La qualité biologique des cours d'eau bretons

Par Timothée Besse, OEB
en collaboration avec Yves-Marie Heno, Office Français de la Biodiversité Clément Roger, DREAL Bretagne Damien Gabion, Agence de l'eau Loire-Bretagne
Mise à jour : 25 février 2025
Temps de lecture : 4 minute(s)
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eau
patrimoine naturel
Organismes associés
Les données sur l'eau en Bretagne

Alors que les paramètres physico-chimiques rendent compte directement d’un type de perturbation sur les milieux aquatiques, les organismes biologiques intègrent l’ensemble des perturbations. Ils jouent par conséquent un rôle de « sentinelle » mais ne permettent pas à eux seuls d’identifier l’origine d’une perturbation. 

État biologique des stations évaluées
État biologique des stations évaluées

Chaque groupe de bioindicateur est sensible à des types et des échelles spatio-temporelles de perturbations différentes, ils sont ainsi complémentaires pour le suivi de la qualité des milieux aquatiques.

Les principaux paramètres de qualité biologiques déclassant l’état écologique sont les résultats des comptages et diagnoses d’espèces « poissons » et « diatomées ». Les secteurs en amont du bassin ou sur la partie ouest de la Bretagne sont les plus préservés. Ils correspondent à des secteurs moins soumis aux pollutions ou aux altérations morphologiques et pour lesquels les conditions de débit sont plus favorables.

Flore aquatique

Mobiles et ayant un cycle de vie court, les microalgues témoignent des pollutions sur une échelle spatio-temporelle étroite (quelques mois, à l’échelle d’une station de suivi). La flore macroscopique est particulièrement sensible à l’eutrophisation, la turbidité et l’écoulement de l’eau, à une plus large échelle.

État des stations évaluées pour l’indice « diatomées » (IBD)
État des stations évaluées pour l’indice « diatomées » (IBD)

Les diatomées sont surtout sensibles aux altérations de la qualité de l’eau par la matière organique, les éléments nutritifs (azote et phosphore), la minéralisation et le pH. En revanche, elles sont peu sensibles aux modifications d’habitats.

État des stations évaluées pour l’indice « macrophytes » (IBMR)
État des stations évaluées pour l’indice « macrophytes » (IBMR)

La sensibilité des macrophytes à la pollution varie selon les espèces, ce qui rend leur étude intéressante pour évaluer la qualité de l’eau et des sédiments. Les macrophytes sont notamment de bons marqueurs de la quantité de nutriments et de certaines caractéristiques morphologiques du milieu (substrats, vitesses d’écoulement, éclairement, etc.).

Macroinvertébrés aquatiques

Les macroinvertébrés représentent un spectre biologique large avec de nombreuses espèces spécialisées, présentant des traits biologiques différents. Ils témoignent de la qualité de l’eau sur une échelle spatio-temporelle moyenne (à l’échelle de segments de cours d’eau).

Les macroinvertébrés aquatiques sont relativement sédentaires et souvent inféodés à certains types de substrats (pierres, débris végétaux, bois, etc.). Leur cycle de vie court permet une forte réactivité de l’indicateur aux perturbations ponctuelles. Ils sont présents dans tous les systèmes aquatiques et sont facilement échantillonnables mais nécessitent les compétences de spécialistes pour leur détermination.

L'indice invertébré multimétrique (I2M2)

Utilisé en remplacement de l’indice IBGN, l’indice I2M2 est plus sensible à la dégradation de la qualité de l’eau et aux altérations morphologiques. Il est notamment sensible à la qualité physicochimique pour les paramètres de pollution classique à dominante organique. Lorsque la qualité de l’eau n’est pas limitante, la métrique de richesse faunistique traduit la diversité et la richesse des habitats aquatiques.

L’outil diagnostic de l’I2M2 permet d’avoir une évaluation des probabilités de pressions sur une station de mesure. En 2020, plus de 80 % des stations présentent un peuplement benthique indiquant une pression significative liée à l’anthropisation des bassins versants et une pression agricole qui accentue le colmatage des cours d’eau. Elle est associée aux pressions liées à la présence de pesticides, la dégradation de qualité de la ripisylve et les concentrations en nitrates.

État des stations évaluées vis-à-vis des invertébrés aquatiques
État des stations évaluées vis-à-vis des invertébrés aquatiques

Probabilité des pressions sur l’altération du peuplement benthique

Peuplements de poissons

Les peuplements piscicoles sont présents dans la plupart des systèmes aquatiques, à des niveaux trophiques intégrateurs de l’ensemble des perturbations qui s’exercent sur le système et à une échelle spatio-temporelle large, liée à leur cycle de vie et leurs traits biologiques.

L’Indice Poissons Rivières (IPR) évalue la qualité du peuplement piscicole en composition, en espèce et en structure. 48 % des 165 sites de suivi sur les bassins versants bretons sont en « bon état » DCE en 2020, avec une tendance stable (51 % en 2007). Cependant, la part de stations en mauvais état (12 % en 2020) a doublé sur la même période. Le réseau des points de suivi montre un fort contraste entre l’est et l’ouest de la région vis-à-vis de la qualité des peuplements. 

Évolution de la qualité des cours d’eau pour l’IPR
Évolution de la qualité des cours d’eau bretons pour l’IPR

Explorez les données sur la qualité biologique des eaux de surface en Bretagne en consultant le tableau de bord : Indices biologiques : analyse de l'évolution de la qualité des cours d'eau bretons depuis 2007

photo Timothee
Timothée Besse
Chef de projet Eau
Pôle nature & paysages
02 99 35 96 97