Étude de la ressource en bois déchiqueté destiné à la filière énergie et provenant du gisement forestier du Pays de Saint Malo

Mise à jour : 01 juillet 2012
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gisement
source d'énergie renouvelable
energie de la biomasse
bois (matière)

Ce rapport évalue la ressource en bois-énergie issue du gisement forestier présent sur le
territoire du pays de Saint Malo.

Le volume du bois issu du gisement forestier qui est actuellement commercialisé ou autoconsommé est nettement inférieur à l’accroissement biologique constaté en forêt. Il reste donc un excédent appréciable qui pourrait être exploité à cette finalité sans pour autant appauvrir le patrimoine. De nombreux opérateurs publics ou privés s’interrogent sur la faisabilité de projets collectifs de chauffage avec du bois déchiqueté qui proviendrait de ce gisement. Mais il n’est pas si simple d’estimer la ressource réellement ou potentiellement disponible car le différentiel entre volume mobilisé et accroissement biologique ne peut pas être pris en compte en totalité pour au moins cinq raisons :
- une partie de la biomasse doit impérativement être restituée au sol pour conserver la fertilité intrinsèque des sols forestiers et donc la pérennité de leurs capacités de production. Il s’agit d’ailleurs de la fraction ligneuse la plus fine (feuillage et rameaux) la plus riche en éléments minéraux et donc celle qu’il convient de ne pas exporter ; la mobilisation de sous-produits actuellement délaissés sur les parterres de coupes forestiers a un coût de nature à dissuader d’aller les chercher, du moins pour l’instant ;
- le prix actuel offert aux détenteurs de cette ressource (les propriétaires forestiers) n’est pas attractif et il n’y a donc pas de stimulation économique pour eux ;
- le morcellement de la forêt en Bretagne est un frein supplémentaire à la mobilisation de ce matériau à faible valeur ajoutée pour les exploitants forestiers* susceptibles de s’y intéresser ;
- la diversité des profils des propriétaires forestiers, dont la plupart ne sont pas des acteurs économiques de la filière, engendre une certaine inertie dans la gestion des peuplements forestiers et donc dans la réalisation des coupes d’éclaircie ou de récolte du bois.
Pour prendre en compte l’ensemble de ces paramètres, trois méthodes ont été utilisées ici pour évaluer la ressource en bois-énergie issue du gisement forestier présent sur le territoire du Pays de Saint Malo.
La première repose sur la fraction de la production biologique de bois de forêt qui pourrait être mobilisée à destination de la filière plaquettes, en fonction de l’accessibilité des parcelles, critère déterminant (mais pas unique) quant à la faisabilité de mobilisation de cette ressource. En appréhendant ce seul critère d’ordre physique, on occulte cependant les aspects économiques et sociologiques dont le poids a été évoqué. Quoi qu’il en soit, par ce biais, on a une bonne idée de ce que pourrait être l’optimum de volume à extraire : c’est donc une évaluation à considérer comme une borne supérieure dans l’état actuel du marché.
La seconde méthode estime le bois effectivement prélevé dans le cadre de la stricte observance des pratiques sylvicoles qui s’opèrent actuellement sur le secteur géographique concernés : elles ressortent du constat « à dire d’expert » dont le CRPF a connaissance par rapport aux interventions ordinairement effectuées dans les différents types de peuplements forestiers constitutifs du gisement local. Cette approche mesure essentiellement la possibilité de mobiliser tout ou partie des produits de faible valeur qui alimentent, lorsque ce marché est demandeur, les industries de la trituration (panneaux de particules et pâte à papier) dont il convient de rappeler l’absence d’unités industrielles en Bretagne. Mais elle comptabilise aussi des sous-produits et rémanents* de coupes qui restent aujourd'hui en grande partie sur place alors qu’ils pourraient être extraits par les exploitants forestiers* lors des coupes de bois. Le volume calculé est donc plus réaliste que celui de la première méthode, mais il présente l’inconvénient de s’appuyer sur la dynamique du moment sans intégrer les possibles évolutions à moyen terme : les résultats issus de cette méthode peuvent donc être considérés comme la fourchette basse des disponibilités locales en plaquettes de bois énergie d’origine forestière.
