Évolution de l’emprise spatiale de la fragmentation des milieux naturels et semi naturels en Bretagne

Par François Siorat (OEB)
Mise à jour : 03 février 2020
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patrimoine naturel
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Sommaire de l'article

Lorsque l’habitat d’une espèce est soumis à un processus de fragmentation, les conséquences sont diverses selon l’intensité et la nature de la fragmentation et selon le degré de plasticité écologique dont font preuve les individus des populations concernées. A l’extrême, la survie des populations est en jeu.
L’ensemble formé par les différents types de milieux dits naturels ou semi naturels forme la matrice où s’insère les habitats spécifiques à chaque espèce. L’évolution de la fragmentation des milieux naturels et semi naturels est une indication du niveau de pression pesant sur les espèces.

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Fragmentation milieux naturels en Bretagne

A l’échelle de la région Bretagne l’indice moyen de fragmentation des milieux naturels et semi naturels augmente entre 2000 et 2006, diminue entre 2006 et 2012 et augmente entre 2012 et 2018. Cette dernière augmentation n’est le fait que de 16 % des mailles de 100 km² alors que 79 % restent stables entre 2012 et 2018.

Compléments

Données et méthode

Le niveau de fragmentation est apprécié avec la taille de la maille effective. Cette mesure (une surface) reflète à la fois la surface et le degré de découpage de l’entité spatiale composée des milieux naturels et semi naturels. Plus la mesure est importante, moins l’espace étudié est fragmenté.
A l’échelle régionale, et sur la base de l’occupation du sol Corine Land Cover découpée en 360 carrés de 100 km², la moyenne de la taille de maille effective diminue entre 2012 et 2018 signant ainsi une augmentation globale de la fragmentation.
Le constant peut être affiné en distinguant les mailles où les modifications d’occupations du sol sont plus importantes qu’ailleurs (seuils de 1 % et 10 % d’occupations du sol naturels et semi naturels modifiés entre deux dates). Ainsi la période 2012-2018 se distingue des deux précédentes par une baisse du nombre de mailles ayant subi des modifications - appréciée avec le grain de Corine Land Cover.

  • Méthode

- Les données
L’information sur les milieux naturels est issue des couches Corine Land Cover (CLC ; les éditions révisées 2000, 2006, 2012 et l’édition 2018).
Les milieux naturels et semi naturels sont représentés par les même classes que celles utilisés à l’échelle nationale (calcul de la fragmentation en métropole par l’ONB) à savoir : Prairies et autres surfaces toujours en herbe à usage agricole, Surfaces essentiellement agricoles, interrompues par des espaces naturels importants, Territoires agroforestiers, Forêts de feuillus, Forêts de conifères, Forêts mélangées, Pelouses et pâturages naturels, Landes et broussailles, Végétation sclérophylle, Forêt et végétation arbustive en mutation, Plages, dunes et sable, Roches nues, Végétation clairsemée, Zones incendiées, Glaciers et neiges éternelles, Marais intérieurs, Tourbières, Marais maritimes, Marais salants, Zones intertidales.
La typologie Corine Land Cover présente deux cas, « Surfaces essentiellement agricoles, interrompues par des espaces naturels importants » et « Systèmes culturaux et parcellaires complexes », qui, pour la Bretagne, peuvent correspondre à des réalités terrain très proches (notion de « bocage »). Or pour cet indicateur l’une est créditée comme zone semi naturelle et pas l’autre. En l’absence d’informations complémentaires, la conclusion sur l’évolution de la fragmentation sur certains secteurs de 100 km² peut s’en trouver altérer.
La couche d’occupation du sol CLC n’a pas été découpée par des éléments supplémentaires supposés très fragmentant comme les routes ou voies ferrées. En effet, l’objectif est de respecter une cohérence d’échelle : la plus petite échelle d’utilisation de CLC est le 100 000°, alors que les éléments linéaires fragmentant sont de l’ordre du 25 000° voire le 5 000°.
- La métrique
La métrique est fondée sur la mesure de la taille de la maille effective (indice MESH, Jaeger 2000 & Moser 2007). Parmi les différentes métriques possibles, l’indice MESH a été choisi pour ses qualités : simple, transparent, interprétable facilement, robuste et pour pouvoir être en cohérence avec le niveau national (même métrique que l’ONB).
L’utilisation d’une grille spatiale homogène (des carrés 10 km*10 km) permet de comparer les carrés entre eux. La grille choisie est celle utilisée par le MNHN pour les occurrences de taxons à l’échelle nationale.
La finesse de détection des changements par l’indicateur est liée à la précision de la couche d’occupation du sol, soit une superficie de 5 ha pour Corine Land Cover (à partir des éditions révisées).
Les seuils de +/- 1 % et +/- 10 % concernent la part surfacique d’occupation du sol naturelle et semi naturelle qui est modifiée entre l’année n et n+t pour chaque maille 100 km².

  • Données

Résultat national, dans le cadre du projet national piloté par l’ONB.
Fragmentation des milieux naturels : taille effective de maille des espaces naturels en France métropolitaine. Le territoire métropolitain est découpé par les régions forestières départementales. Le chiffre avancé est la moyenne nationale des indices obtenus pour chaque région forestière. Résultat 2006 : une moyenne de 99,97 km² (soit 9 997 hectare). Les régions forestières départementales correspondantes à la Bretagne (quelles soient englobées ou chevauchantes) ont pour la plupart un indice variant entre 100 et 400 ha (les données par régions ne sont pas accessibles). Résultat 2012 : en cours de publication.

  • Chaine de production

Données : Corine Land Cover éditions révisées 2000, 2006, 2012 et édition 2018 (disponibles sur statistiques.developpement-durable.gouv.fr), grille carrée 10 km (maillage INPN 2011).
Traitement et mise en forme : OEB février 2020.

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photo Franciois-Siorat
François Siorat
Chef du pôle Nature et Paysages | Chef de projet Patrimoine naturel
Pôle nature & paysages
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