Dernière mise à jour le : 24 novembre 2020

Un plan régional 2020-2032 pour réduire les déchets en Bretagne

Le plan de prévention et de gestion des déchets (PRPGD) en Bretagne trace le chemin que la région va suivre jusqu’en 2032 pour réduire sa production de déchets. François-Xavier de Blignières, responsable du service « économie des ressources » de la Région Bretagne, brosse les enjeux du plan breton et de son déroulement.

À quoi sert un plan régional de prévention et de gestion des déchets ?

Un plan régional de prévention et de gestion des déchets (ou PRPGD) organise la collecte et le traitement de tous les déchets produits en Bretagne, qu’ils soient dangereux ou non. Il concerne donc les ménages tout comme les divers secteurs d’activités économiques de la région. La gestion des déchets s’entend au sens large puisqu’elle intègre la prévention, le réemploi, la valorisation des déchets (sous forme de matière ou d’énergie) et leur élimination (par enfouissement ou par incinération).

Il est constitué de deux documents :

  • Un état des lieux de l’origine, la nature, la composition et les modalités de transport des déchets en Bretagne basé sur les données de l’année 2016, avec 18 objectifs régionaux à atteindre avant 2025 ;
  • Un plan d’actions qui porte sur les mesures à prendre sur la durée du plan en matière de prévention, de gestion et de traitement des déchets pour d'atteindre les objectifs.

Le plan régional de prévention et de gestion des déchets de la Bretagne doit permettre une planification à 6 (2025) et 12 ans (2030).

Il couvre l’ensemble du territoire breton, à l’exclusion des communes morbihannaises de Férel, Camoël et Pénestin, dépendant de la Communauté d’agglomération de la presqu’île de Guérande Atlantique (CAP Atlantique). Il intègre en revanche 8 communes de la région Pays de la Loire situées sur le territoire de Redon Agglomération.

 

Accédez aux données

Découvrez une version interactive de l'état des lieux du plan régional de prévention et de gestion des déchets en Bretagne. Les cartes et graphiques sont les mêmes que dans la version papier du plan mais des filtres et des infobulles permettent d'avoir des informations supplémentaires et de suivre l'évolution des données dans le temps.

 

Quelles sont les caractéristiques du plan breton ?

Le plan breton repose sur deux trajectoires fortes : réduire à zéro l’enfouissement des déchets en 2030, et valoriser l’ensemble des déchets bretons en 2040. Environ 700 000 tonnes de déchets partent en enfouissement chaque année dont 50 % sont envoyés en Pays de la Loire et en Normandie. En 2030, il n’y aura pratiquement plus aucune capacité d’enfouissement disponible en Bretagne.

 

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Sites d'enfouissement des déchets non dangereux non inertes en 2016 en Bretagne

 

Au-delà des aspects réglementaires, nous sommes confrontés à une contrainte technique : il est très compliqué – voire quasiment impossible - d’ouvrir un nouveau centre de stockage des déchets, car il faut un terrain géologiquement adapté, une superficie importante et une acceptation des communes alentours. D'autres solutions doivent être envisagées. Pour éviter le mur, nous voulons mettre les bouchées doubles sur la valorisation des déchets. Le peu de volume d’enfouissement dont nous disposerons devra être gardé pour les déchets dangereux dont on ne sait vraiment pas quoi faire, comme l’amiante.

Comment atteindre ces objectifs ?

Il nous faut favoriser l'économie circulaire, principe fondamentale sur lequel repose le PRPGD de la Bretagne. Pour atteindre le « zéro enfouissement des déchets », la prévention et la gestion des déchets doivent être optimisées à tous niveaux dans une stratégie globale de bonne gestion des ressources. Nous devons faire en sorte que le système industriel ne génère pas de déchets dont on ne sait pas quoi faire. Il s’agit d’intégrer en amont les procédés de fabrication et de production favorables à l’économie circulaire (favoriser l’écoconception, diminuer les emballages, intégrer des matières recyclables dans les produits, réemployer plutôt que jeter etc.)

Tout producteur ou détenteur de déchets doit notamment respecter une hiérarchie des modes de traitement définie au 2° de l'article L. 541-1 du Code de l’environnement. Celle-ci consiste à privilégier, dans l’ordre :

  1. le réemploi et la réutilisation ;
  2. le recyclage ;
  3. toute autre valorisation, notamment la valorisation énergétique ;
  4. l'élimination en dernier recours.

La Région Bretagne s’engage ainsi à « montrer l’exemple » en intégrant dans ses commandes publiques le recours à des matériaux recyclés et des produits réemployés, par exemple pour la construction de lycées.

 

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Une carte interactive des acteurs du réemploi et de l'économie sociale et solidaire en Bretagne

Un gros effort est à mener sur la prévention des déchets. C’est un ensemble de mesures visant à inciter les ménages et entreprises à diminuer leur quantité de déchets (notamment en faisant du réemploi), mais aussi à réduire la nocivité des déchets dès la conception des produits. La prévention forme un volet spécifique du plan. C’est un travail de longue haleine qui vise un changement de comportement de la population.

En Bretagne, différentes actions de prévention  ont été mises en place par l’Ademe et la Région Bretagne pour encourager les collectivités à s’engager dans une politique d’économie circulaire et de gestion raisonnée des ressources sur leur territoire.

