L'essentiel sur le patrimoine naturel en jeu en Bretagne

Par François Siorat (OEB)
Mise à jour : 02 novembre 2023
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patrimoine naturel
Organismes associés

Quelques traits spécifiques du patrimoine naturel, vivant et géologique, de la Bretagne.

Une Bretagne péninsulaire

Entourée de trois cotés par la mer, la Bretagne fait figure de péninsule étirée selon l'axe Est - Ouest. Structurant les grandes lignes des spécificités écologiques de la région, cet axe induit diverses caractéristiques : 

  • 30% du linéaire côtier de l'hexagone et 47% de la façade Manche Atlantique,
  • un climat sous forte influence maritime doux et humide, 
  • des masses d'eaux marines aux caractéristiques tranchées entre Manche et Atlantique Sud,
  • un cortège unique d'îles et d'archipels avec 70% des entités insulaires de l'hexagone.

Cette péninsule est marquée par des forces motrices impactant les changements du patrimoine naturel :

  • 70% de la superficie de la Bretagne est dédiée à l'agriculture,
  • une occupation du sol parmi les plus mosaïquées de l'Hexagone,
  • une augmentation démographie de +0,5% par an, supérieure à la moyenne nationale (entre 2014 et 2020, source INSEE),
  • 2 fois plus d'habitants au m² sur le littoral qu'à l'intérieur des terres.
Les espèces bretonnes

Quelques uns des traits marquant de la faune et flore bretonne.

Par rapport à la faune et flore de l'Hexagone :

  • 60% des vertébrés,
  • 30% de la flore vasculaire,
  • 40% des effectifs nicheurs marins,
  • 40% des effectifs hivernants de limicoles,
  • 50% de la population de phoque gris,
  • quasi toute la population des grands dauphins résidents,
  • la seule région de France qui présente un véritable réseau de rivières à saumon atlantique.

Quelques espèces (quasi) endémiques de Bretagne :

  • le narcisse des Glénan Narcissus triandus subsp. capax, sous espèce endémique des îles Glénan,
  • le panicaut vivipare Eryngium viviparum, endémique ibérique et bretonne (avec une seule station),
  • Enterographa brezhonega, lichen endémique de Bretagne et d’une forêt anglaise,
  • l’escargot de Quimper Elona quimperiana endémique de Bretagne et de Galice (Espagne).

Des espèces extrêmement rares en métropole trouvent refuge en Bretagne. C’est par exemple le cas du coléanthe subtile Coleanthus subtilis, graminée annuelle des berges exondées, qui ne subsiste plus en France que dans 20 plans d’eau en Bretagne et 1 en Loire-Atlantique.

La Bretagne constitue une limite biogéographique pour plusieurs espèces. Par exemple :

  • méridionale pour l’ormeau et le macareux moine,
  • septentrionale pour le pouce-pied et la couleuvre vipérine,
  • occidentale pour la couleuvre d’Esculape et le loriot d’Europe.
Une forte responsabilité écologique de la Bretagne

Sur la base d’évaluations écologiques ou biogéographiques, divers éléments du patrimoine naturel de Bretagne répondent à l’une des définitions suivantes :

  • ils différencient sur un plan écologique la Bretagne des autres régions de l'Hexagone,
  • ils représentent plus de la moitié des occurrences nationales,
  • la Bretagne a une responsabilité écologique majeure au niveau national pour leur préservation.

Ainsi, des espèces, des habitats ou des écosystèmes de Bretagne se distinguent particulièrement à l'échelle nationale ou internationale par leur intérêt en matière de conservation.

Des Habitats et habitats d’espèces :

  • les écosystèmes des zones à galets et des falaises siliceuses du littoral,
  • les landes littorales à bruyère vagabonde,
  • les systèmes blocs et de chaos rocheux intérieurs à végétation chasmophytique hyper-atlantique,
  • les forêts acides atlantiques à If et à Houx,
  • les 26 colonies majeures d'oiseaux marins reproducteurs,
  • les 2 sites majeurs de reproduction pour le phoque gris,
  • les 4 sites et 2 ensembles géologiques d’intérêt international,
  • les écosystèmes sous-marins à maërl et à zostères,
  • les écosystèmes sous-marins rocheux à champs de laminaires et circalittoral,
  • les écosystèmes d'estran à champs de blocs et à récifs d’hermelle,
  • les écosystèmes terrestres micro-insulaires des îles Houat, Hoëdic, Glénan, archipels de Molène, des Sept-Iles.

