Enregistrement morpho-sédimentaires des conditions météo-océaniques en mer d'Iroise. Le cas de la plage fuyante de l'île de Trielen (archipel de Molène, Finistère)

Depuis 2002, l'île de Trielen située dans l'archipel de Molène et partie intégrante de la Réserve Naturelle d'Iroise, fait l'objet d'un suivi morpho-sédimentaire à la demande du gestionnaire, la SEPNB – Bretagne Vivante. Ce travail, financé par la DIREN Bretagne, est basé sur des levés topographiques réalisés à l'aide d'un DGPS centimétrique. L'objectif est (i) de quantifier l'évolution à long terme des formes d'accumulations constituées de deux petites plages de poche situées au sud de l'île et d'un vaste cordon de galets septentrional formant une plage fuyante étirée d'ouest en est (figure 1) ; (ii) d'analyser le rôle des variations météo-marines interannuelles en mettant l'accent sur les conditions de houles et les courants de marée. Dans le cadre de cette présentation, l'accent est mis sur le cordon nord. Les résultats obtenus sur ces cinq années d'observations (2002-2007) montrent que le bilan sédimentaire est relativement stable : +360 m3 (cette valeur rapportée à la surface 28500 m2 relève vraisemblablement des marges d'erreur inhérente à la mesure). Il semblerait donc qu'aujourd'hui, les formations littorales de l'île ne soient plus alimentées faute de matériel disponible. Leur évolution se ferait donc à partir de l'unique stock en présence dont la mobilisation serait conditionnée par l'action des forçages météo-marins. La résultante des mouvements sédimentaires montre que durant la période 2002-2005, le stock de galet s'est déplacé vers l'ouest (en sens inverse des houles dominantes), à partir de prélèvements effectués sur la face arrière du cordon. Depuis 2006, cette dynamique s'est inversée, les déplacements se sont fait vers l'est suivant le sens des houles dominantes d'ouest. La modélisation de la circulation hydrodynamique dans l'archipel de Molène inciterait à penser que l'action des courants de marée joue un rôle prépondérant dans le déplacement sédimentaire lorsque les conditions énergétiques de la houle sont faibles. Ainsi, pour les hivers de 2002 à 2005 caractérisés par de grosses tempêtes, on suppose que les courants de marée résiduels orientés nord-est sud-ouest ont favorisé les transferts de galets vers l'ouest (2320 m3 entre 2004 et 2005). A l'inverse, durant les hivers 2006 et 2007 marqués par des fortes tempêtes d'ouest, l'action de la houle a pris le dessus sur les courants de marée et a entraîné des déplacements vers l'est pouvant atteindre 3900 m3. Le mouillage de courantomètres au niveau de la partir distale du cordon est envisagé et permettrait de confirmer cette hypothèse.