Évolution d’abondance des oiseaux spécialistes d’un milieu commun en Bretagne

Par François Siorat (OEB)
en collaboration avec Guillaume Gélinaud (BV-Sepnb)
Mise à jour : 16 août 2019
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patrimoine naturel
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Sommaire de l'article

Les espèces spécialistes d’un habitat ont des exigences écologiques plus strictes que les espèces généralistes et une gamme de conditions environnementales plus étroites. En cas de perturbations, ces espèces sont plus affectées que les espèces généralistes a priori plus tolérantes aux changements. Une diminution de l'abondance des espèces spécialistes est le reflet d’une perturbation des habitats, qualitative ou quantitative, concernant par exemple les ressources, le dérangement, ou la disponibilité en sites de nidification dans le cas des oiseaux. L'indicateur porte sur l'évolution des oiseaux de trois grands types de milieu : forestier, agricole, bâti versus l'évolution des oiseaux généralistes.

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Evolution des oiseaux communs en Bretagne

Entre 18 % et 34 % de régression en Bretagne pour l’abondance des oiseaux nicheurs spécialistes des milieux agricoles, bâtis ou forestiers sur la période 2003 à 2013 alors que les généralistes ont progressé de 16 %.

Les données utilisées pour le présent indicateur sont extraites des données mises à disposition par l’observatoire national de la biodiversité (programme Vigie Nature-STOC). Elles reflètent une catégorisation des espèces d’un point de vue national et leur transposition à l’échelle régionale est questionnable.

Compléments

Données et méthode

Extrait de l’indicateur national Evolution des populations d’oiseaux communs spécialistes en métropole :
« Les espèces spécialistes d’un habitat ont des exigences écologiques plus strictes que les espèces généralistes et une gamme de conditions environnementales plus étroites. En cas de perturbations, ces espèces sont plus affectées que les espèces généralistes a priori plus tolérantes aux changements. Une diminution de l'abondance des espèces spécialistes est le reflet d’une perturbation des habitats, qualitative ou quantitative, concernant par exemple les ressources, le dérangement, ou la disponibilité en sites de nidification dans le cas des oiseaux ».
Les faiblesses méthodologiques liées à une utilisation régionale de données acquises dans un cadre national doivent rendre prudent quant à l’interprétation des résultats (cf. évaluation technique de l’indicateur). Si la nature positive ou négative des tendances régionales ne semble pas remise en cause par ces faiblesses (les généralistes en hausse et les spécialistes en baisse), les chiffres seraient susceptibles de varier de plusieurs points. Il ne semble pas non plus opportun de comparer entre elles ces tendances et la significativité de leur écart.

  • Méthode

Informations ci-dessous extraites de l’indicateur national Evolution des populations d’oiseaux communs spécialistes consulté le 28/08/2017.
L’abondance de 60 espèces d’oiseaux est annuellement échantillonnée à l’échelle nationale selon le protocole Suivi Temporel des Oiseaux Communs par Echantillonnages Ponctuels Simples. Sont visés les oiseaux communs (à l’échelle nationale) nicheurs généralistes et spécialistes des milieux agricoles, forestiers et bâtis. Une espèce est considérée à l’échelle nationale comme spécialiste lorsqu’au moins deux tiers de ses effectifs sont concentrés dans un seul habitat. A l’échelle nationale la période considérée s’étend de 1989 à 2015. A l’échelle régionale, pour toutes les régions, la période s’étend de 2003 à 2013. Depuis 2013, le MNHN-CESCO ne décline plus l’indicateur national à l’échelle régionale.
L’utilisation des données nationales pour calculer l’indicateur à l’échelle régionale souffre de quatre faiblesses.
La première concerne les espèces utilisées. En métropole une espèce peut être classée comme spécialiste d’un milieu, alors que des spécificités régionales (climat, topographie, végétation, organisation du paysage, pressions, variants de sous population…) font de cette même espèce en Bretagne une spécialiste d’un autre milieu ou une généraliste. Ainsi plusieurs espèces de l’indicateur national changent de classe lorsqu’on considère leur population régionale.
La deuxième concerne la représentativité des stations d’échantillonnage en Bretagne. Le placement des stations bretonnes ne reflète pas statistiquement les niveaux d’importance des grands types de milieux bretons. Certains milieux sont sur ou sous représentés entrainant par là un déséquilibre dans l’appréciation de la spécialisation de l’espèce ou de l’abondance en effectif.
La troisième concerne les définitions. D’une part, la notion nationale de spécialiste (au moins 2/3 des effectifs dans un milieu) est beaucoup moins restrictive que la notion utilisée par les experts bretons (spécifiques quasi exclusives d’un seul milieu) : cf. indicateurs bretons utilisant la spécificité des espèces. D’autre part, la description nationale des habitats décrivant la station échantillon est peu propice à rendre compte de l’organisation structurelle de type « bocage » rencontrée sur plus de 50 % du territoire breton.
La quatrième est relative à la notion de « commun » : selon l’échelle, nationale ou régionale, la représentativité de l’abondance d’une espèce (commune versus rare) peut fortement varier.
Selon le MNHN - CESCO, les données nationales pourraient être exploitées dixit : « pour décliner l'indicateur pour d'autres sous-groupes d'espèces, sous de nouveaux angles territoriaux ou en lien avec les pressions ».
Pour la Bretagne, un renforcement du nombre de stations échantillonnées, avec une stratégie stratifiée selon les milieux, et un choix des espèces tenant compte des spécificités bretonnes, permettraient de consolider les résultats.

  • Données

Accédez aux données : indicateur national Evolution des populations d’oiseaux communs spécialistes

  • Pour aller plus loin

Résultat national : les populations d’oiseaux communs spécialistes ont régressé de 23 % entre 1989 et 2015 à l’échelle nationale.

  • Chaine de production

Mise en forme par l’OEB des données concernant la Bretagne extraites de l’indicateur national éponyme (programme Vigie Nature - STOC - 1989-2015).
Principal-e contributeur-trice à l’émergence de l’indicateur : G. Gélinaud (BV-Sepnb).

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photo Franciois-Siorat
François Siorat
Chef du pôle Nature et Paysages | Chef de projet Patrimoine naturel
Pôle nature & paysages
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