
L'inventaire naturaliste d'une commune est-il complet ? Toutes les espèces ont-elles été détectées ? Pour y répondre, une approche technique fondée sur les données de la plateforme régionale Biodiv'Bretagne a été développée avec les Observatoires régionaux faune flore et des scientifiques. Cette première approche permet d'identifier les points forts et les points faibles de la connaissance des listes communales d'espèces en Bretagne.
À peine un dixième d'inventaires communaux "convenableS"
Tous groupes étudiés confondus, seuls 12 % des inventaires naturalistes communaux sont évalués "convenables", c'est à dire quand plus de 80 % des espèces ont été détectés et qu'ainsi l'appréciation pleine et entière des enjeux de biodiversité relatifs à un groupe d'espèce est possible.
En excluant les poissons d'eau douce et amphihalins de ce bilan global, on atteint 14 %. En effet, l'échantillonnage régional des poissons est fondé sur peu de sites ponctuels (en relatif aux autres groupes de chordés) mais qui permettent d'établir une vision fine de la distribution par tronçon de cours d'eau sur toute la Bretagne (cf. Données connexes).
Oiseaux et papillons de jour à près d'un cinquième d'inventaires communaux "convenables"
La proportion de communes aux inventaires naturalistes "convenables" atteint 20 % pour les oiseaux et 18 % pour les papillons de jour (Lépidoptères rhopalocères) ce qui fait de ces deux groupes les mieux inventoriés à l'échelle du réseau des communes de Bretagne.
amphibiens et reptiles avec une majorité d'inventaires communaux "très insuffisants"
Les groupes d'espèces se différencient très fortement pour la proportion de communes à inventaire "très insuffisant" versus "insuffisant".
"Très insuffisant" signifie que aucune espèce n'a été observée ou une seule, ou qu'il y a trop peu d'observations pour chaque espèce détectée, ou encore que moins de 50 % des espèces sont détectées. En terme de conservation, les enjeux de biodiversité de ce groupe seront appréciés de manière très partielle, voire faussement.
Ainsi, les amphibiens et les reptiles sont les deux groupes avec le score "très insuffisant" le plus fort à l'échelle du réseau des communes de Bretagne.
Quelques points de vigilance
Il est important de retenir que l'évaluation présentée ici porte exclusivement sur des groupes d'espèces : est-ce que l'ensemble des espèces appartenant, par exemple, aux amphibiens a été détecté ? et si non, de combien sommes-nous éloignés de la complétude de cet ensemble ?
Des dizaines de groupes d'espèces ont été inventoriés depuis plus de 50 ans en Bretagne. Mais moins d'une dizaine ont fait l'objet de l'ensemble des 5 évaluations régionales : risque de disparition, responsabilité biologique, état de conservation, discriminante znieff, enjeux régionaux. Il s'agit des vertébrés continentaux, de la flore vasculaire, et de quelques groupes d'invertébrés continentaux. Pour cette raison, l'évaluation du niveau des inventaires à l'échelle communale porte uniquement sur ces groupes. De manière concomitante, une raison technique s'impose aussi : les autres groupes ne sont pas représentés par un nombre assez conséquent d'observations dans une majorité des communes de Bretagne.
Les données d'observations utilisées sont celles qui sont compilées dans la plateforme régionale Biodiv'Bretagne. Certaines données récentes peuvent ne pas être encore transmises à la plateforme, notamment des données issues des inventaires ABC / ABI.
La méthode d'évaluation du niveau d'inventaire est fondée sur la courbe d'accumulation des observations : plus il y a d'observations réalisées sur un territoire et moins il y a de chance qu'une nouvelle observation détecte une nouvelle espèce. C'est une approche technique simple - voire simpliste - mais qui répond à un premier niveau d'interrogation globale des acteurs de la connaissance en Bretagne (cf. ci-dessous le chapitre Méthode).
