Quelle est l’élévation du niveau de la mer en Bretagne et quelles sont ses conséquences ?

Par Morgane Guillet (OEB)
en collaboration avec Nicolas Pouvreau (Shom) Franck Baraer (Météo-France) Iwan Le Berre (UBO)
Mise à jour : 14 décembre 2023
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mer et littoral
changement climatique
risques
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Photo La ville de Saint-Malo à marée haute

La conséquence principale du changement climatique est l’augmentation du niveau des océans. En Bretagne, cette élévation du niveau marin est déjà visible et accentue l’érosion des côtes. Elle entraînera peu à peu une inondation permanente d’une partie des zones les plus basses, obligeant les habitants du bord de mer à s’adapter.

Pourquoi l'eau monte ?

Depuis les années 1850, les températures enregistrées à l’échelle mondiale augmentent. En 2020, le réchauffement s’élevait à environ 1°C au-dessus des niveaux préindustriels. S’il continue d’augmenter au rythme actuel, il est probable qu’il atteigne 1,5 °C entre 2030 et 2052. Ces chiffres paraissent dérisoires mais suffisent à eux seuls à engendrer une montée des eaux. Les marégraphes et les données satellites montrent que sur la période 1900-2017, le niveau de la mer a augmenté de 25 centimètres en moyenne dans le monde. Deux phénomènes en sont à l’origine :

  • La quantité d’eau dans les océans augmente avec la fonte des glaciers et des calottes polaires (Groenland et Antarctique). Ces apports d’eau douce provenant des continents font monter le niveau de la mer.
  • Le volume des océans augmente. Lorsque l’eau chauffe, elle prend plus de place : c’est ce qu'on appelle la dilatation thermique. La contribution de la dilatation thermique à la hausse du niveau marin n’est pas négligeable, elle est de l’ordre de 40 % en moyenne.

L’observation du niveau de la mer en Bretagne

Les variations du niveau de la mer sont mesurées à partir de capteurs que l’on appelle des marégraphes. En France, le SHOM est le référent national de l’observation du niveau de la mer. Il est l’héritier du premier service hydrographique officiel au monde, crée en 1720. Il collecte, contrôle, gère, exploite et archive les données marégraphiques. Ces observations sont en accès libre sous licence ouverte open data sur le portail data.shom.fr. D’autres organismes en Bretagne effectuent des relevés marégraphiques, par exemple le service Vigicrues ou EDF. La Bretagne compte aujourd’hui 12 marégraphes répartis sur son littoral. Les observations de chacun d’entre eux sont accessibles en temps réel sur le site refmar.shom.fr.

Carte du réseau de marégraphes côtiers en Bretagne

30 cm en 300 ans

L’eau monte en Bretagne. En témoigne le marégraphe de Brest, qui enregistre le niveau de la mer depuis 1711 dans le Finistère. Les mesures effectuées au cours des 300 dernières années par le SHOM [1] indiquent une élévation d’environ 30 cm. C’est la plus ancienne série de mesures du niveau marin au monde ! Depuis 1950, cette élévation tend à s’accélérer. Elle était d’environ 0,88 mm/an au début du XVIIe siècle, et atteint aujourd’hui 2,75 mm/an. Ces chiffres suivent les tendances mondiales d’augmentation du niveau de la mer.

[1] Service hydrographique et océanographique de la marine

Graphique évolution du niveau moyen de la mer au port de Brest depuis 1846

De 40 cm à 1,10 m d'ici 2100

Cette élévation millimétrique du niveau de la mer, d’environ 3 mm/an, semble avoir un effet dérisoire sur le littoral. La hauteur des surcotes [2] engendrées lors de tempêtes est bien supérieure : 1,60 m à Brest au passage de l’ouragan du 16 octobre 1987 ou encore 0,78 m à Concarneau lors de la tempête Johanna du 10 mars 2008. Ces événements ponctuels de grande amplitude masquent les effets de l’élévation du niveau de la mer. Il faut cependant noter que la montée du niveau des océans se poursuivra tout au long du siècle, et même au-delà. D’après un rapport rendu en septembre 2019 par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), elle pourrait atteindre 1,10 mètre en 2100 si les émissions de gaz à effet de serre ne diminuent pas. Dans le plus optimiste des scénarios, le niveau augmenterait au minimum de 40 centimètres d’ici 2100.

[2] Élévation temporaire et anormale (non attendue) du niveau de la mer

Graphique augmentation du niveau de la mer par rapport à la période 1986 - 2005

Accéder aux données

Image

Voir la carte des zones basses en Bretagne.

Érosion et submersion

Quelle qu’elle soit, la montée des océans rehaussera les niveaux d’eau des tempêtes dans les décennies à venir. Les niveaux marins extrêmes (grande marée, surcote, houle) atteindront plus fréquemment le rivage, ce qui intensifiera l’érosion des côtes et augmentera la fréquence des submersions marines (inondations temporaires de la zone côtière). Le changement climatique est donc un facteur aggravant de l’érosion du littoral, qui concerne aujourd’hui 6,2 % du linéaire côtier breton. Il est à prendre en compte dans la gestion du littoral et des aménagements côtiers. Une élévation de 60 cm en 2100 est actuellement prise en considération dans les politiques de prévention des risques littoraux, afin de délimiter les zones qui seront susceptibles d’être atteintes plus fréquemment par les submersions marines (circulaire du 27 juillet 2011).

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