Des indicateurs pour les espèces exotiques envahissantes en Bretagne

Par François Siorat (OEB)
en collaboration avec Frédérique Viard (CNRS) Sandrine Derrien-Courtel (MNHN) Jacques Haury (Agrocampus Rennes) Olivier Lorvelec (Inrae) Michel Pascal (Inrae) Philippe Clergeau (MNHN) Sylvie Magnanon (CNBN) Fabien Pelloté Julie Pagny Etienne Camenen
Mise à jour : 30 juillet 2025
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patrimoine naturel
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Sommaire de l'article
Les données sur le patrimoine naturel en Bretagne

Les espèces non indigènes d'un territoire (aussi dites exotiques ou allochtones) ne seraient étudiées que par les scientifiques si elles n'induisaient, pour certaines d'entre elles, des impacts négatifs sur la biodiversité, la santé humaine ou l'économie. Par exemple en diminuant la biodiversité autochtone, en véhiculant des maladies ou encore en dégradant des installations, ces espèces exotiques envahissantes (EEE) obligent diverses composantes de la société à s'emparer du sujet.
A l'échelle mondiale, et de part l'importance internationale des hotspots de biodiversité dans les îles, les EEE sont l'une des 5 principales menaces pesant sur la biodiversité. En Bretagne, naturalistes, scientifiques, gestionnaires et décideurs publics s'en préoccupent.

7,4 % d'invasives avérées

Le bilan actuel fait état de 457 espèces non indigènes détectées en Bretagne continentale, faune et flore confondues. Parmi elles, 34 soit 7,4 % sont évaluées comme invasives avérées (elles impactent d'une façon ou d'une autre la biodiversité, l’économie ou la santé). Cependant, 325 autres (71,1 %) sont estimées non invasives.

Plus forte proportion d'invasives avérées pour la faune

17,7 % d'espèces invasives avérées pour la faune (11 / 66 ) contre 5,9 % pour la flore (25 / 391), signifiant ainsi une histoire en Bretagne, des modalités d'arrivée sur le territoire et des écologies fortement différenciées entre la faune et la flore non indigènes.

oiseaux et mammifères versus poissons et insectes

Parmi la faune continentale, les oiseaux et les poissons d'eau douce comptent le plus fort contingent d'espèces non indigènes (respectivement 17 et 18 espèces), suivis par les mammifères et les insectes (respectivement 10 et 11 espèces). Cependant, le groupe des insectes est très fortement sous estimé car les invertébrés liés aux domaines de l'agronomie, de la foresterie ou de la santé humaine ne sont quasiment pas pris en compte dans le présent travail.

Des EEE aussi en mer

Dans les eaux marines bretonnes, 63 espèces non indigènes de faune et 29 de flore ont été détectées, dont respectivement 23 et 5 sont des invasives avérées.

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Compléments

Eléments de méthode

Dès 2010, dans le cadre d'un travail régional collectif animé par l'OEB, une vingtaine d’experts régionaux ont mis en commun leur connaissance de l’existence d’espèces exotiques terrestres et dans les eaux bretonnes. De multiples sources bibliographiques ont été croisées et analysées. Les résultats ont été examinés par le Conseil Scientifique Régional du Patrimoine Naturel.

Les données terrestres ont été acquises essentiellement via les réseaux naturalistes (les ORFF en étant les animateurs) et certains acteurs comme la Fredon ou la Diro. Pour beaucoup des données marines, les dispositifs de surveillance benthique du littoral breton (« REBENT Bretagne », « DCE-Benthos ») sont à l'origine des données.

La partie terrestre concerne les 4 départements bretons.
Les eaux bretonnes sont définies comme les eaux côtières (estran compris et jusqu’à la limite des 5 miles) incluant les eaux du golfe normano-breton jusqu’à l’estuaire de la Loire. La Bretagne a une spécificité particulière par rapport à sa localisation entre deux provinces biogéographiques (lusitanienne et boréale) et donc des conditions notamment abiotiques et des communautés biotiques différentes. Cette distinction en deux sous-régions pourrait s’avérer pertinente à l'avenir.

Les métriques reposent sur le nombre d’espèces non indigènes (aussi dites exotiques ou allochtones) de Bretagne et l'évaluation du niveau d'impact qu'elles peuvent générer.

