Variations holocènes du niveau marin en Bretagne Occidentale

Mise à jour : 20 janvier 2010
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élévation du niveau de la mer

A ce jour, seules quelques rares études ont abordé la question des variations holocènes du niveau marin en Bretagne occidentale. M-Th. Morzadec-Kerfourn (1974) a proposé une première courbe des variations eustatiques au cours des six derniers millénaires pour le nord du Finistère, en s'appuyant sur l'analyse pollinique de dépôts de tourbes affleurant en bas d'estran sur plusieurs plages du Léon. Plus récemment, Stéphan et al. (2007) et Stéphan (2008) ont repris la question de l'eustatisme en Bretagne occidentale, à l'occasion d'une étude portant sur l'évolution holocène des cordons littoraux de la rade de Brest. L'application d'une fonction de transfert basée sur les foraminifères des marais maritimes a permis de déterminer la position du niveau marin à partir d'une quinzaine d'échantillons de vase marine datés au radiocarbone. Les résultats obtenus dans le Léon par Morzadec-Kerfourn (1974) et en rade de Brest par Stéphan et al. (2007) présentent des différences significatives dans le positionnement du niveau marin qu'il faut probablement attribuer à des effets de tassement des dépôts tourbeux étudiés par les auteurs, dont les effets n'ont pas été corrigés. Cette remarque nous incite à considérer avec prudence les résultats acquis jusqu'à présent sur les variations du niveau marin en Bretagne occidentale. Quatre grandes phases dans les courbes des variations eustatiques peuvent toutefois être identifiées. Ainsi, un stationnement relatif du niveau marin à environ 5 m sous son niveau actuel est enregistré entre 5 500 et 4 800 BP . Cette phase de ralentissement important de la transgression holocène aurait favorisé la mise en place de tourbières au niveau de la ligne de rivage actuelle à la fin de l'Atlantique et au début du Subboréal. Un mouvement transgressif important semble s'opérer entre 4 800 et 3 000 BP, amenant la mer a un niveau proche, quoique légèrement inférieur à l'actuel à la fin du Subboréal. En rade de Brest, cette phase de remontée relativement rapide du niveau marin a vraisemblablement entraîné l'inondation des tourbières littorales ou dulçaquicoles par la mer et leur remplacement par des marais maritimes protégés de l'agitation des vagues par la présence de cordons littoraux. Ces cordons auraient progressivement reculé jusqu'à une position assez voisine de l'actuelle vers 3 000 BP. Ensuite, une petite régression marine se serait traduite par une baisse du niveau marin relatif de 2 à 3 m entre 3 000 et 2 700 BP, entraînant l'abandon temporaire des systèmes littoraux (marais maritimes/cordons littoraux) par la mer. Dans le Léon, cette régression aurait favorisé l'exondation de vastes surfaces sableuses sur lesquelles la déflation éolienne aurait favorisé la construction des grands massifs dunaires de la région (Guilcher et Hallégouët, 1991). Il convient toutefois de préciser que cet épisode régressif datant de la fin de l'âge du Bronze pose question dans la mesure où il n'est enregistré par aucune courbe construite sur les différentes façades maritimes françaises (Lambeck, 1997, Vella et Provansal, 2000), ni même sur les côtes de Belgique (Denys et Beateman, 1995) ou du sud de l'Angleterre (Long et al., 1999). Cette baisse du niveau marin, ne reposant que sur deux points, pourrait simplement être attribuée à un manque de précision des données (mauvaises datations, erreur de positionnement altitudinal). De toute évidence, il apparaît nécessaire de multiplier les études de cas afin de proposer une courbe beaucoup plus fiable des variations eustatiques holocènes dans le nord-ouest de la Bretagne.

Notice détaillée

Variations holocènes du niveau marin en Bretagne Occidentale
Type de document
Livre / Chapitre de livre
Auteurs personnes
Fichaut Bernard
Suanez Serge
STÉPHAN Pierre
Éditeur
HAL CCSD
Date de parution
20 janvier 2010