Continuité temporelle des milieux boisés en Bretagne
Cet indicateur participe à l'évaluation des modifications de l'occupation du sol et de leurs conséquences spécifiques sur le patrimoine naturel en Bretagne.
que calcule cet indicateur ?
Part de la surface boisée ancienne et issue d’expansion ou régénération naturelle en Bretagne.
Résultat
24,2 % de la surface forestière cumulée des départements des Côtes d’Armor et du Finistère peuvent être considérés comme des forêts anciennes (des forêts étaient présentes aux mêmes endroits durant la première moitié du 19ème siècle) avec 17,6 % qui sont aujourd’hui issus d’expansion ou régénération naturelles et 6,6 % issus de boisements et régénérations artificielles.
Méthode et données
Pour plusieurs thématiques forestières il existe de nombreuses références au niveau national : recherche scientifique (GIP ECOFOR, IRSTEA...), indicateurs de gestion durable des forêts françaises métropolitaines (MAA, IGN), indicateurs de l’observatoire national de la biodiversité (MTES, IGN, ONF...). Pour développer les indicateurs régionaux, le parti a été pris de s’appuyer sur ces références.
Dans le jeu d’indicateurs régionaux pour la Bretagne, la naturalité des milieux boisés est appréhendée à travers 4 critères : la continuité temporelle, la diversité des essences, la maturité, la continuité spatiale.
La continuité temporelle correspond à une présence continue d’un état boisé depuis une date de référence. Il est habituel de considérer pour cette dernière le milieu du 19ème siècle, période à laquelle la forêt française a atteint un minimum en raison d’une forte exploitation, notamment en contexte de plaine (forges, chauffage…), avant de connaître une expansion progressive. Ce pas de temps reste toutefois court au regard de l'écologie des milieux boisés.
L’ancienneté de l’état boisé apparaît influencer positivement la biodiversité (Emberger et al. 2013), néanmoins avec des nuances selon les contextes et les essences (Janssen et al. 2017) :
- la diversité des espèces au sein de plusieurs groupes est plus importante dans les forêts anciennes que dans les forêts récentes (pour des caractéristiques similaires par ailleurs) ; on ne retrouve, dans les forêts récentes, ni les espèces les plus sensibles à la modification du milieu, ni les moins mobiles ;
- les forêts anciennes sont des écosystèmes intéressants pour leur typicité : elles sont constituées d’une biodiversité typiquement inféodée aux forêts, à l’inverse de celle présente dans les forêts récentes qui est un assemblage d’espèces forestières et non forestières ;
- les recherches en cours suggèrent que les forêts anciennes constituent l’habitat privilégié d’un certain nombre d’espèces reliques dont les faibles capacités de dispersion ont réduit la présence à quelques rares enclaves isolées.
En Bretagne, ces constats sont notamment illustrés par les travaux portés entre 2013 et 2016 par le GRETIA sur les invertébrés des forêts bretonnes (Courtial 2017).
La continuité de l’état boisé peut recouvrir des histoires variées dans la gestion des peuplements : certaines surfaces ont pu être concernées par des transformations, changeant profondément les caractéristiques des peuplements. Ainsi, l’indicateur fait entrer en ligne de compte à la fois l’ancienneté de l’état boisé et l’origine du peuplement actuellement en place.
Il y a deux origines possibles pour les peuplements :
- expansion et régénération naturelles (comprenant le recépage de taillis) ;
- boisement et régénération artificiels.
La surface forestière cumulée des départements des Côtes d'Armor et du Finistère représente 48,7% de la surface forestière totale régionale. A la date de calcul de l’indicateur, les données anciennes ne sont pas disponibles pour les deux autres départements.
- Méthode
L’ancienneté de l’état boisé est donnée par le recoupement des surfaces forestières actuelles (points de l’inventaire forestier) avec les forêts numérisées sur les cartes d’état-major (1820-1866) : classes « forêts », « dunes boisées », « forêts pâturées » et « forêts marécageuses ». Cette donnée n’existe, au moment du calcul, que pour 2 départements bretons, les Côtes d’Armor et le Finistère. Elle a toutefois été privilégiée à la donnée recensant les forêts de la carte de Cassini, dont l’échelle est trop éloignée de celle de l’inventaire forestier.
Pour les surfaces forestières actuelles, les données utilisées portent sur la période des campagnes de relevés 2007 à 2016, et sur les forêts de production hors peupleraies.
Cinq campagnes d’inventaire forestier national sont nécessaires à la constitution d’un échantillon suffisant pour fournir des résultats régionaux.
Sources méthodologiques :
Emberger C., Larrieu L. & Gonin P. 2013. Dix facteurs clés pour la diversité des espèces en forêt. Comprendre l’indice de biodiversité potentielle. Document technique. Paris : Institut pour le développement forestier, 56 pages.
Janssen P., Fuhr M. & Bouget C. 2017. L’ancienneté n’est pas un déterminant majeur de la biodiversité dans les massifs forestiers des Préalpes du Nord. Revue Forestière Française numéro 4-5 doi.org/10.4267/2042/67870
C. Courtial (coord.) 2017. Les invertébrés des forêts bretonnes. Amélioration de l’état des connaissances, contribution à une meilleure intégration de la conservation de la biodiversité dans les pratiques des gestionnaires. Contrat Nature. GRETIA, 206 pages.
- Donnée
- Chaine de production
Source des données : cartes Etat-major 1820-1866, inventaire forestier national 2007-2016 - IGN.
Compilation, traitement et calcul : IGN (Ingrid Bonhême).
Rédaction : DREAL Bretagne.
Mise en forme : OEB décembre 2018.
Principal-e contributeur-trice à l’émergence de l’indicateur : Aude Pélichet Dreal Bretagne.