
- Plateforme Océan et Climat. 2019. « Océan et Changement climatique : les nouveaux défis. Focus sur 5 grands thèmes du Rapport Spécial « Océan et Cryosphère »
- Simon, Amélie, Coline Poppeschi, Sandra Plecha, Guillaume Charria, et Ana Russo. 2023. « Coastal and Regional Marine Heatwaves and Cold Spells in the Northeastern Atlantic ». Ocean Science 19 (5): 1339 55.
- Bettignies, Thibaut de, Marie La Rivière, et Myriam Valero. 2019. « Les forêts de Laminaires menacées ». In , 158. Delachaux & Niestlé ; Muséum.

Le réchauffement des eaux de surface et leur acidification affectent tout le littoral breton. Cette acidification est particulièrement marquée en milieu côtier. De telles modifications des écosystèmes marins ont de fortes conséquences sur la biodiversité marine et l’économie liée aux produits de la mer.
Acidification : un pH qui diminue fortement à Brest
L’acidification des océans, tout comme l’augmentation de la température planétaire, sont liés à l’augmentation du CO2 dans l’atmosphère. Une partie de ce CO2 est absorbée par les océans. La molécule s’y retrouve sous une forme dissoute, ce qui entraîne une diminution du pH.
D’après les mesures fournies par le SOMLIT (Service national d’observation en milieu littoral du CNRS), le pH a fortement diminué sur ses cinq stations situées à Brest, Roscoff et Dinard depuis une vingtaine d’années. À Brest, depuis 2008, on observe une baisse notable : usuellement au-dessus de 8,1, le pH de l’eau de mer dépasse rarement 8 à l’heure actuelle. Cette diminution est plus importante que celle observée mondialement. Des travaux scientifiques sont en cours pour comprendre les raisons de cette baisse.
Le GIEC prévoit une poursuite du phénomène d’acidification au niveau mondial au moins jusqu’en 2100.
Les organismes calcaires sont particulièrement vulnérables. Citons, en Bretagne, les espèces exploitées en conchylicultures et les bancs de maërls, habitats clefs pour de nombreuses espèces. La biodiversité marine et l’économie liée aux produits de la mer sont donc fortement exposées.

Une température des eaux de surface qui grimpe
La hausse de la température atmosphérique entraîne, via des échanges de chaleur, un réchauffement des eaux océaniques, principalement en surface. Grâce à leur inertie thermique, ces eaux se réchauffent moins vite que l’air.
En Bretagne les données Somlit montrent une hausse des températures depuis vingt ans à Brest (+0,02°C/an) et Roscoff (+0,01°C/an), qui est d’autant plus marquée depuis 2010. À Dinard, depuis 2011, la hausse est de +0,04°C/an.
Selon le GIEC, à l’échelle de l’Atlantique nord, la température des océans devrait continuer d’augmenter, allant jusqu’à +1,5°C (par rapport à 1995-2014) pour un réchauffement de +4°C en France.


Des vagues de chaleur marines plus fréquentes et plus intenses
Les vagues de chaleur marines se définissent par une température de l’eau inhabituellement élevée, sur une durée de plusieurs jours consécutifs, et une étendue conséquente pouvant atteindre des milliers de km².
Ce sont des phénomènes ponctuels et extrêmes qui s’expliquent en grande partie par l’augmentation de la température moyenne de surface de l’océan. Les vagues de chaleur marines peuvent exercer de fortes pressions sur la biodiversité marine, et pousser à la migration d’espèces vers des habitats plus favorables, voire entrainer une surmortalité. En Bretagne, les forêts de laminaires, très présentes en mer d’Iroise, y sont particulièrement vulnérables.
Une hausse de l'activité* des vagues de chaleur a été constatée en rade de Brest depuis 2010. Le GIEC prévoit de 4 à 8 fois plus de vagues de chaleur marines dans le monde d'ici 2100, par rapport à 1995-2014.
*L’activité des vagues de chaleur est un indicateur qui croise la température, la durée de l’événement et la surface concernée.
Pas de tendance sur l'oxygène dissous
L’océan côtier est un milieu influencé à la fois par des phénomènes globaux, mais aussi par les bassins versants du continent. L’augmentation de la température de surface de l’océan amène à une diminution de la quantité d’oxygène dissous, à la fois en surface et dans les profondeurs. Les rejets d’azote et de phosphore via les eaux continentales combinés à des conditions météorologiques favorables et à d’autres facteurs tels que la morphologie littorale peuvent amener à un appauvrissement en oxygène. Les zones les plus sensibles à une baisse de l’oxygène dissous sont les zones littorales peu brassées.
En Bretagne, il n’y a pas de tendance précise quant à l’évolution de la quantité d’oxygène sur le littoral. D’après le GIEC, à l’échelle mondiale, la quantité d’oxygène dans les océans va continuer de se réduire de 1,6 à 3,7 % par rapport à 2000. Ces modélisations présentent de fortes variabilités à l’échelle régionale.
Pas de tendance sur la salinité
La salinité des eaux littorales est directement influencée par les précipitations et les débits des cours d’eau, eux-mêmes affectés par le changement climatique.
En Bretagne, les données des stations SOMLIT ne montrent pas de tendances particulières sur les variations de salinité. Une augmentation de salinité constatée à Brest au début des années 2000 a été mise en lien avec la baisse des débits des rivières qui se jettent dans la rade.
D’après le GIEC, les zones où la salinité est élevée et où il y a une forte évaporation tendront à devenir plus salée à l’avenir. A l’inverse, les zones les moins salées avec de fortes précipitations verront leur salinité diminuer.

Des incertitudes sur les intrusions salines
Les intrusions salines sont une intrusion de l’eau de mer dans les nappes d’eau douce. Elles sont amplifiées par les prélèvements d’eau souterraine sur le littoral et par l’élévation du niveau de la mer, sans que l’on puisse actuellement quantifier ces impacts fautes de données sur les prélèvements et de suivi du phénomène d’intrusion saline.