Sont dites exotiques (ou allochtones) des espèces connues pour n’avoir été présentes dans l’espace considéré qu’à partir d’une certaine date (on retient la date de l’an 1 600 pour les espèces continentales).

Pour un certain nombre d’espèces, leur statut d’allochtone ne peut être tranché : on n'a pas la certitude qu’il s’agit d’une espèce nouvelle dans le territoire considéré et non pas d’une espèce autochtone mais jamais détectée ou décrite auparavant. Ces espèces sont dites cryptogéniques.

La majorité des espèces exotiques détectées dans les eaux marines bretonnes sont des espèces qui ont été introduites, soit intentionnellement (culture marine par exemple), soit accidentellement (coques et ballasts liquides des navires). Alors que pour les espèces terrestres, il peut y avoir aussi une arrivée naturelle par expansion de leur aire géographique (une "contamination" via des territoires adjacents).

Les espèces exotiques relatives aux domaines de l'agronomie, de la foresterie, de l'aquaculture ou de la santé humaine ne sont quasiment pas prises en compte dans le présent travail.

Chaque espèce exotique est évaluée selon un gradient à 5 classes : 

  • Non indigène : espèce absente de Bretagne  à l'état sauvage. Les principaux vecteurs introduisant ces espèces dans les milieux naturels sont les transports (routiers, voies navigables, maritimes), la culture ou l'élevage, le commerce (jardineries), et selon des mécanismes le plus souvent accidentels (commensalisme, échappées).
  • Invasive avérée : espèce non indigène en expansion géographique en Bretagne et générant des impacts sur la biodiversité ou sur l'économie ou sur la santé humaine.
  • Invasive potentielle : espèce non indigène en phase d'installation en Bretagne, mais non encore stabilisée, et connue par ailleurs pour ses capacités d'expansion et d'impacts (fort potentiel de devenir à terme une invasive avérée).
  • A surveiller : espèce non indigène présente en Bretagne, ni en expansion, ni d'impacts constatés, mais connue par ailleurs pour sa capacité à devenir invasive.
  • Non invasive : présence neutre d'individus en Bretagne, le plus souvent non reproducteur et en petite quantité, pas connue comme invasive par ailleurs.

Niveau de connaissance

  • La présence des espèces non indigènes en Bretagne : cette connaissance est partielle dans la mesure où toutes les espèces ne sont pas forcément détectées, d'autant que leur arrivée sur le territoire breton est récente et le fait de peu d'individus. Ainsi les listes proposées sont intrinsèquement incomplètes.
  • La cartographie des espèces non indigènes : ces espèces ne sont pas le cœur de cible des observateurs naturalistes et toutes les observations ne remontent pas à la plateforme Biodiv'Bretagne. Les cartes proposées sont ainsi incomplètes.
  • Cependant, il faut noter que l'aspect impactant de certaines espèces incite les réseaux à l'observation. Ainsi, les données - listes ou cartes - concernant ces espèces sont au plus proche de la réalité terrain.
  • Pour la flore non indigène non invasive, la connaissance évolue en permanence et il est conseillé de consulter le CBNB.

Plus d'informations sur les EEE marines : Les espèces marines invasives en Bretagne

Développements : les notions, des fiches espèces, leurs impacts, quelques actions en Bretagne

Les 2 documents suivants compilent la somme des travaux menés par l'OEB entre 2010 et 2020, avec la participation de très nombreux partenaires, et ayant fait l'objet de publications numériques dans des versions antérieures du site web de l'OEB.

Explorer des contenus associés

Un centre national de ressource

Les productions concernant les espèces exotiques envahissantes sont pléthoriques et de nature très diverses.
Consulter le centre national de ressources sur les EEE : documentations, retours d'expérience, détermination, règlements, stratégies...

Ecologie

Quelques informations écologiques, centrées sur la Bretagne, et un opus sur la notion d'invasion biologique.

Impacts

Parfois fortement impactantes sur la santé humaine ou sur l'économie, les impacts sur la biodiversité sont plus rarement documentés. Ci-après quelques informations relatives à la BNretagne.

Stratégie

Stratégies et actions, quelques informations générales.

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François Siorat
Chef du pôle nature & paysages | Chef de projet patrimoine naturel
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Mathieu Lagarde
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