L'activité argilière : une clé d'accès à la géomorphologie dans la France de l'Ouest

Dans l'Ouest de la France dont le relief est peu marqué au regard de la France alpine, le patrimoine matériel, lorsqu'il est l'objet d'un processus de patrimonialisation, est un biais pour faire prendre conscience de l'existence d'une structure géologique et, partant, d'une géomorphologie peu visible, autant à l'adresse de publics de touristes que de publics habitant les lieux. Ce patrimoine matériel s'appréhende d'abord à travers une matière première, par exemple une pierre de construction (granite, schiste dans le massif ancien, calcaire dans le bassin sédimentaire) ou l'argile, qu'elle soit sédimentaire ou qu'elle provienne de l'altération d'un socle. Dans les deux cas, l'argile permet d'introduire à la géomorphologie. Elle est aussi un élément visible du paysage, par la tuilerie ou la poterie. Elle a permis la constitution de sociétés originales vivant du travail de l'argile, dont nombre a disparu, mais d'autres se maintiennent indirectement, soit à partir d'opérations à but touristique, ou bien patrimoine potier (Le Fuilet) ou bien poursuite d'un artisanat d'art (Nesmy), soit à partir d'une petite activité industrielle (tuileries d'Aizenay dans le massif armoricain, des Rairies dans le bassin sédimentaire) : la démonstration du relief, transmise comme un patrimoine, c'est-à-dire comme un héritage qui se préserve et qui se transmet, s'inscrit dans une approche culturelle. On se rend compte que dans le cadre de sociétés pré-industrielles où les hommes tentaient d'utiliser au mieux les ressources de leur environnement, ce passé lié à l'exploitation de l'argile a laissé des traces plus durables dans la toponymie que la simple extraction de la pierre dans des carrières, en raison des structures de transformation : les toponymes La Poterie ou la Tuilerie abondent. L'argile comme marqueur participe d'une mise en lumière de la géomorphologie : ainsi, dans le massif ancien, ces lieux passés de transformation de l'argile sont des surfaces recouvertes d'un manteau d'altération, ce qui permet de mieux faire prendre conscience de la possibilité d'une érosion sur le long terme permettant de venir à bout des reliefs les plus saillants.