
- Atlas des aléas littoraux du BRGM
- La cartographie du risque lié à la submersion a été réalisée par Osirisc
- Cariolet, Jean-Marie, Stéphane Costa, Rémi Caspar, Fabrice Ardhuin, Rudy Magne, et Gérard Goasguen. 2010. « Aspects météo-marins de la tempête du 10 mars 2008 en Atlantique et en Manche ». Norois. Environnement, aménagement, société, no 215 (septembre), 11 31.
- Idier, Déborah, Jérémy Rohmer, Rodrigo Pedreros, Sylvestre Le Roy, Jérôme Lambert, Jessie Louisor, Gonéri Le Cozannet, et Erwan Le Cornec. 2020. « Evènements de submersion sur la période 1900-2010 à Gâvres (Morbihan): utilisation conjointe des approches historiques, de modélisation et statistiques ». In XVIèmes Journées, Le Havre, 769 78. Editions Paralia.

Une grande partie du littoral breton fait face au risque de submersion marine, exposant actuellement 75 000 habitants. Avec l’élévation du niveau de la mer, les zones basses seront plus exposées aux submersions à marée haute et les événements de submersions majeurs deviendront bien plus fréquents. Les politiques locales d’adaptation consistent en une variété
de stratégies qui appellent à apprendre à vivre avec l’élévation du niveau de la mer.
Les submersions marines sont des inondations temporaires des zones côtières par la mer. Lors des tempêtes, la diminution de la pression atmosphérique et l’effet des vents forts entraînent une élévation provisoire du niveau de la mer (surcote). Ces conditions météorologiques défavorables créent alors des risques de submersion, encore plus élevés si la tempête frappe lors de marées hautes, et si elle est accompagnée de fortes houles. La tempête Johanna de mars 2008 a par exemple fait de nombreux dégâts de submersion en Bretagne et le long de la Manche, notamment à cause de la conjonction à de grandes marées (coefficient supérieur à 100) et de fortes houles venant de l’Atlantique.
Un risque de submersion dispersé sur tout le littoral
Les zones basses sont particulièrement exposées à la submersion marine, en cas de débordement ou de rupture des structures naturelles ou artificielles qui les séparent de la mer. Ce sont souvent des zones gagnées sur la mer (polders et marais), où le trait de côte a été fixé artificiellement par des ouvrages de défense côtière, limitant ainsi la mobilité naturelle du littoral. Leur submersion peut intervenir lorsque le niveau d’eau lors d’événements météo-marins (grandes marées, tempêtes) dépasse le niveau de protection pour lequel ont été calibrés ces ouvrages. 75 000 Bretonnes et Bretons habitent dans une zone avec un risque de submersion, soit 2,2 % de la population bretonne.
Les côtes bretonnes étant très découpées et urbanisées, les territoires exposés au risque de submersion sont nombreux et dispersés sur tout le littoral. Les zones considérées comme particulièrement à risque sont le sud du Pays Bigouden, le Pays Fouesnantais, Saint-Malo, la baie du Mont-Saint-Michel, le Golfe du Morbihan, Gâvre et le nord du Finistère entre Roscoff et Plouguerneau (Haut-Léon).

Un urbanisation du littoral qui augmente le risque
L’élévation du niveau de la mer, accélérée par le réchauffement climatique, aggrave les risques de submersion. Ces vingt dernières années ont été marquées par des événements de submersion majeurs en Bretagne (Johanna en 2008, Xynthia en 2010 et l’hiver 2013-2014), engendrant de nombreux dégâts. Cette phase intense fait suite à une période de 50 ans où peu de dégâts littoraux ont été recensés, selon le BRGM. On ne peut cependant pas séparer l’effet de l’urbanisation rapide des littoraux bretons de l’impact du changement climatique dans l’augmentation des dégâts liés aux submersions.
Des submersions jusqu'à 100 fois plus fréquentes dans le futur
Avec l’élévation du niveau marin, les événements de submersion marine sont appelés à devenir plus fréquents. Pour exemple, une étude de 2020 a caractérisé neuf événements historiques de submersion à Gâvres (1900-2010), et estimé leur probabilité d’occurrence selon l’élévation du niveau de la mer. Elle a déterminé que les conditions hydrométéorologiques réunies lors de la tempête Johanna en 2008, qui ont actuellement un risque sur 100 de se produire tous les ans, pourraient avoir lieu en moyenne une fois par an avec une élévation supplémentaire de 60 cm de la mer. Les zones basses pourront graduellement être exposées à la submersion chronique (soit à marée haute), puis à la submersion permanente, entraînant ainsi un recul du trait de côte.
L’adaptation consiste alors à choisir comment vivre avec cette montée des eaux. Car la question n’est pas de savoir jusqu’où s’élèvera la mer, mais quand : elle atteindra les +2 mètres, dans 100 ou 2000 ans, selon nos efforts pour limiter le réchauffement climatique.
Les territoires peuvent suivre plusieurs voies d’adaptation, selon le nombre et l’importance des enjeux présents. S’opposer à l’arrivée de la mer et ériger (et entretenir) des ouvrages de défense plus hauts et plus résistants, qui pourront protéger durant quelques années ou décennies supplémentaires les populations ; construire des bâtiments avec un rez-de-chaussée non-habité ; développer la culture du risque ; accompagner la montée de la mer en lui laissant (re)conquérir des territoires, via notamment la préservation de zones naturelles ou la relocalisation des enjeux exposés, sont autant de stratégies qui peuvent se combiner.