 

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Une carte interactive des actions de prévention des déchets en Bretagne

 

Dans une économie circulaire, la valorisation des déchets est considérée comme une solution préférable à leur élimination. La valorisation est un ensemble de procédés par lesquels un déchet matériel est transformé en un autre produit, matériel ou énergétique. Certains types de déchets pourraient déjà être 100 % valorisés, par exemple les biodéchets qui constituent la part la plus importante des ordures ménagères résiduelles des ménages bretons. Ces déchets dits « fermentescibles » peuvent aisément servir de compost. La mise à disposition de moyens de tri à la source (collecte séparée et/ou compostage individuel ou partagé) pour tous les bretons fait notamment partie des objectifs du plan.

Ce travail de prévention et d’encouragement au « geste de tri » est également valable pour les entreprises. Depuis 2016, la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte oblige les producteurs et détenteurs de déchets (entreprises, commerces, administrations etc.) à trier cinq types de déchets à la source (papier/carton, métal, plastique, verre, bois) afin de valoriser ces matières. Ce « tri 5 flux » n’est cependant pas toujours respecté. Environ 25 % des déchets issus des commerces et industries ne sont pas triés en Bretagne. De la même manière, les encombrants en déchèteries devront être mieux triés pour pouvoir être valorisés.

 

Mieux comprendre

Pour en savoir plus sur l'économie circulaire : le dossier web et la brochure « L'économie circulaire en 10 questions » de l'Ademe.

Pour en savoir plus sur le tri 5 flux : le guide de l'Ademe « Obligation tri 5 flux ».

 

Enfin, le plan vise une optimisation et mutualisation des outils de traitement. Aujourd’hui, il peut être compliqué de trouver des exutoires en cas d’arrêt technique des centres de traitement ou de dépassement du tonnage maximal. Le plan offre un cadre pour mettre en commun les données de chaque installation de traitement et avoir une visibilité en temps quasi-réel de leurs chiffres. Une vraie dynamique s’est ainsi engagée entre les collectivités pour trouver des complémentarités et partager les installations existantes pour améliorer la prise en charge des déchets bretons.

 

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Localisation et types d'installations de traitement en 2018 en Bretagne

 

Quelle est la situation actuelle de la Bretagne vis-à-vis de la réglementation sur les déchets ?

 

Quels sont les particularités des déchets en Bretagne ?

Les déchets issus des activités maritimes sont nombreux en Bretagne (plaisance, conchyliculture, pêche etc.) Des actions sont mises en place pour réduire ces déchets. Elles ont permis la « purge » des fonds de garage et de capitaineries. Ce stock ancien de déchets étant maintenant résorbé, l’idée est de partir sur un nouveau système « un pour un » : dans le cadre de l'achat d'un produit neuf, les magasins d'accastillage doivent récupérer en échange un produit périmé et le prendre en charge.

Deux campagnes menées par l’éco-organisme [1]  APER Pyro avec l’aide de la Région Bretagne ont notamment permis la récupération de 34 tonnes de fusées de détresse périmées auprès des plaisanciers (en 2017 et 2019).

[1] Un éco-organisme est une structure à but non lucratif à laquelle les producteurs concernés par les obligations de la REP (Responsabilité Elargie des Producteurs) transfèrent leurs obligations de collecte moyennant le paiement d’une contribution financière. La REP oblige les fabricants et distributeurs de certains produits à prendre en charge, notamment financièrement, la gestion des déchets issus de ces produits.

 

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Crédit photo : Adobe Stock  |  Fusées de détresse pour canot de sauvetage en difficulté

 

L’éco-organisme APER (Association pour la plaisance éco-responsable) finance quant à lui la déconstruction des bateaux de plaisance, l’objectif étant d’éviter les épaves dans les ports, sur les berges et les terrains vagues. Les clubs nautiques sont encouragés à se débarrasser de leurs vieux bateaux qui regagneront alors des plateformes de déconstruction.

 

Enfin, les végétaux représentent une particularité importante du Grand Ouest. Pratiquement la moitié de la surface des déchèteries est mobilisée par des végétaux entre avril et septembre. Cette forte production est liée à de nombreuses habitations avec des haies et pelouses, un climat favorable à la pousse des plantes et un parc de déchèterie très dense qui permet aux particuliers de jeter leurs végétaux. Ce stock de déchets représente un coût important de traitement et de valorisation. Le plan envisage de réduire les quantités de végétaux de 20 % en 2030 par rapport à 2016.

En Bretagne, la production de végétaux par habitant est deux fois supérieure à la moyenne française !

 

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Crédit photo : Arnaud Bouissou / Terra  |  Apport volontaire de déchets verts à la 
déchetterie, 2015.

Quels organismes participent au plan breton ?

La Région Bretagne, l’État et l’Ademe Bretagne pilotent le plan. Mais son élaboration repose sur les contributions des collectivités, d’opérateurs, de fédérations et de syndicats professionnels ou encore d’associations. Le plan s’applique aux collectivités territoriales et entreprises collectant ou traitant des déchets, ainsi qu’aux organismes de l’économie sociale et solidaire ayant une activité liée aux déchets et implantées en Bretagne (communautés Emmaüs, recycleries, ressourceries, etc.).

 

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La datavisualisation des organisations territoriales des acteurs des déchets en Bretagne

 

Qui contacter ?

Christophe Boué

Chef de projet du pôle déchets de l'OEB

  christophe.boue [at] bretagne-environnement.fr

  02 99 35 45 87

Auteurs : Morgane Guillet (OEB)
Collaborateurs : François-Xavier de Blignières (Région Bretagne)
Organisme Associé
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