Dernière mise à jour le : 16 décembre 2022

La majorité des cours d’eau en Bretagne sont au moins en bon état vis-à-vis de l’eutrophisation

Par leurs rejets, les activités humaines perturbent le recyclage naturel d’éléments chimiques comme l’azote ou le phosphore, dégradant localement la qualité de l’eau et la rendant impropre à certains usages. Cette saturation en azote et phosphore, qui sont des éléments nutritifs pour les végétaux, provoque l'eutrophisation des milieux aquatiques.

Encore trop de nitrates et de phosphore

Au-delà des dégradations physiques et hydrologiques que l'on peut observer dans les rivières en Bretagne, certains milieux aquatiques sont saturés d’azote et de phosphore. Tous deux sont des éléments nutritifs pour les végétaux et sont issus de l’agriculture, des rejets domestiques et industriels. Bien qu’en baisse depuis les années 2000, les moyennes régionales des concentrations en nitrates et en phosphore restent à des niveaux importants, indiquant une dégradation d'origine humaine.

 

Une eutrophisation plus présente dans l'Est

L’eutrophisation est évaluée via la concentration moyenne (Q90) en chlorophylle a et phéopigments (un pigment chlorophyllien dégradé). Entre 1995 et 2020, elle a diminué de 63 % pour atteindre 27,8µg/l (mais avait déjà atteint son niveau le plus bas en 2000, avec 17µg/l). 87% des stations suivies sont en bon ou très bon état, tandis que 6 % des stations évaluées ont une teneur supérieure à 60 µg/l (état moyen).

Pour les eaux douces, ces situations de surabondance de nutriments s’observent plus fréquemment dans l’Est de la Bretagne, secteur associé à une pluviométrie plus faible, des écoulements plus lents et des températures plus élevées qu’à l’Ouest.

 

eutrophisation cours eau bretagne 2022

Des milieux aquatiques « trop nourris »

Quand l’azote et le phosphore saturent les écosystèmes aquatiques (phénomène qu’on appelle l’eutrophisation) et lorsque les conditions sont favorables, des algues se multiplient voire prolifèrent. Ces proliférations causent des déséquilibres écologiques et peuvent s’accompagner de risques sanitaires. Elles ont lieu entre le printemps et l’automne et dépendent des conditions météorologiques. Elles s’observent dans de grandes surfaces d’eau calme, transparente et confinée, bien éclairée et chaude.

Les rivières bretonnes sont par nature peu sensibles au développement excessif de phytoplancton (rivières courtes et pentues) mais les aménagements tels que seuils et barrages créent localement des conditions propices à l’eutrophisation. Ces situations se rencontrent plus fréquemment dans l’est de la Bretagne associées avec une pluviométrie plus faible et des températures plus élevées qu’à l’ouest.

 

Les eaux littorales aussi

L'eutrophisation de l'eau se manifeste sous plusieurs formes en Bretagne depuis les années 1970 : d'une part, des proliférations de cyanobactéries dans les eaux douces, d'autre part, des marées vertes et des proliférations de phytoplancton toxique sur le littoral. Chacun de ces phénomènes fait aujourd'hui l'objet d'une surveillance renforcée à la belle saison quand l'activité algale est la plus intense. 

Les efflorescences de phytoplancton comptent près de 5 000 espèces d'algues microscopiques, dont 40 espèces toxiques (3 types particulièrement présents en Bretagne : Dinophysis, Alexandium, Pseudo Nitzschia). Ces proliférations créent des épisodes de phytotoxicité dans les coquillages, principalement sur les moules, donax, coquilles Saint-Jacques et coques.

 

Accéder aux données

Datavisualisation sur l'évolution depuis 1995 des mesures d'eutrophisation réalisées dans les cours d'eau en Bretagne. Une analyse est proposée aux différentes échelles administratives et géographiques, sur l'historique des données disponibles.

Jeu de données sur les concentrations en chlorophylle a et phéopigments sur l'ensemble des sites bretons concernés par un suivi eutrophisation.

Auteurs : Emmanuèle Savelli et Adeline Louvigny (OEB)
Collaborateurs : Michèle Vallet et Olivier Nauleau (Dreal Bretagne), Fabrice Craipeau, Olivier Brunner et Olivier Coulon (AELB), Élodie Bardon (OEB)
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