Les bassins versants, une multitude d’îles qui structurent la biodiversité aquatique

Par Timothée Besse, OEB François siorat, OEB
en collaboration avec Thibault Vigneron, OFB Pascal Irz, OFB
Mise à jour : 14 mai 2025
Temps de lecture : 4 minute(s)
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eau
patrimoine naturel
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Les données sur l'eau en Bretagne
Les poissons d'eau douce de Bretagne
Sources

Données 

Les données de pêche électrique réalisées sur le territoire Vilaine et côtiers bretons depuis 1980 sont fournies par l'OFB et extraites de la base de données ASPE via l'API Hub'eau.

En savoir plus : ASPE - Application de Saisie des données Piscicoles et Environnementales (eaufrance.fr)

Biodiv'Bretagne est un outil pour accéder aux données naturalistes concernant la Bretagne. Animée par l’OEB, elle est portée par une dynamique régionale impliquant de multiples acteurs bretons.

En savoir plus : La plateforme régionale Biodiv'Bretagne d'accès aux données naturalistes

Les données sur l'eau en Bretagne

La richesse en espèces est principalement expliquée par la taille des bassins versant (BV). Plus le bassin est grand et plus le nombre d’espèces est important. La petite taille des BV favorise les phénomènes d’extinction. Leur isolement ralentit l’arrivée de nouvelles espèces (faible taux de colonisation).

Le bassin versant, une île biogéographique

Pour les poissons, il faut considérer le bassin versant comme une “île biogéographique”. En effet, les poissons d’eau douce ne peuvent franchir les barrières biogéographiques que constituent le milieu terrestre ou le milieu marin. Dans un petit fleuve côtier, les poissons sont donc isolés dans un espace réduit avec une variété d’habitats limités. Les grands bassins offrent des habitats plus variés, en termes de profondeur, pente, habitats végétaux, températures ou qualité d’eau.… Ainsi, lors d'événements extrêmes, la faune isolée des petits bassins versant est beaucoup plus sensible aux phénomènes d’extinctions et les recolonisations sont impossibles en dehors de la voie marine.

La faune aquatique des petits fleuves côtiers apparaît donc particulièrement fragile face aux risques d’extinctions. Pour bien la protéger, il est essentiel de bien la connaître.

Une faune ichtyologique pauvre en espèces mais riche en migrateurs

Le territoire métropolitain compte actuellement 108 espèces de poissons d'eau douce (Keith P. et al., 2020). La Bretagne ne compte que 48 espèces (41 dans les données analysées ici), mais accueille 6 des 7 espèces migratrices amphihalines métropolitaines. Cette pauvreté en espèces est en partie liée à la petite taille des bassins versants et de leur isolement biogéographique des grands bassins versants français.

Groupes écologiques des poissons d'eau douce en Bretagne

Le nombre d’espèces est en partie déterminé par la taille du bassin versant

De nombreuses recherches à travers le monde ont montré que la richesse en espèces de poissons d’eau douce est largement dépendante de la taille du bassin versant (Hugueny, 1989), du climat (Hugues et al., 1982) et de facteurs historiques. Cette relation « aire-espèces » est vérifiée en Bretagne. Par exemple, le plus grand bassin versant de l’ouest, l’Aulne héberge 16 espèces alors que l’Aber, pourtant voisin mais de plus petite taille n’héberge que 3 espèces.

Richesse spécifique des bassins versants bretons
Evolution de la richesse en espèces en fonction de la surface du bassin versant
Distribution des richesses en espèces dans les différents bassins versant bretons
Distribution des richesses en espèces dans les différents bassins versant bretons

La disponibilité de conditions environnementales variées dans les grands bassins versant a, en outre, permis aux espèces de trouver des refuges lors des changements climatiques paléo-historiques, limitant ainsi les phénomènes d’extinctions.

Par  ailleurs, au sein d’un cours d’eau, le nombre d’espèces de poissons augmente naturellement avec la taille du cours d’eau selon un gradient longitudinal amont-aval (Verneaux, 1973). Ce phénomène traduit une augmentation de la diversité des habitats avec la taille du cours d’eau.

La Vilaine est le fleuve le plus riche de la Bretagne avec 38 espèces de poissons d’eaux douces répertoriées . Ce bassin est aussi contigu au grand bassin de la Loire qui constitue un réservoir important d’espèces (connexion difficile mais possible via le canal de Nantes à Brest). C’est d’ailleurs sur la basse Vilaine, à proximité sa jonction au canal de Nantes à Brest, que l’on observe les principales arrivées récentes de nouvelles espèces comme l’aspe, la bouvière ou le pseudorasbora. Cette « porte d’entrée » pour de nouveaux poissons potentiellement invasifs mérite une surveillance particulière.

Une faune dominée par les espèces migratrices et les espèces d’eaux froides

L’espèce la plus courante en Bretagne est l’anguille qui colonise la quasi-totalité des fleuves côtiers. Elle est recensée sur 95 % des bassins versant et des inventaires. Sa large répartition est toutefois limitée sur l’amont de certains bassins par les grands barrages (Blavet en amont Guerlédan, Rance en amont de Rophémel…).

La truite et ses espèces d’accompagnement (chabot, loche franche et vairon) sont également largement distribuées sur le territoire breton.

En revanche, les espèces thermophiles (qui aiment les eaux chaudes) d’eaux calmes, comme l’ablette, la brème commune ou la tanche, colonisent principalement le cours aval des plus grands bassins versants, plus particulièrement sur la partie Est de la région (Vilaine, Rance, Couesnon).

Tableau des espèces par groupe écologique

photo Timothee
Timothée Besse
Chef de projet Eau
Pôle nature & paysages
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François Siorat
Chef du pôle Nature et Paysages | Chef de projet Patrimoine naturel
Pôle nature & paysages
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