L'évaluation ne répond pas à la question de la complétude de l'échantillonnage à l'intérieur d'une commune : un seul site a-t-il été inventorié dans la commune ou plusieurs ? Par exemple, une seule mare (très bien) inventoriée peut permettre d'atteindre le niveau "convenable" d'inventaire des amphibiens dans la commune mais la répartition communale de ces amphibiens n'est pas connue au delà de cette mare.
Le constat du nombre d'inventaire naturaliste communal "convenable" semble décevant. Ceci est dû en grande partie à l'échelle d'évaluation qui est relativement petite : un réseau de commune (ou encore de maille 1 km*1 km) sur un territoire comme une région administrative nécessiterait un effort de prospection jamais vu jusqu'ici pour atteindre un objectif de plus de 50 % de "convenable" et ce même sur une période de 20 ans de prospection.
Cette première approche traite de la même façon tous les groupes d'espèces. Hors, des aspects biogéographiques (par exemple les angiospermes comptent au moins 1 900 espèces en Bretagne, alors qu’il n’y a qu’une dizaine d’espèces d’amphibiens ou de reptiles) ou sociaux (la mobilisation des observateurs est très inégale selon les groupes ; sur 8 millions de données, 5,6 millions concernent les oiseaux, 1,2 millions les angiospermes et 200 000 les mammifères) militent pour affiner l'approche méthodologique utilisée en première instance.
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Compléments
- Méthode
-
L’objectif est d'évaluer pour chaque commune de Bretagne si le nombre d’espèces observées dans la commune est plus ou moins proche de la fréquentation effective de la commune par la faune et flore locale.
Ce niveau de complétude de l'inventaire communal pour un groupe d'espèces est évalué avec la méthode de la courbe d'accumulation : plus il y a d'observations accumulées sur un territoire et moins il y a de chance qu'une nouvelle observation détecte une nouvelle espèce.
Les données utilisées pour ce travail sont les observations compilées dans la base de données de Biodiv’Bretagne. L’ensemble de ces données est mis à disposition par les producteurs (associations, organismes publics, laboratoires…) dont la plupart sont organisés au sein des 6 ORFF existants à ce jour.
Les observations de plus de 25 ans sont exclues de l’analyse ainsi que les observations à une échelle supérieure à la commune (quelques données dans Biodiv’Bretagne sont à la maille 10 km*10 km ou départementale) ou encore les observations qui ne sont pas rattachables au niveau taxonomique de l’espèce (référentiel Taxref du SINP).
Il est important de noter que cette complétude porte sur un résultat brut en nombre d’espèces mais ne mesure pas directement l’effort de prospection : combien de personnes, combien de dispositifs, combien de protocoles vs données opportunistes, temporalité des observations, spatialisation relative aux observateurs, etc. Ainsi la complétude du nombre communal d’espèces est une notion à utiliser pour nuancer le constat brut en nombre d’espèces observées ou pour contextualiser la commune dans un périmètre équivalent ou plus large (EPCI, département, etc.). Il ne faut pas l’utiliser comme descripteur de l’effort d’échantillonnage intra communal.
Les groupes d’espèces étudiés sont les suivants :
pour les vertébrés : Oiseaux, Mammifères, Reptiles, Amphibiens, Poissons d’eau douce et migrateurs ;
pour les invertébrés : Lépidoptères, Odonates, Araignées ;
pour la flore : Angiospermes, Ptéridophytes, Gymnospermes (les Trachéophytes).Ces groupes ont fait par ailleurs l’objet d’évaluations régionales de leur état de santé (listes rouges, état de conservation, responsabilité…) et de prospections historiquement réparties sur toute la Bretagne. Pour les autres groupes, l’information est très fortement partielle en couverture géographique et le constat est systématiquement celui de listes d’espèces très incomplètes, voire souvent inexistantes (pas d’observations dans la commune). En fonction de l’avancée des connaissances, certains de ces groupes seront incorporés dans l’analyse.
Plus d'informations méthodologiques : Méthode d'identification du niveau de complétude des inventaires naturalistes communaux en Bretagne