Chiffres clés de l'eau en Bretagne : focus sur l'altération des zones humides

07 février 2023 13:30
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Café DATA

À l’occasion de la journée internationale des zones humides le 2 février, notre Café DATA s’est intéressé aux enjeux liés à la restauration des zones humides en Bretagne. Ces écosystèmes, fortement dégradés et véritables réservoirs de biodiversité, remplissent en effet toute une série de services écosystémiques qui peuvent être un levier dans de nombreux enjeux environnementaux : qualité de l’eau, de surface et souterraine, prévention des inondations, ou encore atténuation du changement climatique.

Armel Dausse du Forum des marais atlantiques (FMA) présente dans ce webinaire le rapport "Zones humides de Bretagne : état des lieux des altérations, enjeux de la restauration", publié en 2021. 

La mise en culture, altération principale des zones humides

Afin d’avoir une photographie globale de l’état des zones humides en Bretagne, le FMA s’est basé sur une modélisation développée par l’Institut Agro Rennes-Angers (communément appelé AgroCampus) qui permet d’identifier les zones humides potentielles (ZHP), soit une zone humide qui existerait sans intervention humaine.

Que sont les zones humides potentielles ?

Les zones humides potentielles (ZHP) sont des parties du paysage ayant les caractéristiques physiques requises pour l’existence d’une saturation en eau. Leur surface en Bretagne est estimée à 567,5 milliers d’hectares, soit 20,7 % du territoire régional.


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Identification des zones humides

L’identification des zones humides "effectives" est réalisée sur le terrain selon des méthodes harmonisées. Ces inventaires ont été effectués sur 93 % de la surface de la Bretagne, dont 8,8 % sont identifiés comme zones humides.

« On a croisé ces zones humides potentielles avec différents aménagements ou usage dont on sait qu'ils peuvent altérer les fonctions des zones humides. On a donc travaillé sur l'artificialisation du sol, la mise en culture, les plantations de résineux, de peupliers, les plans d'eau, dont une grande majorité sont créés par les humains ».

47 % des zones humides potentielles sont altérées.

Et d’obtenir un pourcentage de ZHP altérées par territoire, et par type d’altération : on observe une claire dichotomie est-ouest, avec les ZHP les plus altérées se trouvant à l’est de la Bretagne. L’usage majoritaire altérant ces zones humides est la mise en culture, avec une proportion variant de 40 % en Ille-et-Vilaine à 24 % en Finistère.

Cette cartographie des ZHP dégradées a été superposée à celles de différents enjeux liés à leurs services écosystémiques. État écologique des masses d’eau de surface, état chimique des masses d’eau souterraines, fréquence des assecs, continuité écologique : là où les ZHP sont dégradées, ces indicateurs sont moins bons.

« Je ne suis pas en train de dire que c'est l'altération des zones humides qui est responsable de tous les soucis de qualité d'eau, mais c'est plutôt symptomatique d'une dégradation générale des paysages. Sur les secteurs où l’on a des altérations fortes des zones humides, c'est aussi là où on va retrouver un remembrement important, et une forte rectification des cours d’eau ».

« La restauration des zones humides permettrait d’être un levier, parmi d’autres, pour répondre à ces différents enjeux régionaux » que sont l’amélioration de la qualité de l’eau, le maintien du débit des cours d’eau, la préservation de la biodiversité, notamment ».

Des projets de restauration qui "compensent" d'autres dégradations

Malheureusement, il existe relativement peu de projets de restauration de zones humides en Bretagne, et une grande majorité est réalisée dans le cadre d’une compensation écologique. En d’autres mots, la restauration des zones humides est surtout réalisée en contrepartie d’un projet aux impacts écologiques négatifs.

La restauration en zone humide vient, en grande majorité, répondre à une destruction ailleurs sur le territoire.

S’il est encore difficile d’avoir un inventaire exhaustif des opérations de restauration de zones humides, le suivi des aménagements et usages qui altèrent les zones humides l’est encore plus. Le bilan restauration / dégradation est vraisemblablement encore très négatif.

Les différents freins à la restauration identifiés par le FMA sont la difficulté à intervenir sur des surfaces agricoles (alors que c’est l’altération principale), une sectorisation trop importante des politiques publiques qui brouille la cohérence des projets, un contexte réglementaire changeant, un déficit en données et outils homogènes, et un manque de retours d’expériences locales. 

La meilleure restauration est celle que l’on n’a pas à faire : il faut vraiment mettre l’accent sur la préservation des zones humides.

 

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photo Timothee
Timothée Besse
Chef de projet Eau
Pôle nature & paysages
02 99 35 96 97