Brest, au 18ème siècle, facilite la propagation d'espèces entre les bassins de la Vilaine, de la Rance, du Blavet et de l’Aulne.
- Enfin, à la fin du 19ème et au 20ème siècle, la pêche de loisir et les repeuplements intensifient la dispersion d’espèces nouvelles souvent exotiques et parfois invasives (poisson chat…).
Une accélération récente des colonisations (1990-2024)
Au cours des 30 dernières années, de nombreuses espèces sont apparues, principalement par le bassin de la Vilaine, puis se sont diffusées dans d’autres bassins malgré les barrières biogéographiques terrestres. Ces espèces, propagées par l’Homme pour des motivations halieutiques, sont pour la plupart exotiques (aspe, ide mélanote, pseudorasbora…). D’autres, comme le spirlin ou la bouvière, bien qu’allochtones en Bretagne, sont autochtones à ailleurs en France.
Cette expansion de la faune ichtyologique est remarquable et rapide. Le nombre d’espèces de poissons d’eau douce présents en Bretagne a suivi une croissance de l’ordre de 10 % en trente ans (5 à 6 espèces nouvelles).
La richesse et la distribution actuelle des poissons en Bretagne est donc la résultante de processus paléo historiques, climatiques et anthropiques.
Une colonisation récente des espèces exotiques
Les suivis mis en place par l’OFB à l’échelle nationale montrent régulièrement l’arrivée d’espèces exotiques (Poulet et al., 2011). Certaines d’entre elles peuvent créer des déséquilibres biologiques (carpe, sandre, pseudorasbora…).
La région Bretagne héberge actuellement 17 espèces considérées comme introduites au niveau national (Keith et al., 2020) dont 12 sont acclimatées. Il convient de mentionner la colonisation d’ espèces considérées autochtones en France mais historiquement absentes de la faune régionale comme le spirlin ou la bouvière.
Nom français | Nom latin | Origine de l'introduction | Epoque d'introduction | Statut | Date de première observation dans les données d'inventaires |
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