Sous l'impulsion de la DRASS Bretagne et de la Mission Bretagne Eau Pure, une étude a été lancée afin d'établir un tableau de bord de la pollution des captages en rivière de Bretagne par les matières organiques (MO) et d'en déterminer les causes, notamment le rôle des pratiques agricoles. Trois images ressortent du tableau de bord établi. La première est celle d'une forte variabilité spatiale des niveaux moyens de pollution, ceux-ci variant de 2.4 à 13.4 mg.L-1 d'oxydabilité suivant les rivières. La deuxième est celle d'une qualité d'eau relativement dégradée au plan régional du point de vue des MO avec plus de 30 captages sur 65 ayant dépassé au moins une fois la limite réglementaire des 10 mg.L-1 d'oxydabilité depuis 2005. Enfin, la troisième image est celle d'une distribution spatiale peut-être non totalement aléatoire de la pollution, les prises d'eau les plus polluées semblant se concentrer dans la partie nord, nord-est de la Région (Côtes d'Armor, notamment). Concernant les évolutions temporelles, plusieurs échelles de variation sont observées (journalière, saisonnière, inter-annuelle, pluri-annuelle). En particulier, les quelques séries longs termes disponibles montrent une échelle de variation étalées sur 25 ans et marquée par une augmentation continue de la teneur en MO des rivières caractérisées par un fort taux actuel de pollution. Ces mêmes quelques séries montrent que la dégradation de la qualité "organique" des eaux des rivières bretonnes actuellement fortement polluées par les MO est un phénomène toujours en cours, l'augmentation actuelle de la teneur en oxydabilité des eaux de ces rivières étant en base annuelle d'environ 0.2 mg.L-1 par an. Point important: une des séries long terme recueillies (BV de l'Elorn) montre une tendance à la diminution des concentrations en MO. Le croisement de ces données avec les facteurs propres au milieu breton (climat, topographie, pédogéologie,..) montrent que la variabilité morphologique et climatique de la Bretagne est susceptible de créer à elle seule des variations spatiales et temporelles de la concentration en MO des rivières bretonnes d'un facteur d'au moins 2 et 1.25, respectivement. Le climat pourrait être également à l'origine des évolutions à la hausse constatées depuis 25 ans. Relier directement la dégradation de la qualité "organique" des eaux des rivières de Bretagne du point de vue des MO aux changements climatiques en cours se heurte toutefois au fait que la dégradation n'a pas le caractère uniforme auquel on s'attendrait si un facteur global comme le climat devait être pris comme la cause principale des dégradations observées. Concernant le rôle des pratiques agricoles, l'analyse statistique n'a pas mis à jour de relation directe et globale entre la teneur en MO des eaux au droit des captages et des éléments comme le type d'assolement sur les BV, la pression d'épandage,... laissant plus de 50% de la variance observée dans les eaux inexpliquée. Des analyses moléculaires ont néanmoins permis de mettre en évidence qu'une partie des MO apportées par l'épandage des effluents d'élevage sur les BV se retrouvaient dans l'eau des rivières bretonnes. Le recoupement des données moléculaires avec les activités d'élevage sur les BV montrent que ce sont plutôt les activités d'élevage "bovin" et "volaille" qui pourraient être à l'origine de la dégradation de la qualité "organique" des rivières bretonnes, si tant est que l'on doive effectivement relier cette dégradation aux épandages d'effluents d'élevage pratiqués sur les BV, ce qui n'est pas encore totalement prouvé.
Pollution des captages en rivière de Bretagne par les matières organiques. Facteurs de contrôle et évolution dans le temps
Mise à jour :
20 janvier 2006
matière organique
captage d'eau
Type de document
Actes
Auteurs personnes
Gruau Gérard
Jardé Emilie
Éditeur
s. n.
Date de parution
20 janvier 2006
Langue
Français