Ce rapport étudie la ressource en bois-énergie en provenance des forêts de Saint-Brieuc Agglomération (Côtes-d’Armor) et ses utilisations possibles.
Le volume du bois issu du gisement forestier qui est actuellement commercialisé ou autoconsommé est nettement inférieur à l’accroissement biologique constaté en forêt. Il reste donc un excédent appréciable qui pourrait être exploité sans appauvrir le patrimoine.
De nombreux opérateurs publics ou privés s’interrogent sur la faisabilité de projets collectifs de chauffage avec du bois déchiqueté qui proviendrait de ce gisement. Mais il n’est pas si simple d’estimer la ressource réellement ou potentiellement disponible car ce différentiel entre volumes mobilisés et accroissement biologique ne peut pas être pris en compte en totalité pour au moins cinq raisons :
- une partie doit être restituée au sol pour conserver la fertilité intrinsèque des sols forestiers et donc la pérennité de leurs capacités de production ;
- la mobilisation de sous-produits actuellement délaissés a un coût de nature à dissuader d’aller les chercher ;
- le prix actuel offert aux détenteurs de cette ressource (les propriétaires forestiers) n’est pas attractif et il n’y a donc pas de stimulation économique pour eux ;
- le morcellement de la forêt en Bretagne est un frein supplémentaire à la mobilisation de ce matériau à faible valeur ajoutée pour les exploitants susceptibles de s’y intéresser ;
- la diversité des profils des propriétaires forestiers, dont la plupart ne sont pas des acteurs économiques de la filière, engendre une certaine inertie dans la gestion des peuplements forestiers et donc dans la réalisation des coupes d’éclaircie ou de récolte du bois.
Pour prendre en compte l’ensemble de ces paramètres, trois méthodes ont été utilisées ici pour évaluer la ressource en bois-énergie issue du gisement forestier présent sur le territoire de Saint-Brieuc Agglomération.
- La première repose sur la fraction de la production biologique de bois qui pourrait être mobilisée à destination de la filière plaquettes, en fonction de l’accessibilité des parcelles, critère déterminant (mais pas unique) quant à la mobilisation de la ressource. En appréhendant ce seul critère d’ordre physique, on occulte les aspects économiques et sociologiques dont le poids a été évoqué mais on a une bonne idée de ce que pourrait être l’optimum de volume à extraire : c’est donc une évaluation à considérer comme une borne supérieure.
- La seconde méthode estime le bois effectivement prélevé dans le cadre de la stricte observance des pratiques sylvicoles actuelles, telles qu’on les constate dans les différents types de peuplements forestiers constitutifs du gisement. Elle mesure essentiellement la possibilité de mobiliser tout ou partie des produits de faible valeur qui alimentent, lorsque ce marché est demandeur, les industries de la trituration (panneaux de particules et pâte à papier) dont il convient de rappeler l’absence d’unités industrielles en Bretagne. Mais elle comptabilise aussi des sous-produits et rémanents de coupes qui restent aujourd’hui en grande partie sur place alors qu’ils pourraient être extraits par les exploitants lors des coupes de bois. Le volume calculé est donc plus réaliste et directement opérationnel, mais présente l’inconvénient de s’appuyer sur la dynamique du moment sans intégrer les possibles évolutions à moyen terme : c’est donc l’équivalent de la fourchette basse des disponibilités.
- Enfin, la troisième méthode porte exclusivement sur les plus importants massifs, c'est-à-dire ceux de plus de 25 hectares qui sont soumis à Plan simple de gestion ; ce document comporte un programme des différentes interventions sylvicoles et notamment les coupes de bois planifiés sur une période de une ou deux décennies. Elle fournit de ce fait des chiffres intéressants car les propriétaires concernés sont généralement des acteurs économiques de la filière. Mais elle ne porte cependant que sur une faible partie de la forêt du territoire de Saint-Brieuc Agglomération, ce qui limite d’autant la portée des chiffres qui en ressortent. Son intérêt est aussi de permettre de contracter avec ces quelques propriétaires, pour le cas où ils se montreraient intéressés par les propositions d’achat de leur ressource à l’occasion des coupes productrices de bois valorisable en plaquettes.
Toutes ces approches défalquent bien évidemment la fraction des bois qui peuvent être mieux valorisés que par les plaquettes de bois énergie, au regard des tarifs pratiqués actuellement.
Font partie de cette exclusion : le bois d’oeuvre, les bois d’industrie à destination des petits sciages (palette) et le bois-bûche.
Sont comptabilisés dans les estimations de ressource : le bois de trituration actuellement négocié à des tarifs comparables au bois déchiqueté, ainsi que les bois de diamètre inférieur à cette catégorie (petites surbilles de longueur insuffisante pour prétendre à la trituration, flèches terminales des arbres et houppiers, notamment des conifères peu prisés en bois de feu).
Les volumes ainsi estimés, dans ces trois cas, sont convertis en « tonnes à 30% d’humidité » qui sont les unités de calcul des besoins énergétiques des chaufferies au bois. Aucune hypothèse n’est faite sur le prix d’achat de cette ressource susceptible de connaître, dans les années à venir, des évolutions difficiles à appréhender. De même, il n’est pas abordé ici la façon de convaincre les 1 254 propriétaires détenteurs de parcelles boisées sur le territoire de Saint-Brieuc Agglomération et qui sont les acteurs incontournables pour la mise en marché de ce bois. Pour mobiliser effectivement les volumes disponibles il faudrait :
- d’une part que le prix proposé soit supérieur au coût d’exploitation de ces produits (soit sensiblement supérieur au prix apparent du marché influencé par les gros contrats à base de déchets bois et connexes de scieries qui minimisent la valeur de la matière première et n’intègrent pas le surcoût de mobilisation du bois issu du gisement forestier) ;
- d’autre part que des structures transparentes de commercialisation, des opérateurs fiables et une animation efficace se mettent en place sur le territoire autour de cette filière.