Enfin, la troisième méthode porte exclusivement sur les plus importants massifs privés (hors forêts soumises au régime Forestier et relevant de l’Office National des Forêts), c'est-à-dire ceux dotés d’un plan simple de gestion (PSG), soit à titre obligatoire dès lors que le massif est supérieur à 25 hectares, soit à titre volontaire pour ceux de plus de 10 hectares éventuellement morcelés. Ce document d’aménagement comporte un programme des différentes interventions sylvicoles et notamment les coupes de bois planifiées sur une période comprise entre 10 et 20 ans, ce qui offre une certaine lisibilité à moyen terme.
L’approche par le biais des PSG fournit de ce fait des chiffres intéressants car les propriétaires concernés sont généralement des acteurs économiques de la filière. Mais elle ne porte cependant que sur une partie de la forêt du territoire du Pays de Saint Malo, ce qui limite d’autant la portée des chiffres qui en ressortent. Son intérêt est aussi de permettre éventuellement à la collectivité de contracter directement avec les propriétaires de cette catégorie pour le cas où ils se montreraient intéressés par les propositions d’achat de leur ressource à l’occasion des coupes productrices de bois valorisable en plaquettes. On peut aussi envisager que la collectivité se rapproche des exploitants forestiers* intervenant dans ces propriétés pour accéder indirectement au gisement qu’elles sont susceptibles de procurer.
Ces trois approches distinctes défalquent bien évidemment la fraction des bois aptes à être mieux valorisés que par les plaquettes de bois énergie, c'est-à-dire à des tarifs aujourd'hui plus rémunérateurs. Font partie de cette exclusion : le bois d’oeuvre*, les bois d’industrie* à destination des petits sciages (palette) et le bois bûche dont le marché local est florissant, qu’il s’agisse de circuits courts pour autoconsommation ou de filières structurées.
Sont comptabilisés dans les estimations de ressource : le bois de trituration* actuellement négocié à des tarifs comparables au bois déchiqueté, ainsi que les bois de diamètre inférieur à cette catégorie : petites surbilles* de longueur insuffisante pour prétendre à la trituration*, flèches terminales des arbres et houppiers*, notamment des conifères peu prisés en bois de feu.
Les volumes ainsi estimés, dans ces trois cas, sont convertis en « tonnes à 30% d’humidité » qui sont l’unité de calcul des besoins énergétiques des chaufferies au bois déchiqueté. Aucune hypothèse n’est faite sur le prix d’achat de cette ressource susceptible de connaître, dans les années à venir, des évolutions difficiles à appréhender.
De même, il n’est pas abordé ici la façon de convaincre les 6051 propriétaires détenteurs de parcelles boisées sur le territoire du Pays de Saint Malo et qui sont les acteurs incontournables pour la mise en marché de ce bois.
Pour mobiliser effectivement les volumes disponibles il faudrait : d’une part que le prix proposé soit supérieur au coût d’exploitation de ces produits, c'est-à-dire sensiblement supérieur au prix apparent du marché influencé par les gros contrats à base de déchets bois et connexes de scieries qui minimisent la valeur de la matière première et n’intègrent pas le surcoût de mobilisation du bois issu du gisement forestier ; d’autre part que des structures transparentes de commercialisation, des opérateurs fiables et une animation efficace se mettent en place sur le territoire autour de cette filière en gestation.

Notice détaillée

Étude de la ressource en bois déchiqueté destiné à la filière énergie et provenant du gisement forestier du Pays de Saint Malo
Type de document
Rapport
Auteurs personnes
Pichard,Gilles
Auteurs organismes
Centre régional de la propriété forestière Bretagne - Pays de la Loire
Date de parution
01 juillet 2012
Langue
Français