En prenant l'exemple d'Egeria densa, différents aspects des relations entre scientifiques et gestionnaires sont développés. Cette espèce a été introduite au début des années 1960 en Basse-Normandie ainsi que dans les cours d'eau autour de Nantes et le canal de Nantes à Brest où elle a posé très tôt différents problèmes de gestion à partir du début des années 1970. Les acteurs locaux ont assez fréquemment des difficultés et donc des demandes d'identification (Canal de Nantes à Brest à Rohan, Etang de Callac, Mortier de Glénac). En raison de sa vitesse de prolifération, les demandes d'aide à la gestion sont remontées auprès des scientifiques. Ainsi sur l'Etang de Muzillac (56), un état des lieux a été sollicité pour comprendre son déterminisme de distribution de cette espèce et envisager sa gestion, ce qui s'est avéré ultérieurement inutile car elle est passée d'un taux de présence de l'ordre de 20 % de l'étang à quasiment 0 en un an. Sur la Basse Vallée du Don (44), le questionnement posé par les gestionnaires du bassin versant ont fait suite à un succès de gestion de la Jussie (Ludwigia grandiflora), qui semble avoir eu pour conséquence de favoriser les Hydrocharitacées (E. densa et Elodea nuttallii). Outre des études in situ de biomasse et de recouvrement, et une cartographie de sa répartition dans le cours d'eau mais aussi les annexes hydrauliques, une étude expérimentale sur la compétition entre invasives a été menée, montrant qu'à l'échelle expérimentale retenue, on ne met pas en évidence de relation antagoniste simple, mais plutôt des relations neutralistes entre ces deux espèces. Sur la rivière Vendée, une démarche de partenariat a été initiée entre les acteurs locaux (Fédération de Pêche et Conseil Général au titre du Syndicat Mixte du Marais Poitevin, Bassin de la Vendée, de la Sèvre et des Autizes) et les scientifiques sous l'égide du Comité régional, en vue d'améliorer la gestion d'Egeria. Cette espèce pose des problèmes depuis la fin des années 1990 dans l'agglomération de Fontenay le Comte. La demande du gestionnaire était d'évaluer les pratiques de moisson d'Egeria , tant du point de vue de la quantité récoltée, de l'efficacité de l'opération et de préconisations éventuelles d'évolution des chantiers pour une meilleure estimation des coûts. Pour le scientifique, lademande de gestion a été retraduite en question de recherche-action pour une estimation des recouvrements, une quantification des biomasses à différentes échelles (récoltes sur quadrats et évaluation des récoltes par l'entreprise) puis à mettre en relation les recouvrements et les biomasses. Enfin, au vu de l'efficacité constatée des travaux par un binôme gestionnaire-scientifique, des préconisations ont pu être effectuées en partenariat avec le gestionnaire, pour la réception de travaux, le cahier des charges des interventions ultérieures et l'estimation de l'ampleur des travaux à réaliser.
Approche scientifique au service des gestionnaires : la saga d'Egeria densa dans le Massif armoricain.
Mise à jour :
12 mai 2011
espèce exotique
plante aquatique
Lien vers la ressource
Type de document
Actes
Auteurs personnes
Bouron, D.
Haury Jacques
Éditeur
Dreal Pays de la Loire
Date de parution
12 mai 2011
Langue
Français