Les motivations des agriculteurs d'après une enquête auprès de vendeurs directs en Bretagne

La vente directe de produits agricoles est en France, dans la plupart des cas, l'initiative de producteurs. Le développement récent des AMAP montre que cela peut évoluer. Dans ce contexte il est important de comprendre les motivations des agriculteurs engagés dans la vente directe, d'autant plus que cette motivation individuelle est à l'origine de la plupart des initiatives en Bretagne. L'analyse des motivations des consommateurs peut s'organiser autour de la nostalgie rurale, de l'hédonisme contemporain et de micro-engagements politiques. Nous proposons en parallèle d'examiner en quoi les vendeurs directs cherchent à revenir à une certaine tradition paysanne, cherchent à profiter d'opportunités de marché ou bien construisent une réaction de nature politique au paradigme productiviste.Une enquête auprès de 38 vendeurs directs de Haute-Bretagne permet d'éliminer la première hypothèse : pas l'ombre d'une nostalgie dans les réponses. Par contre la recherche de valeur ajoutée semble la raison principale et largement partagée. Pour les petites fermes c'est un complément d'activité, pour les plus grosses c'est une diversification pour contrer les risques de marché. Autre opportunité, la vente directe valorise le travail familial, et particulièrement le travail des femmes. Néanmoins, si presque tous les vendeurs directs travaillent en couple, cela n'est pas le facteur décisif du choix. L'expérience passée d'un contact avec le public semble plus déterminante.Les motivations économiques ne suffisent pas à décrire les choix. Une analyse approfondie des motivations des agriculteurs rencontrés les divise entre ceux qui cherchent à améliorer l'image de l'agriculture (aux yeux du public mais aussi à leurs propres yeux) et ceux qui cherchent à construire une alternative au productivisme. L'ensemble cherche une meilleure autonomie, les premiers au sein du marché, les second en tentant de sortir des cadres de référence établis. Cette autonomie coûte cher en investissement et surtout en temps de travail, coût que tous assument, préférant suivre la logique de leurs convictions qu'une prétendue rationalité individuelle.