Des sites à espèces :

  • les zones hébergeant de manière significative au moins une des espèces concernées par la définition des enjeux au moins régionaux (évaluation à l'échelle communale des "hotspots" de biodiversité).

De grands ensembles naturels :

  • la baie du Mont Saint-Michel pour ses écosystèmes d’estran,
  • le golfe du Morbihan pour ses écosystèmes de mer intérieure et d’estran,
  • Belle Ile pour l’ensemble de son patrimoine naturel marin et terrestre remarquables,
  • l’écosystème dunaire Gâvre-Erdeven-Quiberon,
  • la rade de Brest pour ses écosystèmes sous-marins,
  • les monts d’Arrée pour leurs écosystèmes de landes, tourbières et les forêts du Cranou et de Beffou,
  • le Trégor Goëlo pour l’ensemble de son patrimoine naturel marin et terrestre remarquables.

Un réseau régional :

  • le chevelu dense du réseau hydrographique de la Bretagne avec sa multitude de bassins versants indépendants.
Une Bretagne peu forestière mais des milieux boisés d'importance

La Bretagne est une des régions les moins boisés de l'Hexagone : moins de 15 % de la superficie de la Bretagne est couverte de milieux boisés.

Ces espaces sont très fragmentés : très peu de massifs de plus de 10 000 ha, hormis celui de Paimpont - Coëtquidan, et ceux d’au moins 1 000 ha représentent seulement 20 % des surfaces boisées contre plus de 80 % au niveau national.

Cependant, certaines caractéristiques sont favorables à la biodiversité :

  • un quart des milieux boisés ont une longue histoire remontant au moins au 19° siècle,
  • un septième des milieux boisés est mature, ce qui signifie des arbres âgés ou du bois mort,
  • deux-tiers des peuplements ont au moins trois essences forestières indigènes.
Grande diversité et forte richesse de la biodiversité des sols

Les organismes vivants qui habitent les sols participent à leur entretien et au bon fonctionnement des écosystèmes associés. L’état écologique des sols conditionne la qualité des services rendus par ceux-ci, notamment pour l’agriculture.

En Bretagne, il a été mis en évidence une abondance surprenante en vers de terre : plus du tiers des stations échantillonnées ont une abondance supérieure à la moyenne nationale (300 à 600 individus par m² en Bretagne contre 264 dans l'Hexagone).

Il en est de même du nombre d'espèces : 44 % des stations échantillonnées dépassent 8 espèces présentes (6 en moyenne dans l'Hexagone).

Des milieux littoraux et iliens d'exception

Des sites littoraux d'envergure internationale pour les oiseaux côtiers hivernants.

Au moins 3 sites littoraux sont tous les ans d’importance internationale pour au moins une espèce de limicoles et anatidés hivernants : ils accueillent plus de 1 % de leur population hivernante européenne. Certains sites, comme la Baie du Mont Saint-Michel, accueillent plusieurs espèces de cet ordre. 18 % des oiseaux côtiers hivernants sont menacés de disparition.

Les iles bretonnes : une terre d'accueil pour les oiseaux marins.

Les falaises, îles et îlots accueillent 61 % de la population métropolitaine nicheuse de 17 espèces d’oiseaux marins sur les 21 métropolitaines. 65 % des 17 espèces d’oiseaux marins nichant en Bretagne sont menacées de disparition.

L'importance du patrimoine géologique

L’inventaire national du patrimoine géologique (INPG) est représentatif de la diversité géologique bretonne (les objets géologiques, les phénomènes géologiques, les périodes, l’histoire géologique, etc.). S’il ne retient pas tous les sites d’intérêt géologique de la région qui sont innombrables, il présente la quasi-totalité des sites remarquables reconnus.

14 % des sites géologiques de l’IRPG (28 sur 199 sites) sont rares à l’échelle internationale ou nationale. D’un point de vue plus global, le patrimoine géologique du massif armoricain est d’importance internationale, notamment pour la période paléozoïque (ère primaire).

Retrouvez tous ces éléments dans diverses publications de synthèse par l'OEB.

photo Franciois-Siorat
François Siorat
Chef du pôle Nature et Paysages | Chef de projet Patrimoine naturel
Pôle nature & paysages
02 99 35 45 84