Le marais littoral de Kervigen, 22 ha presque entièrement couverts de roseaux, a été utilisé à titre expérimental pour abaisser les flux nutritifs d'un ruisseau côtier, le Kerharo. Celui-ci draine un bassin versant de 45 km 2 essentiellement agricole. Par ses apports de nitrate sur la plage où il débouche, il alimente une prolifération d'algues vertes (ulves). Pour parvenir à limiter ces flux azotés, le cours d'eau a été partiellement dérivé afin de faire transiter une fraction de son débit à travers une partie du marais (9 ha) avant que cette eau soit ramenée au lit principal. Un barrage démontable a ainsi été mis en place durant le printemps et l'été (période de croissance des ulves), pendant plusieurs années. L'abattement de nitrate mesuré sur ce flux en transit varie entre 60 et 90 %, ce qui est considérable (-200 kg NO/j). Le temps de séjour de l'eau dans le marais est estimé à 0,5-5 jours. La diminution de nitrate est due à l'accroissement de la biomasse des roseaux et surtout à une dénitrification bactérienne.
Cette réduction du flux azoté à la côte tend certainement à réduire le phénomène de « marée verte» mais, dans ce cas, cela n'a pu se traduire de façon visible sur la plage où débouche le ruisseau. En effet, pendant ces essais, il s'est avéré qu'en baie de Douarnenez les algues vertes étaient véhiculées d'une anse à l'autre par le transit littoral et pouvaient donc provenir des anses voisines qui sont également favorables à leur croissance.
Néanmoins, une installation plus robuste de dérivation du Kerharo est actuellement en cours de réalisation. Elle permettra d'utiliser saisonnièrement et de façon fiable cette capacité du marais de Kervigen à dénitrater. Par ailleurs, un recensement des milieux analogues, présentant un biotope voisin ou susceptible d'être aménagé dans ce sens, montre que des potentialités de cette sorte existent en Bretagne et qu'elles sont en quantité limitée.
Ce type d'action reste cependant un moyen palliatif de traiter les excédents azotés dans les cours d'eau, et la question reste posée du degré d'importance et de la qualité de l'anthropisation que l'on exerce ainsi sur les marais littoraux. L'utilisation de ces zones humides constitue l'un des outils de la panoplie à envisager pour contrôler la prolifération des algues vertes en Bretagne.
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