Tempêtes et changement climatique en Bretagne

Par Adeline Louvigny (OEB)
en collaboration avec Franck Baraer (Météo France), Sylvestre Le Roy (BRGM)
Mise à jour : 16 octobre 2025
Temps de lecture : 6 minute(s)
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changement climatique
mer et littoral
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Presqu'île de Quiberon, côtes sauvages
L'impact du changement climatique sur les extrêmes et phénomènes climatiques littoraux et maritimes en Bretagne
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Tempête en bord de mer

Sur la période 1980-2024, Météo France n'observe pas d'augmentation ou diminution du nombre de tempêtes affectant la Bretagne. Aucune tendance pour le futur ne se dégage en Europe de l’Ouest. Les tempêtes étant un phénomène complexe et naturellement très variable, aucun consensus scientifique ne ressort sur l'impact du changement climatique sur la formation et l'intensité des tempêtes. Par contre, l’élévation du niveau marin et le développement des enjeux littoraux aggravent les impacts des tempêtes (érosion et submersion) et augmentent l’exposition des côtes. 

Les facteurs climatiques qui influencent la formation et l’intensité des tempêtes

Sous nos latitudes, une tempête est définie comme une zone étendue de vents violents, générés par un système de basses pressions (une dépression). Une tempête est ainsi caractérisée par les valeurs des plus fortes rafales, mais aussi par l’étendue du phénomène et sa durée.

Météo France considère qu’un système dépressionnaire est défini comme une tempête s’il atteint des vents d’au moins 100km/h sur terre, et elle est attribuée à un territoire si elle touche au moins 2% de la surface nationale, et 1% de la surface régionale.

Le passage des tempêtes crée des conditions propices aux phénomènes de submersion et d’érosion. La baisse de la pression atmosphérique, la forte houle et les hautes vagues créées par les vents violents font monter le niveau de la mer ; les pluies peuvent potentiellement faire monter le niveau des cours d’eau : ces facteurs créent des risques accrus d’inondation temporaire des terres émergées. Ce risque est encore plus élevé en combinaison avec les périodes de grandes marées (coefficient supérieur à 90).

Les tempêtes naissent des différences de températures entre les pôles et les tropiques, l’humidité de l’air pouvant influencer leur intensité. Le changement climatique peut ainsi à la fois amplifier et atténuer leurs processus de formation et de renforcement.

Les tempêtes qui touchent la France naissent dans l’Atlantique Nord. Elles se déplacent d’ouest en est sous l’influence du courant jet, sorte de ruban où circulent de grands flux d’air rapides entre les tropiques et les pôles.

Pas d'augmentation ni diminution du nombre de tempêtes en Bretagne

La Bretagne est globalement un territoire exposé aux tempêtes. Tout le littoral, et les îles, sont particulièrement à risque à cause des phénomènes de submersion et d’érosion. Comme le montre la carte du recensement des dégâts causés par les tempêtes sur le littoral depuis 1982 par le BRGM, quasi toutes les communes littorales sont touchées.

La formation et l’intensité des tempêtes sont dépendantes de différents processus liés aux températures et à l’humidité de l’atmosphère. Vu la complexité et la variabilité de ces processus, il n’existe pas de consensus scientifique sur l’influence du changement climatique sur la fréquence ou l’intensité des tempêtes en Europe. Par contre, les conséquences des tempêtes s’amplifient avec la montée du niveau de la mer, ce qui augmente les risques de submersions marines et d’érosion des côtes.

En France, les données sur les vents sont considérées comme fiables et homogènes à partir de 1981, limitant la profondeur d’archives afin de dégager des tendances passées. L’analyse de Météo France dans ClimatHD n'observe pas de tendance significative, à la hausse ou à la baisse, dans le nombre de tempêtes en Bretagne depuis 1980. La période étant relativement courte, et le phénomène très variable d’année en année et selon les décennies, on ne peut cependant pas tirer de conclusions sur les tendances à long terme.

A plus grand échelle, on n’observe pas de tendances dans la fréquence ou l’intensité des tempêtes en France (ONERC, 2018), sur la façade Atlantique (Feuillet et al., 2012), ou globalement dans l’hémisphère nord (6e rapport du GIEC). En cause, le manque de données homogènes, tant au niveau spatial que temporel, et la grande variabilité interannuelle et décennale (AR6). 

Un littoral de plus en plus urbanisé et plus exposé aux tempêtes

La base de données BRGM des aléas littoraux permet également un suivi des tempêtes, mais sous l’angle des dégâts qu’elles ont directement et indirectement causés. L’hétérogénéité des archives utilisées dans ce travail de recensement des dégâts ne permet pas de tirer des tendances sur le long terme, mais les tempêtes Johanna (2008) et de l’hiver 2013-2014 se démarquent clairement par un nombre très important de dégâts, en grande partie liés à des phénomènes de submersion. Des chiffres à mettre en parallèle avec une artificialisation croissante du littoral, qui engendre une augmentation des enjeux exposés aux tempêtes, aux submersions et à l’érosion.


Pas de tendance à la hausse dans le futur

Pour les projections futures, il est encore compliqué de modéliser un effet du changement climatique sur la fréquence, l’intensité et la trajectoire des tempêtes, celles-ci étant régies par des processus complexes. Les études et projections ne mettent pas en évidence de tendances significatives dans l’évolution de la fréquence et de l’intensité des tempêtes, à court (2050) ou long terme (2100), en France, à cause des incertitudes liées aux modèles et à la variabilité naturelle élevée du phénomène (ONERC 2018).

Concernant les projections climatiques sur l’Europe, le sixième rapport du GIEC accorde une confiance moyenne dans l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des tempêtes dans le nord de l’Europe (Royaume-Uni et Scandinavie) pour 2050 et au-delà, si le réchauffement global atteint les +2°C, ou plus.

Cependant, si on ne peut pas dégager de tendances significatives sur les tempêtes, on sait que le changement climatique va renforcer leurs effets : des submersions marines et de l’érosion plus importants, et plus fréquents, avec l’élévation du niveau de la mer, et des précipitations potentiellement plus importantes à cause d’une atmosphère plus chaude (qui peut contenir plus d’humidité).

Les jeux de données

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