Politiques foncières et recompositions sociospatiales en zone côtière

Dans le contexte du tourisme de masse et de « la civilisation des loisirs », pour reprendre une expression titre de J. DUMAZEDIER, le tropisme littoral s'est manifesté de façon particulièrement intense sur la presqu'île de Rhuys. Amorcée dans la seconde moitié des années 1960, la politique volontariste d'aménagement touristique du département du Morbihan a largement contribué à une mutation profonde de ce secteur, tant sur les plans démographiques et économiques que sur le plan urbanistique. Or, toute politique d'aménagement implique théoriquement une politique foncière préalable. Entre autres objectifs déclarés (sans pour autant préciser de quelle manière), celle menée en presqu'île de Rhuys devait contribuer à la maîtrise du coût du sol. Pourtant, depuis les années 1970, force est de constater que c'est une logique foncière spéculative qui prévaut. Et, loin d'avoir été confinée aux trois communes accueillant les équipements touristiques, cette spéculation a gagné les communes constituant en quelques sortes les marches de la presqu'île. Celles-ci ne se prêtent pourtant pas au tourisme balnéaire : communes rurales sans linéaire côtier, communes de fond de baie sans plage sableuse et bordées de vasières.A l'instar des littoraux très touristifiés, les conséquences ne se sont guère fait attendre : recul des activités traditionnelles, difficulté des ménages locaux à se loger sur place, monopolisation des terrains et logements par des ménages plus âgés, financièrement plus aisés et de mentalité citadine, urbanisation galopante sous la forme de résidences secondaires et d'équipements touristiques.Si la politique foncière conduite il y a trois ou quatre décennies à l'époque de la création de la station touristique est manifestement à l'origine de cet engrenage, depuis, c'est l'absence de politique foncière qui semble entretenir le processus.